Artistes, anonymes, proches et inconnus, plusieurs centaines de personnes ont assisté à la messe d’enterrement du comédien Michael Lonsdale ce jeudi 1er octobre à l’église Saint-Roch (Paris).
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Il en a marqué des gens tout au long de ses quatre-vingt-neuf ans passés sur terre. “Michael avait ce don de faire sentir que chaque personne qu’il croisait était unique et, de fait, chaque personne qui a croisé sa route se sent proche de lui”, raconte dans un sourire une de ses amis en charge de l’organisation des obsèques du comédien. Ce jeudi 1er octobre, à l’église Saint-Roch, église historiquement confiée aux artistes, c’est donc une assemblée d’amis qui s’est réunie pour lui rendre un dernier A-Dieu. Le Covid-19 ou la météo en a peut-être découragé certains mais ils étaient quand même entre 600 et 700 à pousser les portes de l’église pour venir se recueillir en cette pluvieuse matinée parisienne.
Un joyeux murmure mâtiné des dernières répétitions de chants se fait entendre en attendant 10h et le début de la célébration. C’est au son du Stabat Mater de Pergolèse que le cercueil de Michael Lonsdale, décédé le 21 septembre 2020, fait son entrée en tête d’un cortège d’une vingtaine de prêtres, diacres et évêques, Mgr Robert Le Gall et Mgr Dominique Rey. Ne pouvant être présent physiquement, l’archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit a tenu à lui rendre témoignage par un mot lu en préambule de la célébration. “Maintenant nous le savons, nous avons un ami au Ciel”, affirme-t-il. Ce sont ensuite quatre témoignages de proches de Michael Lonsdale qui se sont enchaînés, entrecoupés de l’hymne “Ubi Caritas”, exhortation émouvante à la charité fraternelle.
Son neveu et filleul Philippe Caldéron a partagé quelques souvenirs de famille et autres éclats lumineux dont la cérémonie du thé, Michael Lonsdale étant franco-britannique. Son ami de toujours, Jean Maheu, a replongé dans ses souvenirs d’enfance pour en sortir un vibrant hommage. “Nous avions 6 ans lorsque l’on s’est rencontré à Londres en 1937. Je ne parlais que le français et Michael ne parlait qu’anglais. Je lui ai appris le français, il m’a appris l’amitié”. Au fil des mots, il dépeint un Michael Lonsdale profond, tour à tour jovial et attentif. Son agent, Olivier Loiseau, a retranscrit avec force anecdotes le côté taquin de Michael Lonsdale tandis que le père Yves de Brunhoff du centre Magnificat n’a pas manqué de relever la foi joyeuse de Michael Lonsdale “enflammée par l’Esprit saint”. “Il n’a pas laissé son baptême dans sa poche”, rappelle le prêtre avant de lancer : “Tu as connu le Saint-Esprit et l’eau vive n’a pas cessé de couler de ton cœur pour irriguer alentour de toi depuis ces moments.”
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Après ces témoignages donnant à comprendre qui était Michael Lonsdale, la célébration s’ouvre avec le chant “Si le père vous appelle”. Un bel écho à la vie du comédien qui n’a cessé d’y répondre tout au long de sa vie. Clin Dieu du ciel, quelques rayons de soleil finissent par percer et bercent l’église d’une douce atmosphère au moment où débute le rite de la lumière. Une gerbe de lys et de roses blanches ainsi que quelques fleurs rouges habillent le cercueil. À l’image de la vie de Michael Lonsdale, ce sont les béatitudes qui sont choisies comme évangile pour la célébration (Mt 5, 31-12).
“Sa barbe mangeait son visage, les sourcils broussailleux et la chevelure blanche balayée en arrière masquaient une timidité et une pudeur flegmatique, un humour taquin et surtout une bienveillance qui le rendait disponible à tous, aux grands comme aux petits, aux passants de la rue”, a salué Mgr Dominique Rey dans son homélie. Mais que cachait cette voix singulière ? L’évêque de Fréjus-Toulon a ainsi partagé une confidence que lui avait fait Michael Lonsdale. “Mon idéal c’est de rencontrer le Christ. La chose la plus précieuse que je possède c’est l’amour de Dieu”, lui avait raconté le comédien. “Il ne contentait pas d’être un catholique affiché, il laissait entrevoir à son contact que la beauté est intérieure, que notre vie doit être une œuvre d’art, sculptée par l’amour”. Michael Lonsdale, artiste, était ainsi également prophète, “initiateur du Christ par et dans l’art”.
