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Rita, Antoine de Padoue… D’où vient la tradition populaire des saints patrons ?

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Saint Antoine de Padoue.

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Marthe Taillée - publié le 29/10/23
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Pourquoi saint Antoine est-il le patron des objets perdus, ou sainte Barbe la patronne des pompiers ? Tradition populaire ou décrets d’Église ? Enquête.

"Saint Antoine, aidez-moi à retrouver mon trousseau de clés !" Qui n’a pas un jour, demandé à tel ou tel saint de venir à son secours ? Dans un registre plus large, les chrétiens sont nombreux, face aux épreuves, à invoquer l’intercession des saints. "Comme Dieu nous échappe et que nous ne nous sentons pas dignes de son attention, nous cherchons des intermédiaires, qui transmettent nos intentions et qui, en retour, nous transmettent la grâce de Dieu", analyse le père Maximilien de la Martinière, prêtre du diocèse de Versailles et auteur du livre La piété populaire, une chance pour l’évangélisation (éd. Médiaspaul, 2019). Puis d’énumérer d’autres médiations possibles comme les anges mais aussi des objets tels les statues et les médailles, ou des lieux comme les sanctuaires…

Au sujet des saints patrons, le prêtre explique : "Nous nous disons que plus ce saint est proche de Dieu, plus nous avons la chance qu'il porte, à Celui-ci, nos prières et, en même temps, nous avons une affection particulière pour ceux qui sont proches de nous dans ce que nous vivons sur la terre", poursuit le prêtre, en donnant l’exemple des saints régionaux ou locaux, liés à un territoire et à son histoire.

Le saint, quelqu’un qui « nous parle »

"Ce qui met en route la dévotion, c’est cette amitié avec le saint : c’est quelqu’un qui ‘nous parle’… Mais c’est aussi une expérience vécue, (tel saint m'a exaucé), une transmission (ma grand-mère priait beaucoup ce saint)". Au fil du temps, s’établit "une familiarité avec lui".

Signe d’une quête universelle d’absolu, les saints patrons sont invoqués par les hommes, croyants ou non, depuis le Moyen Âge. Des corporations se réunissent alors par métiers pour obtenir la protection d’un saint, comme saint Honoré pour les boulangers. Ou sainte Barbe, qui naquit au IIIe siècle et fut torturée par son père pour avoir choisi de se donner au Christ. Son père sera foudroyé juste après l’avoir décapitée. Ce lien à la foudre fera d’elle la patronne des armuriers, artilleurs et artificiers, puis des pompiers. 

Dérives

Parfois, c’est une anecdote prêtée à un saint très ancien, ajoutée à une vie réellement édifiante, qui a conduit la tradition populaire à lui attribuer le patronage d’une cause. Comme saint Antoine, vénéré chez les personnes qui perdent leurs affaires. On raconte que ce disciple de saint François aurait miraculeusement retrouvé son précieux psautier annoté, qui lui avait été dérobé. 

Jusqu’au XVIe siècle, la piété populaire a désigné de nombreux saints pour invoquer la protection de tel fléau ou telle maladie, relevant parfois de la légende et floutant la frontière entre foi et superstition. Ainsi, sainte Wilgeforte, qui aurait vécu au Portugal au IVe siècle, était priée par les épouses malheureuses en ménage. À tel point qu’en 1630, le pape Urbain VIII décida d’encadrer l’élection des saints patrons. "À la fin du XVIe siècle, la Congrégation pontificale pour les sacrements a pour tâche de répertorier les saints, et d’autoriser ou non leur vénération. Ces compétences seront ensuite confiées à la Congrégation des causes des saints, qui en a toujours la charge et ratifie les patronages", peut-on lire dans un article du 20 avril 2018 sur le site de La Croix.

Église et piété populaire : un double-mouvement

L’Église nous invite ainsi à nous inspirer de la vie exemplaire des saints qui, comme nous, ont vécu au milieu du monde. En fait, "pour ce qui relève du culte des saints, l’institution-Église et la piété populaire se nourrissent l’une et l’autre", résume le père Maximilien. "L'Église peut proposer un saint, que les fidèles vont s’approprier, comme saint Luc, patron des médecins. Ou bien, le plus souvent, c'est le peuple qui reconnaît la sainteté de quelqu’un par les miracles, la tradition orale… Ce qui conduit l'Église à étudier sa canonisation", conclut-il. Alors n’hésitons pas à demander l’intercession de ces grandes figures de la foi !

[EN IMAGES] Ces saints qui ont aussi combattu le diable :

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