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Elle accompagne au quotidien les femmes les plus marginalisées. Soeur Nelly León, une religieuse chilienne de 65 ans, a reçu le 5 février le prix Zayed, qui récompense les initiatives favorisant la fraternité humaine. Cette religieuse de la congrégation Notre-Dame de la Charité du Bon-Pasteur prie et travaille infatigablement pour les femmes détenues de la prison San Joaquín à Santiago du Chili, où elle est aumônière depuis 2005. Fondatrice de "Mujer levántate" ("femme, lève-toi" ndlr), une association oeuvrant pour la réinsertion des ex-détenues, la religieuse obtient rapidement une reconnaissance internationale pour son travail auprès des femmes en prison. En 2018, le pape François rend même visite à sœur Nelly et ses protégées de la prison San Joaquín. Une vie entièrement donnée et une mission chrétienne accomplie, pourrait-t-on penser. Et pourtant, après plus de 20 ans à Le servir dans les prisons, Dieu lui demande de donner encore plus.
18 mois en prison
En 2020, elle vit une expérience qui marque un tournant dans sa vie de consacrée. Lorsque l’épidémie de Covid-19 frappe le pays en mars de cette année-là, les autorités chiliennes ordonnent le confinement de la population. Pour le Centre pénitentiaire San Joaquín, cette décision signifie la fin de toutes les visites aux détenues jusqu’à nouvel ordre, y compris celles des aumôniers. C’est une catastrophe pour sœur Nelly, qui ne peut se résoudre à abandonner ses protégées. Elle insiste tant que l’administration pénitentiaire finit par céder, à une condition : la religieuse devra rester tout le temps du confinement à l’intérieur de la prison, sans possibilité de sortie. "J'ai accepté, convaincue que c'était ce que Dieu me demandait, car l'Évangile dit: “J'étais en prison et vous êtes venus me voir” (Mt 25, 36)", témoigne-t-elle plus tard dans Vatican News. Elle restera en prison pendant 18 mois, Noël compris.
Cette décision radicale, sœur Nelly l’a choisie, considérant la solitude comme l’épreuve la plus douloureuse que les femmes détenues aient à surmonter. À cette période, plus de 600 femmes sont incarcérées à San Joaquín, et 90% d’entre elles sont mères. "Une femme privée de liberté écope de trois peines", avait-elle confié à l’édition espagnole d’Aleteia, quelques semaines avant l’épidémie. "La première est celle édictée par la Cour de justice, la deuxième est celle de la société, et la plus difficile, la séparation d’avec leurs enfants". Ne pas recevoir la visite de leurs familles pour une durée indéterminée est pour ces femmes un supplice, que sœur Nelly veut pouvoir soulager un peu en offrant sa présence.
Répondre à sa vocation
À la prison, le quotidien pendant le confinement est difficile et plein d’angoisse. La moitié des détenues sont bientôt atteintes du Covid. Au bout de quatre mois, sœur Nelly, toujours en prison, témoigne de la fatigue et de l’angoisse qu’elle partage avec les détenues dans un entretien téléphonique à Aleteia. "Cela a été très intense ces derniers mois, car il n’y a pas de jours de repos ici", assurait-elle. "Mais je vais bien et je suis au service des autres, c'est ce qui me rend heureuse". En prison, sœur Nelly passe ses journées à soigner et veiller ses protégées nuit et jour, préparant quotidiennement huit litres de limonade chaude qu’elle distribue à chacune. Plus que tout, la religieuse craint d’être contaminée par le virus. Non pas pour elle-même, mais parce que la maladie la contraindrait à quitter la prison pour être soignée. "Ma tristesse aurait été de laisser les femmes ici, c’est comme l'image du bon berger qui n’aurait pas pu quitter son troupeau."
Depuis cette épreuve, sœur Nelly poursuit son travail pour accompagner les détenues en prison et favoriser leur réinsertion à la sortie. À Mujer levantate, ces femmes peuvent se reconstruire en étant accompagnées, en suivant des cours et en préparant un diplôme. Celles qui n'ont nulle part où aller y trouvent aussi refuge. Sur chacune, la religieuse veut poser un regard de bienveillance et de miséricorde, nécessaire pour se relever. "J'essaie seulement de répondre à la vocation à laquelle le Seigneur m'a appelée, de Le contempler et de Le servir auprès de milliers de femmes privées de liberté, la plupart pour des délits qu'elles ont commis en raison de la pauvreté dans laquelle elles sont nées", assure-t-elle. "Je peux dire aujourd'hui que ce séjour en prison a été la plus belle chose qui ait pu m'arriver dans ma vie consacrée".