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Strasbourg : sous le parking, les mosaïques d’une église du XIIIe siècle

Nettoyage du sol pavé de l’église avant son prélèvement pour étude (13e – 14e siècles).

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Thérèse Puppinck - publié le 28/07/22
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À Strasbourg, une belle découverte a fait la joie début juillet des archéologues et des amateurs d’histoire religieuse : une église vieille de huit siècles a été découverte lors d’un chantier de fouilles archéologiques préventives.

Dans la tranquille rue des Glacières, non loin du centre-ville de Strasbourg, un programme de logements a été lancé sur l’emplacement d’un ancien parking. Mais avant la construction du nouvel immeuble, des fouilles préventives sont diligentées par la Direction régionale des affaires culturelles (D.R.A.C.). Procédure habituelle, et chantier banal de prime abord. Les archéologues espéraient dégager les fondements des glacières du XVIIIe siècle qui donnèrent son nom à la rue. Cependant, les excavations méthodiques du terrain n’ont mis au jour aucune trace des fameuses glacières. En revanche, c’est avec surprise et bonheur qu’ils ont découvert des vestiges beaucoup plus enthousiasmant : ceux d’une ancienne église et de quatre sépultures.

Les archéologues sont en effet rapidement fixés sur l’origine des fondations déblayées, grâce à l’ampleur de leur trouvaille. Sur les 3,5 ares du terrain, ils mettent au jour les restes d’un chœur, la partie d’une nef ainsi que la base d’un probable autel. De plus, le plan de l’édifice et son orientation viennent renforcer l’hypothèse d’un bâtiment religieux. En approfondissant leur recherche, ils tombent sur un beau pavement très bien préservé, constitué de trois rosaces et ornés de scénettes, qui laissent à penser que le chœur de l’édifice était richement décoré. Ce très bel ensemble est complété par des sépultures accolées au mur sud de la nef.

L’église des frères prêcheurs

Les historiens connaissaient, grâce à des documents anciens, l’existence d’un monastère dans ce quartier, mais on n’avait jamais réussi à le localiser avec précision. On savait par ailleurs que les dominicains avaient fondé un couvent à Strasbourg, en 1224, dans ce fameux quartier du Finkwiller, où se situe aujourd’hui la rue des Glacières. Ainsi, c’est probablement l’église des frères prêcheurs qui a été mise au jour il y a quelques semaines.

Au XIIIe siècle, ce terrain est situé à l’extérieur des remparts. Les Dominicains sont en effet obligés de s’installer en dehors de la ville, sur un emplacement humide et insalubre, car l’évêque de l’époque ne souhaite pas de ce nouvel ordre mendiant dans ses murs. Cependant, 25 ans plus tard, un riche mécène leur fait don d’un terrain situé au centre de la ville, et les frères prêcheurs s’empressent de déménager, suivant l’habitude de l’Ordre qui s'installe de préférence au cœur des villes. Ils abandonnent alors leur premier établissement. Leur premier établissement est alors transformé en couvent féminin avant d’être détruit à la fin du XIVe siècle.

Les fouilles ont duré à peine trois semaines mais les archéologues ont pu extraire de nombreux éléments, notamment le pavement décoré et de petits fragments d’enduits peints. Débutent maintenant le nettoyage et l’analyse de ces éléments, opérations longues et minutieuses. La datation des sépultures au carbone 14 devrait permettre d’affiner la période d’occupation de cet ancien lieu de culte, et, selon toute probabilité, de confirmer l’hypothèse dominicaine. Aujourd’hui, les excavations réalisées par les archéologues sont rebouchées, le terrain est prêt pour la construction d’un immeuble d’habitation. Après une parenthèse de trois siècles, les frères prêcheurs sont revenus à Strasbourg en 1927. Ils sont aujourd’hui une quinzaine. Particulièrement actifs auprès des étudiants, ils souhaitent toujours vivre leur si belle mission : Louer, bénir et prêcher.

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