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Dans les premiers siècles de la vie monastiques, les moines et moniales chantaient debout dans le chœur dans des sortes de compartiments individuels séparés par des montants de bois appelés parcloses.
Rapidement, il apparaît nécessaire que les moines puissent se reposer sur un siège en raison de la multiplication des offices et de leur durée. Des sièges mobiles sont alors installés entre les parcloses munies d'une sellette. Une fois le siège relevé, cette sellette, appelée aussi miséricorde, permet au moine fatigué d'y prendre discrètement appui tout en donnant l'apparence d'être debout. C'est vers le XIe siècle que ces sièges amovibles semblent faire leur apparition, remplaçant les simples béquilles utilisées jusque là par ceux qui ne pouvaient pas rester debout très longtemps. Chaque religieux disposait de sa stalle et ne pouvait en changer.
Réparties de chaque côté du chœur, les stalles permettent de disposer de deux groupes de chanteurs, particulièrement utiles pour chanter les Psaumes. Le terme "chœur" d'une église provient d'ailleurs du "chœur" des moines. Les stalles peuvent être installées sur un ou deux niveaux en fonction de l'importance de la communauté. Dans le cas d'un aménagement sur deux niveaux, les "stalles hautes", accessibles par quelques marches à partir du chœur, disposent généralement d'un haut dossier, les "stalles basses" ont un dossier bas qui sert aussi de prie-Dieu aux moines installés dans les stalles hautes.
Si les stalles sont au début purement utilitaires, on leur consacre, avec le temps, une attention toute particulière. Si certaines restent très simples d'autres, grâce aux talents de sculpteurs-menuisiers, se transforment en véritable œuvres d'art avec des ornementations d'une grande richesse. Quand les parcloses et les dossiers conservent des décors "sérieux" ou religieux, il n'est pas rare de voir les miséricordes s'éloigner de l'iconographie spécifiquement chrétienne. À partir de la période gothique se déploient ainsi des personnages fantaisistes, des représentations de la vie quotidienne et des métiers, des bestiaires et des décors végétaux surprenant.
Les curieux ne s'étonneront ainsi pas de trouver un moine tirant sa langue en Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), une scène de bain en église Saint-Gervais-Saint-Protais (Paris), un homme ôtant sa chaussure à Flavigny-sur-Ozerain (Côte-d'Or) ou encore un singe en église Saint-Sulpice de Diest en Belgique. Un monde caché mais qui se révèle volontiers si l'on prend le temps d'observer.