Les montagnes, par leur hauteur imposante, ont depuis toujours fasciné l’homme, revêtant dans l’histoire des civilisations une signification importante. Pour le peuple d’Israël, c’est au mont Horeb, souvent assimilé au Mont-Sinaï, que Dieu apparaît aux hommes désignant dès lors ce lieu comme étant la « Montagne du Seigneur ».
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La place accordée aux cimes dans les religions demeure primordiale, les sommets étant par nature considérés comme des lieux de pureté rendus difficiles d’accès aux hommes. Leur hauteur et proximité avec le ciel expliquent que très tôt les montagnes aient été des lieux abritant des divinités et le monothéisme biblique s’inscrira lui aussi dans cet héritage. Ainsi les récits bibliques se référent-ils à plusieurs reprises à une montagne désignée sous le nom de mont Horeb. Située en Égypte, cette montagne serait pour certains distincte du Mont-Sinaï alors que d’autres les considèrent comme un seul et même lieu. Sommes-nous alors en présence d’une ou de deux montagnes bibliques ? Le débat fait rage entre spécialistes et il n’est dès lors pas aisé de trancher. Les deux sites se trouvent, en effet, tant l’un que l’autre, mis en avant par la Bible dans le Deutéronome, au Livre de l’Exode, et aux Livres des Rois. Si l’Exode fait référence pour sa part au Sinaï, le Deutéronome et le Livre des Rois donnent eux à la montagne sainte le nom d’Horeb. Seul le Livre de Ben Sira le Sage évoque un même lieu sous deux noms différents : « Toi qui as entendu au Sinaï des reproches, au mont Horeb des décrets de châtiment ». Les récits bibliques compliquent plus encore parfois les choses en désignant simplement « la montagne » ou en nommant encore le désert de la péninsule de forme triangulaire entre Méditerranée et mer Rouge en Égypte du nom même de Sinaï… Que conclure ?
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La montagne aride où Dieu se révèle
Si les recherches ne permettent pas d’affirmations fermes, le mont Horeb demeure néanmoins selon les récits bibliques un lieu sacré essentiel pour les chrétiens. Cité par le Deutéronome, il constitue un lieu privilégié où Dieu a choisi de se révéler. Étrangement, le terme d’Horeb signifie « aride », « desséché », en raison du climat extrême qui règne en ces lieux d’Égypte. Et, pourtant, c’est dans cet endroit désertique que la Bible situe la rencontre déterminante de Dieu et de Moïse lors de l’épisode du Buisson ardent lorsque Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. « Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb. L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer ». Alors, après lui avoir rappelé la sainteté du lieu en lui enjoignant d’enlever ses sandales, Dieu déclare à Moïse : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ». Ainsi, le mont Horeb est bien la « Montagne de Dieu ».
L’Exode et le don de la Loi
De même, selon le Livre de l’Exode, alors que Moïse accomplit la parole divine en obtenant du pharaon la libération du peuple d’Israël asservi par les Égyptiens, les Hébreux sont contraints d’errer dans le désert après avoir quitté leurs anciens oppresseurs. Le Seigneur, lors de cette pérégrination, descend sur le sommet de la montagne et appelle Moïse qui monta vers lui ; une rencontre impensable entre un dieu et un homme marquant un tournant unique dans l’histoire de l’humanité. Ce récit apparaît particulièrement important pour le mouvement qu’il imprime entre Dieu qui s’abaisse et l’homme qui s’élève en ce point de rencontre à la cime de la montagne, lieu de convergence et de foi. De cette rencontre naîtra l’Alliance qui se matérialisera par un don, celui de la Loi gravée sur la pierre, les tables données à Moïse. Cependant, le Livre de l’Exode n’évoque pas explicitement le mont Horeb, mais celui du Mont-Sinaï, d’où notre source d’hésitation et ces débats infinis… Quoi qu’il en soit, cependant et malheureusement, ce sera au pied de cette Montagne sainte que les Hébreux ne tarderont pas à oublier ce précieux don et retourneront au paganisme en adorant le Veau d’or, contraste saisissant entre ce qui venait de s’accomplir sur les hauteurs du mont Horeb et les penchants trop humains en contrebas…
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Le prophète Élie au mont Horeb
Le mont Horeb réapparaît, enfin, une nouvelle fois au premier Livre des Rois avec Élie. Alors que le prophète fuyait la vengeance de la reine Jézabel, adepte de Baal, et dont Élie avait supprimé tous les prêtres, celui-ci parvient épuisé au désert prêt à se laisser mourir. Mais, un messager divin lui apparaît lui enjoignant de se nourrir et lui indiquant le chemin à parcourir, précisément, vers l’Horeb. Le prophète obéissant marche quarante jours et quarante nuits pour atteindre la « Montagne de Dieu », le fameux mont Horeb. Un temps de purification et une symbolique du chiffre 40 précédemment retenue pour les années d’Exode qui sera reprise par le Nouveau Testament. À l’endroit même où Dieu s’était révélé à Moïse, sur les hauteurs du mont Horeb, c’est maintenant au prophète Élie que sera faite l’apparition, mais d’une manière sensiblement différente, très poétique, et qu’il convient de rappeler : « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer. » Le Mont Horeb, Montagne de dieu, est, de nouveau, ce lieu privilégié offrant cet instant rare et précieux de la rencontre de Dieu et de l’homme. Mais, une rencontre divine, non point dans la force des éléments, mais dans la douceur d’un souffle léger, preuve de la force de l’amour divin accordé à la faiblesse humaine ; n’est-il pas écrit, en effet, au Livre des Rois :
« À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère ».
C’est ce souffle divin que nous offre encore aujourd’hui ce lieu biblique de rencontre et d’amour qu’est le mont Horeb.
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