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La joie de Noël ne vient pas uniquement de son atmosphère de liesse enfantine. L’élan à servir les pauvres, les faibles et les malades, héritage chrétien, est aussi une source paradoxale de réjouissance.
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Noël est synonyme de joie, d’émerveillement et d’innocence. Le mystère de la Nativité rend un cœur d’enfant à ceux que l’existence pousse parfois à des compromissions peu glorieuses avec le mal. Devant la crèche, l’homme redevient l’enfant tel que Dieu le regarde de toute éternité. Mieux : nous tombons à genoux devant l’éternelle innocence de Dieu, cette innocence que notre crainte et notre péché cachaient à nos propres yeux, et dont Paul Claudel eut la révélation le jour de Noël à Notre-Dame en 1886. Cependant, à côté de cet aspect lumineux existe une autre dimension, moins enchanteresse en apparence, de l’événement de la naissance du Sauveur : la pauvreté. Noël n’est pas seulement la fête des enfants, mais aussi celle des pauvres. Notre Seigneur naît dans une étable (ou une grotte). Les puissants et les « sachants » de Jérusalem ne daignent même pas se déplacer pour venir, sinon l’adorer, du moins le voir et le saluer ! C’est ici que ce Noël 2020 vient rejoindre notre actualité marquée par l’épidémie de la Covid-19.
Les épousailles de la pauvreté et de la joie
Car l’irruption du virus a été un révélateur de nos pauvretés : solitude, isolement, déclassement social, explosion du chômage, peur de la mort et de mourir en catimini, angoisse du lendemain, dépendances diverses. Tout en contemplant l’opulence des magasins, nos yeux restent rivés sur les conséquences de la crise sanitaire. Et si c’était là une occasion de se pencher sur l’autre versant de Noël qu’est la pauvreté — cette pauvreté que le Seigneur vient épouser en la nuit sainte du 25 décembre ? Nous pourrons de la sorte mieux communier à sa vie rédemptrice.
Nous nous enrichirons de la joie procurée à nos frères démunis, de la même manière que Christ s’est fait pauvre pour nous prodiguer ses dons infinis
Toutefois, il restera encore à franchir une étape supplémentaire pour que la fête soit complète : trouver la joie et l’émerveillement dans les pauvres et les services que nous leur rendons tout au long des jours. Il ne s’agit pas d’idolâtrer la pauvreté, encore moins de faire l’apologie de la misère. Celle-ci doit être combattue et réduite. Il s’agit plutôt d’entrer en communion avec nos frères défavorisés, et de la sorte avec Dieu Lui-même car, ainsi que le dit saint Augustin, « là où est la charité, là est la Trinité » (De Trinitate, VIII, 8, 12). Servir procure la joie non seulement chez le destinataire, mais tout autant chez le serviteur. Tous les bénévoles savent cela. Alors ce sera Noël tous les jours ! Nous nous enrichirons de la joie procurée à nos frères démunis, de la même manière que Christ s’est fait pauvre pour nous prodiguer ses dons infinis ! Non, il n’est pas incongru de fêter Noël en temps de pandémie !
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