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Le pape François dépoussière la dévotion pour le Sacré-Cœur de Jésus

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Camille Dalmas - publié le 24/10/24
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Avec Dilexit nos, sa quatrième encyclique, le pape François souligne toute l'actualité, la beauté et la force d'un culte qu'on a pu trouver démodé et souvent associé à une esthétique « sulpicienne » plus vraiment à la mode de nos jours.

« Certains se demandent si cela a encore un sens aujourd’hui » : en ouverture de son encyclique, le pape anticipe la surprise de tous ceux qui vont se demander comment l'auteur de Laudato si' et Fratelli tutti, deux encycliques à la très forte dimension sociale et politique, peut ensuite en proposer une consacrée à une spiritualité autour du Sacré-Coeur parfois perçue comme datée. Cependant pour le pape, c’est en fait le “cœur” qui n’est plus à la mode de nos jours, souvent négligé au profit de l'intelligence, de la volonté ou de l'âme : “La dévalorisation du centre intime de l’homme – du cœur – vient de très loin : on la trouve déjà dans le rationalisme grec et préchrétien, dans l’idéalisme postchrétien et dans le matérialisme sous ses diverses formes”, note le pape argentin, soulignant aussi la faible place qu'il occupe en anthropologie et dans la “grande pensée philosophique”. Dès lors, parler du Sacré-Cœur de Jésus, explique le pape, c'est “redécouvrir l'importance du cœur”, dimension centrale de l'homme.

Le cœur, note le pape, est encore aujourd’hui “perçu dans le sentiment populaire comme le centre affectif de tout être humain”. C’est lui qui peut donc “le mieux signifier l’amour divin du Christ uni pour toujours et inséparablement à son amour humain”, insiste le pape. Le Sacré-Cœur permet d'exprimer cette dimension incarnée, humaine, à la fois physique et spirituelle de l'amour, qui s'unit dans la personne du Christ avec la dimension divine de l'amour. Revaloriser le lien entre ces dimensions, le culte du Sacré-Cœur peut faire “beaucoup de bien”, estime-t-il dès lors, expliquant y voir notamment un antidote contre des “maladies très actuelles” qui frappent le monde et l'Église.

Un dualisme janséniste préjudiciable

Rappelant l'histoire de sainte Marguerite-Marie Alacoque, le pontife rappelle comment la dévotion pour le Sacré-Cœur de Jésus s'est développée dans un “contexte janséniste” qui méprisait la dimension corporelle de l'homme et “avait fini par ignorer la miséricorde infinie de Die”. “Je dois souligner qu’un dualisme janséniste préjudiciable renaît sous de nouveaux traits au sein même de l’Église”, assure le pape qui estime que ce “gnosticisme” a acquis une “nouvelle force au cours des dernières décennies”.

Le pape François vise aussi un “autre dualisme” avec cette encyclique : celui qui frappe les catholiques “qui se concentrent uniquement sur les activités extérieures, les réformes structurelles dépourvues d’Évangile, les organisations obsessionnelles, les projets mondains, les réflexions sécularisées, les propositions qui se présentent comme des prescriptions que l’on veut parfois imposer à tous”. Comme pour le néo-jansénisme, le Sacré-Cœur peut aider à “toucher la sensibilité contemporaine » pour combattre ce « transcendantalisme trompeur”, affirme le pontife.

Pour lui, de la même façon que le cœur d'un homme, organe central, est devenu le “centre intime de la totalité de la personne”, le Sacré-Cœur est le “seul symbole” dans lequel on peut retrouver la « totalité de l'Évangile”. Il s'explique : “Devant le Cœur du Christ il est possible de revenir à la synthèse incarnée de l’Évangile et de vivre ce que je proposais il y a peu, en rappelant la chère sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : 'L’attitude la plus appropriée est de placer la confiance du cœur hors de soi-même, en la miséricorde infinie d’un Dieu qui aime sans limites et qui a tout donné sur la Croix de Jésus-Christ'”.

Lui seul peut nous libérer

Il s'agit d'une nécessité importante dans une époque matérialiste comme la nôtre, note le pontife : “Aujourd’hui, tout s’achète et se paie, et il semble que le sens même de la dignité dépende de ce que l’on peut obtenir par le pouvoir de l’argent. Nous sommes pressés d’accumuler, de consommer et de nous distraire, prisonniers d’un système dégradant qui ne nous permet pas de voir au-delà de nos besoins immédiats et mesquins”. Heureusement, insiste-t-il, “l’amour du Christ est en dehors de cet engrenage pervers et Lui seul peut nous libérer de cette fièvre où il n’y a plus de place pour un amour gratuit”.

Pour François, la dévotion au Sacré-Cœur peut dès lors renforcer l'Église aujourd’hui en rendant visible la “conscience brûlante de l’amour de Jésus” dans l’expérience spirituelle personnelle mais aussi dans l’engagement communautaire et missionnaire. Car, comme il le souligne en détail dans cette encyclique atypique, “le contenu des encycliques sociales Laudato si’ et Fratelli tutti n’est pas étranger à notre rencontre avec l’amour de Jésus-Christ”.

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