Emmanuel Macron était en voyage officiel en Irak du 27 au 29 août où il participait à une conférence inédite, organisée par l’Irak et co-présidée par la France, avec "les pays voisins". Conférence destinée à accompagner la stabilisation du pays et le dialogue entre les Etats de la région. "La France était le seul pays occidental présent, et sans doute le seul à avoir sa place ici, ayant une longue histoire avec le monde arabe et les chrétiens d’Orient", souligne auprès d’Aleteia Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient qui participait au voyage officiel. "C’est également sans aucun doute la venue du Pape en mars dernier qui a remis l’Irak sur la scène internationale, le pays retrouvant sa place en tant qu'autorité invitante et engagée dans la discussion". Après Bagdad et Erbil, Emmanuel Macron s’est rendu dans la ville martyre de Mossoul le dimanche 29 août. Mossoul, ville longtemps chrétienne, qui ne compte plus aujourd’hui qu’une poignée de chrétiens après quarante années de guerres.
Sur place, le président de la République, accueilli par le frère dominicain Olivier Poquillon, présent depuis 2019, a tout d’abord visité les toits de l’église Notre-Dame de l’Heure. Une fois dans l’édifice, il s’est entretenu avec les évêques et représentants des communautés chrétiennes locales. Hasard des calendriers, l’archevêque de Lyon Mgr Olivier de Germay, en voyage cette semaine à Mossoul, ville jumelée à la sienne, a également pu s’associer à la rencontre et a eu l’occasion de remettre à Emmanuel Macron un ouvrage sur le patrimoine culturel et religieux de la plaine de Ninive, réalisé par l’association Mesopotamia, soutenue par la Fondation Saint Irénée. Après cette rencontre avec les chrétiens, il est allé visiter la mosquée sunnite qui avait été détruite au départ des islamistes. “Il était très important que le président français rencontre toutes les composantes de l’Irak, sunnite, chiite, yazidi et chrétienne, arabe et kurde", analyse encore Mgr Pascal Gollnisch.
Pendant une trentaine de minutes, le président est entré en dialogue avec les responsables des communautés chrétiennes orientales, et il n’a pas caché le soutien de la France. "Il n’y aura pas d’équilibre s’il n’y a pas de respect de ces communautés et l’Irak ne resterait pas l’Irak s’il n’y avait pas la possibilité pour l’ensemble des communautés chrétiennes de pouvoir vivre en paix leur culte et de pouvoir le poursuivre" a-t-il ainsi déclaré. Il a également salué "le travail admirable des communautés [chrétiennes] dans les domaines éducatif, médical, social pour l’ensemble de la population". "C’est aussi notre rôle de vous permettre de jouer pleinement votre rôle là où vous êtes, qui est d’aider à la construction de la paix", a également souligné Emmanuel Macron.
"Son annonce de l’ouverture d’un consulat tout comme la réhabilitation par la France de l’aéroport qui permettra de rouvrir Mossoul au monde est une très bonne nouvelle", se réjouit auprès d’Aleteia frère Olivier Poquillon. "Ville carrefour située sur le Tigre, Mossoul est en train de renaître", constate-t-il. “Plus de 60 % de la population à moins de 30 ans, les jeunes veulent entreprendre. D’où notre présence et notre rôle, aider et accompagner ces jeunes pour qu’ils contribuent au Bien commun, et nous avons eu l’impression que le président était dans cette même optique". Le président de la République a par ailleurs pris conscience des besoins de la ville. "La jeunesse est galopante et la reconstruction est trop lente". Dans cette optique, il a confirmé le soutien aux établissements scolaires avec le Fonds des écoles d’Orient pour lequel œuvre Charles Personnaz, qui a été annoncé en janvier 2020 à Jérusalem. "L’action de ce fonds conjoint entre l’Etat et L’Œuvre d’Orient a contribué au fonctionnement de trois écoles cette année, et sera amplifiée à l’avenir", confirme ainsi à Aleteia Charles Personnaz, également présent dans la délégation présidentielle.
"Notre-Dame de l’Heure, c’est "le levain dans la pâte", c’est cette horloge qui point aux quatre points cardinaux pour dire que le temps est un don de Dieu confié à tous", reprend le frère Olivier Poquillon. Le couvent avait été transformé en lieu de torture et de mort et endommagé lors des combats pour la libération de Mossoul. Aujourd’hui, le chantier de restauration est mené, comme celui de la mosquée Al-Nouri, sous l’égide de l’Unesco, grâce aux dons des Emirats arabes unis. "Alors que la ville reste encore très abîmée, le fait qu’un représentant de la France vienne est un signe d’espoir pour la population qui ne se sent pas abandonnée", conclut le dominicain. C’est en somme la fraternité humaine voulue par le Pape, lui qui a ouvert la voie en venant en Irak dès mars 2021, redonnant de la fierté à tout un peuple.