Il apparaît dans le film « Lourdes », où il accompagne chaque année des prostituées en pèlerinage. Dans son deuxième livre, « Qui leur jettera la première pierre ? » (Ed. Salvator), le père Jean-Philippe appelle les chrétiens à se mobiliser auprès de ces parias de nos sociétés et nous livre de bouleversants témoignages.Thalia est née en Colombie : à l’adolescence, elle bascule dans le transsexualisme. Victime des railleries et la réprobation de son entourage, elle fuit son pays pour la France, où elle se retrouve embarquée dans la prostitution. C’est au bois de Boulogne qu’elle croise la route du prêtre. Elle émet le désir de tourner le dos à sa vie chaotique et rejoint la maison d’accueil qu’il a fondée pour elle et ses compagnes de galère, non loin de Fontainebleau. « Les premiers mois ont été très difficiles, admet-elle. Puis, je me suis habituée (…) et pour la première fois de ma vie, je me suis rencontrée moi-même. (…) le Seigneur m’a relevée (…). Je me suis laissée porter par lui. J’ai pris sa main et je me suis abandonnée à lui. »
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Ce témoignage est l’un des plus poignants de l’ouvrage du père Chauveau, membre de la communauté Saint-Jean, avec celui de Camélia, une musulmane également transsexuelle, qui dit avoir retrouvé espoir en découvrant la figure de Marie-Madeleine : « Grâce à elle, je sais que Dieu m’aime, qu’il m’a pardonnée, qu’il me tend la main. »
« J’ai partagé ces récits dans mon livre pour rendre hommage à la détermination de ces femmes malmenées par la vie et qui sont si courageuses, confie à Aleteia “le padre”, comme l’appelle ses protégées. Thalia suit des cours de français, elle se bat. Camélia s’en sortira grâce à sa ferveur spirituelle, qui est incroyable. »
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Le caractère catholique de la maison est pleinement affiché, même si les croyances de chacune sont respectées : « la prière fait partie des piliers de la vie communautaire, l’eucharistie est un moment-clé de la journée et le chapelet est récité tous les soirs à la chapelle. »
Incarner la tendresse
« Aujourd’hui, plus que jamais”, martèle le père Jean-Philippe dans son livre, “il nous faut une révolution de la tendresse. Cela nous sauvera. »
La tendresse, Dieu sait qu’il en a manqué, lui qui a grandi dans une famille athée, décimée par l’alcoolisme. Enfant maltraité, balloté de pensions en maison de correction, violé au seuil de l’adolescence, il ne trouve la paix qu’en découvrant l’amour de Dieu, grâce à un collègue de travail chrétien qui le prend sous son aile.
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Sur la route qui le mène à la prêtrise, on croise Chateauneuf-de-Galaure (Drôme) et Marthe Robin, Lisieux et la petite Thérèse, l’Arche de Jean Vanier. Depuis son ordination en 1982, il n’a de cesse de se préoccuper du sort des plus pauvres : il a créé Saint-Jean Espérance pour les toxicomanes, puis des Repas du Cœur pour les plus démunis, enfin la fédération Magdalena, à destination des prostituées. (Des bénévoles les accueillent en camping-car dans plusieurs villes de France).
« Il suffit d’oser la première rencontre, recommande le père dans son ouvrage, en ayant à l’esprit que ce n’est pas moi qui vais à eux, mais que je les laisse venir à moi. »
Qui leur jettera la première pierre ?, du père Jean-Philippe Chauveau, Salvator, novembre 2019, 20 euros.