Le métier de berger compte parmi les activités les plus citées par les Saintes Écritures, les terres arides des pays bibliques se prêtant plus volontiers, il est vrai, à cette pratique qu’à celle de l’agriculture. Qu’il s’agisse d’activités à plein temps ou saisonnières, la pratique pastorale a laissé de nombreux témoignages dans le récit biblique. Ainsi, c’est très modestement que Moïse fait la rencontre du Seigneur au mont Horeb, puisque le Livre de l’Exode nous précise que Moïse était berger et faisait paître son troupeau (Ex 3,1) : "Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb." Après cette rencontre extraordinaire, un symbole évident s’imposera alors : Moïse sera à la tête de son troupeau, et ce sera à lui qu’incombera de connaître le chemin à prendre, son bâton à la main…
De même, n’est-il pas étonnant que le Livre des Psaumes fasse de ce métier, et de l’image du berger guidant son troupeau, une métaphore majeure pour le peuple d’Israël : "Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits. Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu'il conduit, le troupeau guidé par sa main. Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ?" (Ps 94, 6-8). Cependant, soulignons qu’être berger d’un troupeau, c’est mener ses bêtes, mais aussi les protéger du danger omniprésent des prédateurs et voleurs, ce que nous rappelle également le psaume 22 : "Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure". La confiance vient de la force du berger qui transmet sécurité et paix.
Berger et royauté
L’Ancien Testament insiste à de nombreuses reprises sur le lien étroit unissant foi d’Israël et métier de berger. Aussi, est-ce un tout jeune pasteur en la personne de David qui sera l’élu de Dieu pour mener son peuple, ce que souligne clairement le psalmiste : "Il choisit David son serviteur ; il le prend dans les parcs à moutons ; il l'appelle à quitter ses brebis pour en faire le berger de Jacob, son peuple, d'Israël, son héritage. Berger au cœur intègre, sa main prudente les conduit" (Ps 77, 70-72).
Le berger présidera dorénavant aux destinées du peuple d’Israël, et le roi David, malgré ses excès et graves fautes, reviendra toujours à cette humilité de celui qui faisait paître son troupeau à l’origine.
Jésus, le bon Pasteur
Concernant le Nouveau Testament, c’est dès sa naissance que Jésus se trouve placé sous le signe des pasteurs et bergers. Ce sont en effet des bergers qui les premiers viendront reconnaître et adorer Celui qui sera amené à les conduire : "Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé" (Lc 2,20). Une Adoration des bergers qui sera source d’inspiration fertile pour les plus grands artistes.
Jésus n’aura de cesse durant sa vie sur terre d’avoir recours à l’image du pasteur dans ses nombreuses paraboles. L’Évangéliste Jean nous rapporte l’une d’entre elles bien connue où Jésus affirme sans équivoque : "Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis" (Jn 10,11). La suite du texte précise ce qu’est le vrai berger, celui qui connaît ses brebis, celles-ci reconnaissant sa voix. Mais Jésus rappelle aussi que le pasteur se doit de réunir les brebis égarées, celles "qui ne sont pas de cet enclos", soulignant ainsi son action missionnaire jusqu’au don ultime de sa vie et celle future de ses disciples…