Partager un même poste de travail à deux permettrait de réduire le taux de stress particulièrement élevé chez les mères de famille, tout en offrant des avantages aux entreprises. Une organisation qui se développe aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Suisse, mais qui reste encore quasi inexistante en France.Une vaste étude britannique s’est penchée sur le stress des ménages. Il en ressort que les mères de deux enfants travaillant à plein temps sont 40% plus stressées que les autres. Ni le télétravail, ni des horaires souples ne changent la donne, seule une diminution du temps de travail a un impact positif sur l’anxiété. Le job sharing permettrait ainsi de réduire de moitié ses horaires de travail. Pourquoi les entreprises françaises n’adopteraient-elles pas ce système, plébiscité par les pays anglo-saxons ?
Les mères plus stressées que les autres femmes actives ?
Selon une étude parue le 26 janvier dans Sociology, le journal de l’association professionnelle des sociologues britanniques, une mère qui travaille à temps plein est 18% plus stressée qu’une femme active sans enfant. Et ce chiffre grimpe à 40% si elle a deux enfants. Jusqu’à présent, la charge mentale était ressentie, éprouvée, dénoncée. Le stress qu’elle génère est désormais prouvé, suite aux observations des données biologiques de plus de 6.000 personnes, comme la pression sanguine et le taux d’hormones.
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“Le conflit entre la vie de famille et la carrière professionnelle se traduit par une montée de la pression psychologique, du stress, et par un affaiblissement de la santé. Les parents de jeunes enfants y sont particulièrement exposés”, explique le professeur Tarani Chandola de l’Université de Manchester. “Les conditions de travail non compatibles avec la vie de famille, notamment les heures tardives le soir, peuvent avoir un impact négatif sur la sensibilité au stress d’une personne”, précise-t-elle.
Le partage de poste, une solution vertueuse ?
Toujours selon l’étude britannique, ni le télétravail ni les horaires plus souples ne parviennent à diminuer l’anxiété des mères de famille. La seule solution serait de diminuer leur temps de travail. Cependant, en France, le mi-temps est très peu développé. En 2017, selon l’Insee, seulement 3% des salariés travaillent à 50%. À l’inverse, le job sharing, qui consiste à partager un même poste de travail à plusieurs, deux en général, se développe aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Suisse. En France, le job sharing est arrivé en 1994, importé par la société Hewlett Packard, mais la législation reste muette à ce sujet.
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Pourtant, ce système présente des avantages pour les entreprises. On constate une plus grande productivité et moins d’absentéisme, une présence sur le poste en continu puisque les vacances sont prises à tour de rôle, une réduction du risque de burn-out, et des employés plus motivés et loyaux, dans la mesure où l’entreprise a répondu à leurs besoins et aspirations. Professionnellement, on remarque que les décisions sont plus abouties grâce à l’échange entre les deux salariés, davantage d’expérience et de compétence sur le poste (“deux têtes pensantes au prix d’une”), un transfert de compétences au sein du binôme et un élargissement des contacts professionnels. Sans compter, bien sûr, une diminution de stress pour les mères de famille !
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