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Dans le Temple de Jérusalem, Jésus révèle sa véritable identité

Jésus et les marchands du temple

Jésus et les marchands du temple.

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Jean-Michel Castaing - publié le 04/03/21
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Les chrétiens ne rencontrent plus Dieu dans un édifice de pierre, mais dans la personne de Jésus ressuscité. Telle est la signification principale de l’épisode des vendeurs chassés du Temple.Si Marie n’avait pas forcé la main de Jésus aux noces de Cana, pour qu’il change l’eau en vin, l’épisode des vendeurs chassés du Temple aurait représenté le premier signe de sa vie publique. Chez les trois premiers évangélistes, Matthieu, Marc et Luc, cette scène se déroule la dernière semaine de son existence, à quelques jours de sa Passion. 

Pourquoi saint Jean l’a-t-il placée au commencement de sa mission ? Deux raisons ont motivé le choix de l’évangéliste. Le premier motif est négatif. Par ce geste intempestif, Jésus désire faire comprendre à ses contemporains que l’ancienne religion sacrificielle d’Israël est désormais caduque. Il ne s’en prend pas aux vendeurs attachés au Temple parce qu’ils pratiquent des trafics honteux, mais parce que ce système du Temple est périmé. Les changeurs et autres vendeurs étaient nécessaires au bon fonctionnement du lieu le plus saint du judaïsme du temps. Le geste de Jésus ne vise pas prioritairement la malhonnêteté des commerçants qui y sont attachés, mais beaucoup plus fondamentalement, et sans acrimonie aucune (car le Christ fut toujours respectueux du Temple et des dévotions qui s’y pratiquaient), le système religieux d’Israël. 

En aimant Dieu et ses frères plus que lui-même jusqu’à mourir pour eux, Jésus justifie la Création tout entière et mérite, de surcroît, l’envoi de l’Esprit sur nous.

La signification de ce geste inaugural réside dans l’institution par Jésus d’un nouveau rapport à Dieu. Tel est le second motif, positif celui-là, du signe du Temple. À l’ancien système, Jésus substituera son propre acte d’offrande de soi lors de sa Pâque à Jérusalem. Les sacrifices d’animaux n’auront plus lieu d’être puisque les croyants entreront désormais en relation avec Dieu par la médiation de Jésus. Le sacrifice qui les réconciliera avec la divinité ne consistera plus dans l’immolation d’animaux opérée dans le temple de pierre de Jérusalem, mais dans le don de soi du Fils éternel au Père et aux hommes. La véritable réconciliation des hommes avec Dieu sera réalisée par Jésus. En aimant Dieu et ses frères plus que lui-même jusqu’à mourir pour eux, Jésus justifie la Création tout entière et mérite, de surcroît, l’envoi de l’Esprit sur nous. Jésus tient, à l’orée de sa vie publique, à révéler à ses contemporains qu’il est en personne la justification des hommes et qu’il fera la paix entre eux et son Père par la Croix. Voilà pourquoi l’évangéliste tient à préciser au début du récit de l’épisode du Temple que « la Pâque juive était proche » (Jn 2, 13) — cette Pâque qui coïnciderait avec la sienne trois ans plus tard. 

Jésus, nouveau Temple, révèle la Trinité

Du temps de Jésus, le Temple de Jérusalem représentait encore l’espace de rendez-vous du peuple et de Dieu. Mais pourquoi déclare-t-il : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai » ? En fait, par ces paroles mystérieuses, le fils de Marie laisse entendre à ses interlocuteurs que le Temple, c’est désormais lui-même. Il est lui-même, dans sa personne, le lieu où les croyants entrent en relation avec Dieu. Cinq siècles avant Jésus, le prophète Ezéchiel avait eu une vision du Temple d’où coulait une source (Ez 47, 1-12). Cette prophétie se réalisera sur le Golgotha : du cœur transpercé de Jésus en croix, nouveau temple, flua l’eau vive qui symbolise l’Esprit et le baptême (Jn 19, 34). Enfin, l’allusion aux trois jours fait signe en direction de la Résurrection. Car le nouveau Temple ne serait pas un homme mort, mais le Ressuscité qui donne la Vie. Ainsi, l’évangéliste Jean a placé cet épisode au tout début de la carrière de Jésus afin que le lecteur discerne dans le rabbi de Nazareth le point de confluence où Dieu et l’homme entrent en relation.



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Muni de cette grille de lecture, le croyant peut lire chaque épisode relaté dans l’évangile à la lumière de la Trinité. Car si l’eau que le prophète Ezéchiel a vu sortir du Temple symbolise l’Esprit, le Père apparaît également dans ce signe inaugural. En effet, c’est la première fois dans l’évangile de Jean que Jésus nomme le Père : « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce » dit-il pour justifier son geste (Jn 2, 16). Ainsi, le mystère de la Trinité est-il révélé. Jésus ne se contente pas en effet de nommer Dieu « Père », il tient à préciser : « Mon Père ». Par-là, il nous apprend qu’il est LE Fils. À cet égard, le chrétien se souviendra avec profit que la première parole prononcée par Jésus que rapportent les évangiles fait elle aussi mention du Père. Elle est consignée dans saint Luc : « Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? » dit Jésus à Marie et Joseph à l’âge de douze ans (Lc 2, 49). Et cette parole fut prononcée également dans le Temple de Jérusalem !

Ainsi, le signe du Temple nous révèle à la fois le nouveau régime religieux qui sera celui des chrétiens, régime au sein duquel la Pâque de Jésus tiendra la place centrale, mais également le visage trinitaire de Dieu. Pour toutes ces raisons, le lecteur comprend mieux pourquoi l’évangéliste a tenu à le mettre en valeur en le plaçant au début de la vie publique de Jésus.


ST JOHN THE APOSTLE
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