Le pape François a eu des mots forts ce dimanche 12 septembre, lors d’une rencontre avec les représentants du Conseil œcuménique des Églises et quelques communautés Juives de Hongrie, pour mettre en garde contre l'antisémitisme. Il a évoqué "la menace de l’antisémitisme" qui circule encore en Europe et ailleurs. "C’est une mèche qui doit être éteinte", a-t-il considéré. Mais le "meilleur moyen" de la désamorcer, "c’est de travailler ensemble de manière positive, c’est de promouvoir la fraternité".
"Oui, que ce soit nous les Juifs, que ce soit les chrétiens, nous savons bien ce que cela signifie d’être étrangers, nous savons ce que cela signifie d’être persécutés pour notre foi, pour nos convictions, d’être destinés à la mort", a déclaré en préambule Robert Fröhlich, rabbin de Hongrie.
"Je vous vois comme des frères dans la foi d’Abraham notre père", a répondu le Pape dans sa prise de parole. Il a ensuite salué les efforts des chrétiens et des Juifs pour "abattre les murs de séparation du passé". "Vous désirez voir dans l’autre non plus un étranger, mais un ami, s’est-il réjoui, non plus un adversaire, mais un frère". Le pape François a appelé les Juifs et les protestants à "promouvoir ensemble une éducation à la fraternité". Et ce, "afin que les relents de haine qui veulent la détruire ne prévalent pas".
Illuminer l’obscurité de la haine avec la lumière de la foi.
Le pape a alors mentionné le grand poète hongrois Miklós Radnóti, dont la carrière brillante a été brisée "par la haine aveugle" de ceux qui, seulement parce qu’il était d’origine juive, lui ont d’abord interdit d’enseigner et l’ont ensuite enlevé à sa famille. Enfermé dans un camp de concentration, "l’abîme le plus obscure et dépravé de l’humanité", il a continué d’écrire et de témoigner de la force de croire afin "d’illuminer l’obscurité de la haine avec la lumière de la foi".
Le Pape a par ailleurs souhaité reprendre l’image évocatrice du Pont des Chaînes, qui relie les deux parties de cette Budapest. Le Pont des Chaînes est le pont le plus ancien de Budapest et le plus célèbre de tout le Danube. Pour le Pape, l’ouvrage ne fusionne pas les deux rives de la capitale mais les maintient unies.
"C’est ainsi que doivent être les liens entre nous", a-t-il lancé aux personnes présentes. Chaque fois qu’il y a eu la tentation d’absorber l’autre, "nous n’avons pas construit mais on a détruit, de même lorsqu’on a voulu mettre l’autre dans un ghetto, au lieu de l’intégrer". Le Souverain pontife a exhorté chacun à veiller et prier pour que ça ne se reproduise plus.
Après cette dernière rencontre en Hongrie, le Pape s'est rendu sur la place des Héros pour y célébrer à 11h30 la messe de clôture du Congrès eucharistique international.