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Nicée a-t-il été un concile politique ou théologique ?

Concile de Nicée, 1637. Icône faisant partie de la collection privée récemment achetée par le Louvre.

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Valdemar de Vaux - publié le 23/03/25
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En 2025, les chrétiens célèbrent les 1.700 ans du concile de Nicée qui proclama solennellement la divinité du Fils. S’il a été convoqué par Constantin qui voulait l’unité de l’Empire romain, il demeure un moment théologique par-delà la dimension politique d’un tel événement. Explications.

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Les huit premiers conciles dits œcuméniques, représentant et reconnu par l’Église universelle, ont la singularité d’avoir été convoqués par l’empereur romain. Et, le premier d’entre eux, à Nicée, en 325, par Constantin. Il faut dire qu’en ce début de IVe siècle, l’évêque de Rome ne voit pas son autorité reconnue par tous et de manière incontestable. Mais "seul l’empereur de Rome avait, à cette époque, les moyens d’imposer son autorité et ses lois à un vaste territoire qui couvrait l’Orient comme l’Occident" explique Yves Chiron dans son Histoire des conciles.

Mais, si le concile, qui statue sur des vérités dogmatiques, c’est-à-dire sur l’expression de la foi chrétienne, a été initié par un empereur, le risque est grand d’une confusion entre la sphère politique et le domaine théologique. Il est "faux d’y voir du césaropapisme" explique toujours Yves Chiron en faisant référence à un terme du XIXe désignant dans l’Empire païen ou dans la chrétienté latine, la concentration des pouvoirs temporels et religieux dans les mains d’un seul.

À la recherche de la paix pour l’Empire

Certes, l’empereur n’a pas appelé les évêques de toute la terre habitée (l’oïkoumène) à cause d’un goût prononcé pour les débats pointus sur la divinité du Fils provoqués par les théories d’Arius. Il l’a fait par souci de paix dans son empire. Vaste ensemble dont il voulut, et ce fut alors une véritable révolution, qu’il fût uni par la religion chrétienne. Une intuition que la tradition situe en 312 lors d’une vision qui lui permit de prendre Rome à son adversaire Maxence. Persécutés de manière systématique en 303, les chrétiens sont autorisés à rendre un culte à Dieu en 313, avant que la religion chrétienne devienne même obligatoire en 380.

"Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie" disait saint François de Sales. Cette "hommerie" n’empêche guère la grâce d’agir, au contraire. La vérité théologique dépasse largement les conditions concrètes de son élaboration.

Pour le concile de Nicée, donc, le pape Sylvestre ne donne pas son consentement à la convocation et n’oblige pas les évêques, mais sa volonté est prise en compte et il est représenté par les prêtres Victor et Vincent, avec rang de préséance. Après les délibérés, il approuvera les décisions prises, leur donnant un caractère universel. Le discours d’ouverture est prononcé par Constantin : "Dès qu’on entendit le signal qui avertit de son arrivée, tous les évêques se levèrent et, à l’heure même, il entra au milieu d’une troupe de personnes de qualité et parut comme un ange de Dieu". Selon Eusèbe de Césarée, qui raconte cela dans De vita Constantini, l’empereur assure que la réunion a pour objectif de faire "cesser les querelles intestines de l’Église" et de "mettre fin au fléau des dissensions".

La vérité théologique dépasse les circonstances politiques

Cependant, si les discussions se tinrent sous le regard du Pontifex maximus, qui résidait alors à Nicomédie, à moins de 70 kilomètres, "les pères conciliaires de 325 étaient libres de leurs choix" affirme Charles Kannengiesser, qui fut un grand spécialiste des conciles. "On ne se trompe pas en gardant à l’option doctrinale de Nicée son strict caractère ecclésiastique, soustrait au caprice du prince, malgré le statut politique tout à fait spectaculaire de cette assemblée synodale" dit-il dans la revue Concilium en 1978. Certains évêques ne sont d’ailleurs pas exempts de ce souci politique, parfois courtisans du prince, parfois rivaux entre eux.

"Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie" disait saint François de Sales. Cette "hommerie" n’empêche guère la grâce d’agir, au contraire. La vérité théologique dépasse largement les conditions concrètes de son élaboration. Preuve s’il en est que le fond de la question arienne ne traumatisait pas l’empereur, tant que la paix demeure, celui qui ne fut baptisé qu’en 337, à la toute fin de sa vie, avait depuis Nicée réhabilité Arius.

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