Se souvenir de son ex, jeux de séduction au boulot… Ces situations qui abiment le couple

Tout a commencé par des échanges professionnels. Alice, 37 ans, était ravie d’être épaulée par Henri dans un nouveau projet qui lui a été confié par la direction. Mais au fil du temps, l’intensité des échanges ainsi que leur contenu ont quelque peu évolué vers la sphère personnelle. Tournure qui ne dérangeait pas Alice, jusqu’au jour où son collègue lui a déclaré sa flamme. "Je me doutais qu’il avait des sentiments pour moi mais je me voilais un peu la face. Avec mon mari, nous vivons une période difficile et je trouvais réconfortant d’avoir quelqu’un qui s’intéresse à moi, à ce que je vis et pense". Si elle a réussi à mettre un terme à cette amitié, cette situation a abîmé son couple. "Des idées sur un avenir potentiel avec Henri me hantent souvent", avoue-t-elle.  

La nostalgie de son premier amour habite aussi le cœur de Paul. Marié depuis trois ans et père d’une petite fille, il avoue comparer parfois son épouse à son premier amour. "Je suis très heureux avec Marion mais il m’arrive de penser à Julie", déclare-t-il, affirmant que ces pensées surviennent surtout lors des disputes de couple. Quant à Pauline, elle se demande si penser à un bel inconnu croisé dans une soirée peut mettre son mariage en danger : "Je chasse ces pensées mais je ne sais pas si c’est un péché…". Ces petites tentations, semées par le diable, ne sont pas dramatiques en soi, selon les spécialistes, l’important est ce que l’on en fait.

"Nous ne sommes pas responsables d’un sentiment ou d’une émotion qui nous tombe dessus, mais nous sommes responsables de ce que nous en faisons. Une pensée peut s’entretenir. On doit rester le maître du jeu", prévient Bénédicte de Dinechin, conseillère conjugale et auteur de Le couple dont vous êtes les héros. Ainsi, il est important de se connaître soi-même et de faire preuve de prudence. "Ce qui compte, c’est ce que nous faisons de ses pensées, insiste la spécialiste auprès d’Aleteia. Un sentiment, même passager, passe par un dialogue intérieur. En regardant une jolie femme dans le métro ou un bel homme dans le train, il est possible de couper la pensée. Cela permet de ne plus se laisser envahir par l’imaginaire." Dans son sermon sur la montagne, Jésus n’accuse pas du tout l’attraction mutuelle entre les hommes et les femmes. Elle est normale et bonne. Mais il met en garde contre le cœur divisé, le regard qui désire pour s’approprier de l’autre. Fantasmer ou idéaliser d’autres personnes peut arriver. Cela peut néanmoins nuire à la relation, surtout si cela devient récurrent.  

Quant à la comparaison de son conjoint avec un ancien amour, elle est un signe d'un deuil à faire. "C’est fréquent, cependant, il faut se rappeler que si on compare l’autre, on ne le voit plus comme unique. Quand on compare, on vit dans le passé et on dévalorise ce que l'on vit actuellement. Cela mérite qu’on se pose des questions. Si cette pensée revient fréquemment, c’est un signe qu’un deuil est à faire. Il est très utile de s’en rendre compte, car on ne peut changer chez soi que ce que l’on accepte", indique Bénédicte de Dinechin.

Il en est de même avec une pensée, à première vue innocente, pour quelqu’un d’autre que son conjoint. Si l’attrait pour une autre personne est fort, c’est peut-être un signe d’insatisfaction dans la relation. "Il peut y avoir des moments dans la vie où l’on vit un peu trop dans l’attente, comme de recevoir un SMS ou un WhatsApp d’un ou d'une amie, où on se réjouit un peu trop d’avoir une conversation intime avec telle personne au boulot. Ce qui peut être complètement innocent peut aussi signifier qu’on a donné une place trop grande dans son cœur à cette personne", expliquait dans un article d’Aleteia le père Paul Habsburg, prêtre qui prépare les couples au sacrement de mariage au sein de la paroisse Notre-Dame d’Auteuil. Dans ce cas, il est important de faire un travail d’introspection et de discuter avec l’autre pour renforcer sa relation. "Cela ne doit pas nécessairement être grave, mais ça peut être une occasion de mieux se connaître soi-même. Dans la vie conjugale, il est normal de se remettre en question de temps en temps, d’avoir des regrets, comme quand on pense à son amour passé. Ce n’est pas grave d’être vulnérable, cela montre simplement qu’on est humain. Le plus important est ce que l’on en fait", prévient Bénédicte de Dinechin.

Il peut être utile d’en parler à son conjoint et d’agir ensemble, de prier, de faire des activités en couple, de discuter avec un thérapeute ou même de prendre de la distance avec les amis qui s'avèrent être des obstacles à la relation. "Si le mariage est en danger, il vaut mieux en parler ensemble, car on est plus fort à deux. Ce n’est pas une question de sentiments, mais de bien-être de couple", note Bénédicte de Dinechin, qui précise qu’il est aussi possible de faire appel à une personne de confiance et pas nécessairement un thérapeute. Le témoin de mariage peut d’ailleurs jouer un rôle précieux en ce sens. Face aux secousses et aux bourrasques de la vie de couple, il peut manifester une présence attentive et surtout prier pour le couple marié.

In fine, ces petites situations qui peuvent parasiter la vie du couple s’avèrent aussi parfois une belle occasion de rechoisir son conjoint au-delà de toute autre personne, et de renouveler sa promesse de mariage. Et comme le dit si bien le père Paul Habsburg : "Si l’herbe semble plus verte de l’autre côté de la clôture, alors arrosez mieux votre propre côté !"