Le 5 octobre prochain, le pape François créera 13 nouveaux cardinaux au cours d’un consistoire ordinaire public au Vatican. Parmi eux, se trouvent deux missionnaires : un Père blanc et un combonien. Tous les deux sont de grands spécialistes du dialogue interreligieux.Le prochain pape sera-t-il un ancien missionnaire ? Rien d’improbable puisque le collège cardinalice accueillera à partir du 5 octobre prochain deux nouveaux missionnaires en son sein : Mgr Miguel Ángel Ayuso Guixot, 67 ans et donc électeur en cas de conclave, et Mgr Michael Louis Fitzgerald, qui ne sera pas électeur du haut de ses 82 ans quoique toujours éligible. Le premier, un Espagnol, est missionnaire combonien du Cœur de Jésus, tandis que le second, un Anglais, est prêtre de la Société des Missionnaires d’Afrique, ceux que l’on appelle aussi les Pères blancs. Ce dernier est actuellement vicaire dans une petite paroisse de la périphérie de Liverpool.
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L’histoire de ces deux instituts missionnaires remonte au XIXe siècle. Si les pères comboniens trouvent leur origine en Italie et que les Pères blancs ont été fondés par le Français Charles Lavigerie, ces missionnaires ont le regard tourné vers le même continent : l’Afrique. Plus de cent ans après leur fondation, les Comboniens et les Pères blancs poursuivent d’ailleurs inlassablement leur mission respective et ont même investi les autres continents.
Deux fins connaisseurs de l’islam
Ces futurs “princes de l’Église” ont un autre point commun, et pas le moindre. Tous les deux ont été nommés — à plus de dix ans d’écart — à la tête du même dicastère de la Curie romaine : le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Entre l’année 2006, où l’Anglais a quitté les locaux de la “via della Conciliazione”, et 2019 où l’Espagnol y a été nommé, deux Français se sont succédés au poste : les cardinaux Paul Poupard et Jean-Louis Tauran. Comme le fait remarquer l’actuel supérieur des Pères blancs, rien de plus logique au choix du pontife argentin : tous les présidents de ce Conseil pontifical ont été créés cardinaux.
Mais ce n’est pas tout ! Ces deux futurs cardinaux sont l’un comme l’autre de grands spécialistes des relations entre chrétiens et musulmans. Après avoir étudié à l’école d’études orientales et africaines de Londres, Mgr Fitzgerald est devenu maître de conférences à l’Institut pontifical d’études arabes, qui sera plus tard rebaptisé Institut pontifical de l’arabe et études islamiques. Un établissement que connaît à la perfection Mgr Ayuso Guixot pour y avoir suivi des études puis pour y avoir été par la suite professeur.
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Tous les deux ont d’ailleurs enseigné l’islamologie dans des contrées lointaines : Khartoum — dans l’actuel Soudan du Sud — pour l’Espagnol, Kampala – en Ouganda — pour le Britannique. Mais ils partagent également une destination commune : L’Égypte. L’actuel président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a en effet donné des cours d’islamologie au Caire, au cours de la dernière décennie du XXe siècle. Son prédécesseur y a été nommé par le pape Benoît XVI nonce apostolique — alors même qu’il n’est pas passé par la très prestigieuse Académie pontificale ecclésiastique, qui forme normalement les agents diplomatiques du Saint-Siège — à partir de 2006.
Ce ne sont d’ailleurs pas les premiers missionnaires à revêtir la pourpre cardinalice. Ces deux prélats viennent rejoindre une grande cohorte composée de spiritains, rédemptoristes ou encore de sulpiciens. Sans oublier bien entendu les cardinaux issus des rangs de la Compagnie de Jésus, déjà bien représentée à Rome.
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