Située dans la province anatolienne d’Antalya, l’église byzantine de saint Nicolas actuelle, construite au VIe siècle, repose sur un édifice plus ancien, dans lequel saint Nicolas officiait comme évêque de Myre mais qui fut submergé par les eaux après une montée du niveau de la Méditerranée dans les siècles suivants. Depuis des années, les vestiges recouverts d’alluvions de cette église primitive font l’objet de fouilles par une équipe d’archéologues turcs. Et c’est là qu’ils ont récemment retrouvé un sarcophage vide, placé dans une niche latérale et portant quelques inscriptions en grec. Tout semble indiquer que le corps du saint y aurait été déposé après sa mort.
Lors d'une conférence de presse, le 13 octobre dernier, le Conseil régional de préservation du patrimoine culturel d’Antalya a également informé qu’une partie du sol originel de l’église, sans doute foulé par saint Nicolas, a été mis au jour, ainsi qu’une remarquable fresque représentant le Christ bénissant d’une main et tenant l’Évangile de l’autre.
Reliques emmenées en Italie
L’église de l’antique Myre fut un grand centre de pèlerinage dès le VIe siècle, malgré la menace constante que font ensuite peser les raids arabes dans la région. L’affluence de pèlerins désirant se recueillir devant les restes de saint Nicolas, réputés exsuder une huile parfumée, ne se dément pas jusqu’au XIe siècle. Cette période marque en effet la conquête de l’Anatolie par les Turcs seldjoukides, vainqueurs des armées byzantines à Manzikert, en août 1071. Cet évènement, qui aura un large retentissement, décide plusieurs cités marchandes italiennes à mettre les reliques de l’évêque en sécurité. Devançant les Vénitiens, des corsaires de Bari s’emparent d’une partie des ossements convoités et les amènent dans les Pouilles. S’y élève ensuite une basilique pour les abriter dignement et les offrir à la dévotion des fidèles. C’est ainsi que le culte de saint Nicolas de Bari – et non plus de Myre – se répand dans tout l’Occident médiéval. À noter que d’autres reliques ont trouvé refuge en Europe, notamment en Alsace et en Allemagne rhénane.
En 2017, sur décision du pape François, une relique du saint est d’ailleurs apportée en Russie — dont il est le patron — et exposée à la vénération de plus de 2 millions de chrétiens de ce pays.
Le sanctuaire apulien continue d’accueillir de nombreux pèlerins catholiques mais aussi orthodoxes, très attachés à saint Nicolas. En 2017, sur décision du pape François, une relique du saint est d’ailleurs apportée en Russie — dont il est le patron — et exposée à la vénération de plus de 2 millions de chrétiens de ce pays. Cette translatio historique – jamais ces reliques n’avaient quitté Bari depuis 930 ans – témoigne de cet "œcuménisme des saints" au service du dialogue entre les Églises d’Orient et d’Occident.
Vie et rayonnement de saint Nicolas de Myre
Mais que sait-on de la vie de saint Nicolas ? Devant le manque de sources historiques fiables, force est de se contenter de chroniques hagiographiques médiévales et d’éléments issus de la tradition, rapportés entre autres par saint André de Crête et le moine Jean du monastère Stoudion de Constantinople.
Nicolas serait donc né à Patare, dans la province de Lycie (Asie mineure – sud de l’Anatolie actuelle) vers 230 apr. J.-C., dans une famille chrétienne fortunée. Orphelin de ses deux parents emportés par la peste, Nicolas distribue son héritage aux pauvres et aux nécessiteux avant d’être ordonné prêtre. Succédant à son oncle, également prénommé Nicolas, à la tête du diocèse de Myre, il est ensuite arrêté et torturé lors des persécutions dioclétiennes, mais parvient à regagner ses terres. La présence de ce farouche adversaire de l’arianisme au concile de Nicée, en 324, est confirmée par plusieurs écrits. Il meurt le 6 décembre 343, jour que choisira l’Église catholique pour célébrer sa mémoire.
Défenseur des faibles et des petits, auteur de miracles, patron de plusieurs corps de métiers et protecteur de diverses nations, saint Nicolas de Myre occupe une place de choix dans la piété populaire aussi bien orientale qu’occidentale.