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Dubia, Synode, Laudate Deum… Ciel chargé cette semaine au Vatican

Pope Francis leads a mass on the opening day of the 16th Ordinary General Assembly of the Synod of Bishops 2023
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Anna Kurian - publié le 06/10/23
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Entre l’ouverture de la première session romaine du Synode sur l’avenir de l’Église – chantier qui aborde des thématiques sensibles – et le cri d’alarme pour le climat avec la publication de ‘Laudate Deum’, la suite de Laudato si’, la semaine mouvementée du Vatican a attiré les caméras de nombreux médias du monde entier.

Aucun nuage dans le ciel de Rome cette semaine, pourtant dès lundi la publication à grand fracas des “dubia” de cinq cardinaux conservateurs (Brandmüller, Burke, Sandoval Íñiguez, Sarah et Zen) a résonné comme un coup de tonnerre. Ceux-ci ont formulé au pape François leurs doutes, à la veille de l’ouverture du Synode. Dans ce texte, les prélats, tous à la retraite et dont certains sont connus pour leur opposition aux orientations du pontife argentin, y demandaient notamment une clarification quant à l’enseignement de l’Église sur l’homosexualité et l’interrogeaient sur la possibilité ou non que des femmes puissent un jour devenir prêtres. Ils s’inquiétaient aussi de ce que beaucoup "souhaitent utiliser [le Synode] pour contredire la doctrine catholique".

Le lendemain, mardi, nouveau coup de théâtre : la réponse officielle du Pape, est rendue publique par le dicastère pour la Doctrine de la foi. Le pape répond point par point, sur une argumentation en huit pages, invitant notamment à une « prudence pastorale » sur la question des bénédictions de couples homosexuels, demandant aux conférences épiscopales de ne pas établir de norme générale sur ce sujet. Rappelant la conception traditionnelle de l’Église sur le mariage, une union entre homme et femme, le pontife souhaite éviter "tout type de rite" qui risquerait de "contredire cette conviction". François laisse toutefois la porte ouverte à des "formes de bénédiction" pour des couples homosexuels, à condition qu’elles s’accompagnent de "prudence pastorale" et ne transmettent pas "une conception équivoque du mariage". Une réponse qui n’a pas rassuré les cardinaux. 

[EN IMAGES] À quoi ressemble le Synode ?

Pendant ce temps, les 464 participants au Synode, cardinaux, évêques, prêtres, religieux et laïcs, étaient en retraite spirituelle à Sacrofano, dans le nord de Rome, loin de ces débats, par volonté expresse du pape. Samedi soir 30 septembre, lors d’une veillée œcuménique en prélude au Synode, le Pape avait donné le ton en faisant l’éloge du silence, afin de ne pas se laisser influencer par les "idéologies" et les "polarisations". Les deux prédicateurs de la retraite, la religieuse bénédictine Mère Maria Ignazia Angelini, et le prêtre dominicain Timothy Radcliffe, se sont fait fort pendant trois jours d’appeler les membres du Synode à se tenir éloignés des intérêts personnels, des concurrences, des plans politiques… et des rumeurs des médias. 

Appels au calme 

À leur retour de retraite, la journée de mercredi a vu s’enchaîner les événements dans un Vatican assiégé par la presse, venue en nombre pour l’ouverture tant attendue des travaux. "Nous ne sommes pas ici pour mener une réunion parlementaire ou un plan de réforme", a martelé le pape François durant la messe solennelle du matin place Saint-Pierre. Entouré des 20 nouveaux cardinaux qui avaient été créés lors du consistoire quatre jours auparavant, il s’est fait le détracteur d’une "Église rigide, qui s’arme contre le monde et regarde en arrière ; (…) une Église tiède, qui se soumet aux modes du monde ; (…) une Église fatiguée, repliée sur elle-même". Une nouvelle fois, il a enjoint à abandonner les "convictions acquises" et les "solutions faciles". 

Pendant ce temps, pour honorer la fête de saint François d’Assise, était publiée la suite de Laudato si’, l’exhortation apostolique Laudate Deum, sur l’urgence de la lutte pour le climat, saluée par les principaux organismes dédiés à la cause. Resté discret, ce texte n’a pas fait l’objet de conférence de présentation, hormis la lecture de scientifiques – dont le Prix Nobel de Physique Giorgio Parisi – et d’écologistes dans les Jardins du Vatican, le lendemain. Comparativement, Laudate Deum a donc fait largement moins de bruit que sa sœur aînée l’encyclique Laudato Si’ publiée en 2015. Et c’est la météo du Synode qui a continué à attirer l’attention.

Des manifestations autour du Synode

Tandis qu’autour de Saint-Pierre, des organisations ont d’ores et déjà annoncé des manifestations notamment pour l’accès des femmes au sacerdoce, et que la salle de presse du Saint-Siège s’est retrouvée en ébullition ces jours-ci, l’évêque de Rome a adressé un avertissement directement aux journalistes, lors de la première congrégation générale dans l’après-midi. Depuis la grande salle Paul VI du Vatican, où les 365 membres du Synode suivent les interventions depuis des tables rondes disposées sans position de présidence, il a regretté que les précédents synodes aient été parasités par des débats venus des opinions publiques. Et le chef de l’Église catholique de citer la question des divorcés-remariés qui a focalisé l’attention lors du Synode sur la Famille en 2014-2015, ou encore l’ordination d’hommes mariés au Synode sur l’Amazonie en 2019. Pointant du doigt au passage les "hypothèses" qui ont surgi ces derniers temps comme "le sacerdoce pour les femmes", le Pape a alors appelé à faire une "pause de toute l’Église dans l’écoute", exigeant une "ascèse", un "jeûne" de la parole publique durant le temps du Synode. 

La recommandation insistante du pontife argentin s’est accompagnée d’un règlement intérieur du Synode très strict concernant la communication. En conséquence, le premier briefing du préfet du dicastère pour la Communication, Paolo Ruffini, jeudi, a suscité quelque frustration parmi les journalistes couvrant le synode, reprochant au Saint-Siège d’étouffer les débats.

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