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En ce 1er octobre, fête de sainte Thérèse de Lisieux, “la meilleure copine de Michael”, c’est un chant inspiré des paroles de la carmélite qui a été choisi pour accompagner la communion : “Je n’ai d’autre désir que de t’appartenir“. À l’issue d’un temps de prière et d’un nouveau témoignage du père Luc Reydel, les évêques, prêtres et diacres bénissent le cercueil. Après plus de deux heures, la célébration s’achève sur deux passages de littérature choisis : un extrait du Dialogue des carmélites de Bernanos et le poème de la Vierge à midi de Paul Claudel.
Comme saint Séraphin, Michael a cherché l’Esprit saint. Et je pense qu’il l’a trouvé.
À la sortie de la messe, certains se retrouvent pour partager un dernier moment d’amitié en souvenir de Michael, d’autres quittent discrètement le parvis de Saint-Roch. Dominique, 70 ans, l’a rencontré une fois chez des amis et se souvient d’une passionnante discussion sur le fait d’être prêtre et de jouer le rôle d’un prêtre sur scène. “J’ai été frappé par sa gentillesse et sa simplicité”, se souvient-elle. “Et la profondeur spirituelle qui va avec. Il était lumineux, profondément lumineux”. “Cela fait trente ans qu’on le connaît”, confie de son côté Bernard, qui a porté son cercueil. “Son humilité, sa douceur, il savait accueillir d’une manière unique”. Sa femme, Catherine Fantou-Gournay, a écrit une pièce Pomogui ! dans laquelle Michael Lonsdale a joué le rôle de saint Séraphin de Sarov, pour qui le but de la vie chrétienne était l’acquisition de l’Esprit saint. Émue à la sortie de la messe, Catherine abonde dans le sens de son mari tout en ajoutant : “Comme saint Séraphin, Michael a cherché l’Esprit saint. Et je pense qu’il l’a trouvé”.
En haut des marches, un homme élégant vêtu d’une écharpe rouge semble perdu dans ses pensées. À quoi pense-t-il ? “À mon grand-père dont on vient de lire le poème, Paul Claudel, et à ce texte dont j’ai si souvent parlé avec Michael”, confie-t-il. François Claudel connaissait Michael Lonsdale depuis cinquante ans. “C’était un esprit universel, chaleureux, perspicace et frondeur”, se souvient-il. “Je perds un grand frère”.
Il était venu manger à la maison, je le revois encore avec son sourire et sa présence rassurante.
Nathalie, 51 ans, présente également à Saint-Roch ce jeudi matin, n’a jamais rencontré directement Michael Lonsdale. “Mais je me suis rapprochée de lui grâce sa pièce sur sœur Emmanuelle”. Artiste elle-même, le cheminement de Michael Lonsdale l’a aidée dans son propre parcours spirituel. “Sa voix incroyable, la force de ses mots… Je ne l’ai pas connu mais c’est tout comme. Je suis là aujourd’hui car j’ai souhaité être en communion avec lui”. Artiste peintre, Nicole a rencontré Michael au groupe de prière des artistes. “Il était venu manger à la maison, je le revois encore avec son sourire et sa présence rassurante”, raconte-t-elle. “C’était un grand homme très humble. J’étais allé chanter avec lui dans les rues de Paris, près de la fontaine des Innocents. Sa proximité avec les gens de la rue, sa lumière… C’était incroyable”, se souvient-elle. Aujourd’hui, elle est venue pour lui dire au revoir. “J’ai chanté de tout mon cœur pendant la messe”, sourit-elle. Avec tristesse mais aussi avec confiance. “Je sais que le reverrai”. Au revoir, Michael Lonsdale. Et à bientôt.