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En une année, depuis la dernière étude d’Aleteia sur les évêques de France, le pape François a procédé à un changement dans pas moins de vingt diocèses, soit un cinquième des 97 sièges épiscopaux de notre territoire. Pourtant, cela n’est pas synonyme de modifications majeures dans le profil des évêques, même si quelques inflexions sont notables, à commencer par la création, en septembre, d’un nouveau cardinal en la personne de Mgr Bustillo, évêque d’Ajaccio.
Le fait le plus inattendu est sûrement le départ précoce de cinq évêques en un an. Si Didier Berthet, évêque de Saint-Dié, est décédé le 8 septembre 2023 encore en poste – il avait 61 ans – trois autres ont demandé à être démis de leur charge pour raison de santé, demande acceptée par le Saint-Père. Depuis le mois de février, Mgr Gilles Reithinger n’est par exemple plus évêque auxiliaire de Strasbourg. Il est aussi sous le coup d’une enquête canonique. Dans le même diocèse, il y a un an, Mgr Ravel, l’archevêque, a renoncé après des mois de polémiques sur sa gouvernance. Plus rare, et symptomatique de la difficile de la tâche pastorale, Mgr Brac de La Perrière et Mgr Batut, à Nevers et à Blois, ont été nommés auxiliaires respectivement à Lyon et à Toulouse après une dizaine d’années en poste et déjà une première expérience d’auxiliaire.
Déblocage dans le diocèse de Fréjus-Toulon
Une autre nomination a suscité de nombreuses réactions. En novembre, le pape François a choisi Mgr Touvet, de Châlons, comme coadjuteur pour Mgr Rey à Fréjus-Toulon, lequel a encore trois ans devant lui avant l’âge canonique de renonciation. Une manière, pour Rome, de débloquer une situation compliquée sans humilier celui dont le gouvernement a été rudement mis en cause et qui s’était vu retirer le droit d’ordonner des prêtres.
Certes, un quart des diocèses a été concerné par un changement d’évêque depuis avril dernier, mais ce renouvellement est mesuré car onze évêques ont simplement changé de siège : Lille, Le Mans, Nancy, Perpignan, Chambéry, Albi, Strasbourg et Viviers ont ainsi accueilli un évêque déjà expérimenté. Voire très expérimenté puisque Mgr Giraud arrive en Ardèche après avoir été auxiliaire à Lyon, évêque à Soissons puis à Sens-Auxerre.
Une moyenne d'âge à 64 ans
Néanmoins, l’épiscopat se renouvelle, sans se rajeunir, avec une moyenne d’âge à 64 ans en 2024. L’année écoulée a ainsi vu la consécration de neuf nouveaux pasteurs, âgés de 48 à 62 ans : Mgr Guiougou (Basse-Terre), Mgr de Cagny (Évreux), Mgr Vetö (auxiliaire à Reims), Mgr Cador (Coutances), Mgr Tois (auxiliaire à Paris), Mgr Gschwind (Pamiers), Mgr Durand (Valence), Mgr Dupont (Laval), Mgr Drouot (Nevers). Neuf hommes qui ne démentent pas vraiment le portrait-robot de l’évêque de France établi en 2023 : cinq ont été vicaires généraux et deux recteurs de séminaires. Ils sont cependant nommés à un âge moyen plus tardif, et deux proviennent de communautés (Chemin neuf et Augustins de l’Assomption) qui n’avaient jamais donné d’évêque en France.
Ils dessinent l’Église en France d’aujourd’hui et de demain où, désormais, le pape François a choisi 56 d’entre eux, sur 103 pasteurs, et où l’habitude de ne pas laisser très longtemps un évêque à la tête de son diocèse se poursuit. 18 d’entre eux seulement, à ce jour, sont au même poste depuis plus de dix ans, et plus de la moitié depuis moins de cinq ans. Nombreux sont les évêques à faire ainsi une sorte de carrière : d’abord auxiliaire dans un important diocèse, ensuite une dizaine d’années dans un diocèse moyen puis une dernière nomination à un siège plus important et délicat. Plus du tiers des archevêques métropolitains sont ainsi à leur troisième poste. Pourtant, le pape François semble aussi apprécier un profil différent : un pasteur expérimenté choisi après 60 ans pour les diocèses ruraux et moins peuplés.