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Le Bel Espoir, un trois-mâts pour la paix en Méditerranée

Bateau du "Bel espoir"

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Benoist de Sinety - publié le 16/03/25
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Dans l'esprit des "Rencontres méditerranéennes", l'odyssée Med 25 - Bel Espoir affrète un navire-école pour relier les cinq rives de la Méditerranée jusqu’en octobre 2025. À son bord, raconte le père Benoist de Sinety, curé-doyen de la ville de Lille, huit groupes de vingt-cinq jeunes de toutes nationalités, cultures et religions s'engagent pour la paix.

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"Dialogues et cultures", "Éducation et société", "Femmes en Méditerranée", "Les religions en dialogue", "Environnement et développement", "Les défis migratoires", "Christianismes d’Orient et d’Occident", "Construire la paix" : autant de thèmes égrenés, de mois en mois, à bord d’un navire, le Bel Espoir, parti de Barcelone début mars et qui devrait être en vue du vieux port marseillais à l’automne prochain. En plus de l’équipage professionnel de l’association Le Bel Espoir-AJD, qui a repris après sa mort les intuitions du Père Jaouen, ce sont plus de 200 jeunes qui se succéderont sur le trois-mâts pour partager la vie en mer en se rencontrant, se découvrant, s’accueillant les uns les autres. 

Se découvrir comme frères

Issus des différents pays du pourtour méditerranéen, croyants issus des différentes religions, juifs, chrétiens et musulmans, ils ont déposé leurs candidatures depuis plusieurs semaines pour vivre cette expérience unique en voguant sur cette eau dans laquelle certains voient une frontière quand d’autres l’espèrent comme un lieu de communion. Fernand Braudel écrivait de la Méditerranée qu’elle n’était non pas une frontière mais un lieu d’échange. C’est ainsi que, jusqu’à notre époque moderne, elle a le plus souvent été perçue. C’est ce que rappelle avec force à notre mémoire embrumée par la peur, la voix du pape François depuis des années. La Mare Nostrum est devenue pour chacun la Mare Meum, laissant percevoir combien des frontières flottantes sont encore plus abstraites que celles tracées sur la terre ferme. 

Dans la dynamique des Rencontres méditerranéennes, dont la dernière s’est tenue à Tirana (Albanie) en septembre 2024, et qui avait valu à la cité phocéenne la joie de recevoir François un an plus tôt, ce projet de Med 25-Bel Espoir se présente comme un rêve. Celui de permettre à des jeunes de toutes les langues, confessions et cultures de ces rivages, de se retrouver comme voisins, et de se découvrir comme frères. Car cette mer est aussi un immense lac intérieur, donné aux hommes comme source de vie et horizon pour leurs rêves. 

Un mystérieux lac de Tibériade élargi

Les évêques de la région, appelés par Rome à travailler de plus en plus étroitement ensemble, savent l’immensité des défis. Les incendies effroyables et de moins en moins maîtrisés, les flux migratoires croissants, les inégalités criantes dans les échanges économiques, les différences culturelles qui semblent parfois irréconciliables, les tentations de replis identitaires et les anathèmes religieux sont autant de réalités dramatiques auxquelles les jeunes générations se retrouvent confrontées. 

Le 23 septembre 2024, au palais du Pharo à Marseille, le Pape avait souligné les ressources infinies de la Méditerranée, berceau de civilisation en dépit "de son entrelacement de conflits". Reprenant la formule de Giorgio La Pira, ancien maire de Florence, pionnier de ce qui deviendrait plus tard les Rencontres méditerranéennes, il avait qualifié ce bassin "de mystérieux lac de Tibériade élargi" (Discours d'ouverture du 1er Colloque méditerranéen, 3 octobre 1958). De fait l’Évangile nous décrit la mer de Galilée comme le lieu autour duquel résident une multitude de peuples, aux cultures et aux religions différentes, chez lesquels le Christ invite ses disciples à ne pas avoir peur de se rendre dans le calme des jours tranquilles comme dans les tempêtes des nuits incertaines. Pour y témoigner de l’Amour du Créateur de toutes vies.

La puissance de cette faiblesse

Un berceau devenu tombeau, lieu de naissance, au cœur des cinq rives qui évoquent des réalités si diverses, d’un christianisme qui veut épouser toute culture et tout peuple, la Méditerranée est plus qu’un espace, elle est une prophétie. Prophétie de ce que notre monde veut ou non devenir, selon ce à quoi il consentira, selon celui dans lequel il mettra sa confiance. Le Bel Espoir est parti sous un ciel lourd, dans une mer formée : le baptême fut quelque peu douloureux et agité pour les marins novices ! Le voici désormais sur des flots plus paisibles. École de la paix pour les jeunes gens qui, à bord, n’ont pas d’autre solution que de se rencontrer, apprendre à vivre ensemble et partager ce qui en fait le sel, la goélette doit arriver au port de Tétouan au Maroc le 15 mars.

"Ce risque de l’Espérance, c’est vous qui l’avez pris, vous, jeunes de la Méditerranée qui vous engagez pour cette odyssée", disait aux jeunes sur le point d’embarquer, le cardinal Jean-Marc Aveline, lors de la messe internationale célébrée à la Sagrada Familia à Barcelone. À la sortie de la cathédrale, il ajoutait pour KTO : "Face aux forces terribles de la violence et de la recherche de profits par un petit groupe de dirigeants, il y a la faiblesse d’un petit groupe comme celui-là. Et nous croyons à la puissance de cette faiblesse." Il ne sera pas inutile en ce temps du carême, et au-delà, de soutenir de toutes les manières ce frêle esquif qui, dans son désir de réunir ce qui est séparé, de réconcilier ce qui est divisé et de faire se rencontrer ceux qui s’ignoraient, nous révèle bien ce qu’est la mission de l’Église pour la gloire de Dieu et le salut du monde. 

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