Surnommé "le pape au sourire", Jean Paul Ier est désormais bienheureux. Le pape François a autorisé, ce mercredi 13 octobre, la Congrégation pour les causes des saints à promulguer un décret concernant la reconnaissance d’un miracle attribué à son intercession.
Le miracle attribué au pontife est survenu le 23 juillet 2011 à Buenos Aires (Argentine) et concerne une fillette de onze ans alors hospitalisée depuis plusieurs mois et dont le pronostic vital était engagé. La patiente a guéri de manière inexpliquée d’une "encéphalopathie inflammatoire aiguë sévère, d’une épilepsie réfractaire maligne et d’un choc septique".
Ce jour là, alors que les médecins convoquent la famille pour lui annoncer une mort imminente, le curé de la paroisse du complexe hospitalier, très attaché au "pape au sourire", suggère à la mère de l’enfant de la confier à l’intercession de Jean Paul Ier. Le personnel hospitalier se joint à sa prière, et l’état de santé de la patiente montre alors des signes d’amélioration. La tendance se confirme dans les jours suivants au point qu’elle sort saine et sauve de l’hôpital un mois après.
Une procédure compliquée
Le procès de béatification de Jean Paul Ier a été ouvert en 1990 mais abandonné en 2015. Repris en 2016, avec pour postulateur le cardinal Beniamino Stella, préfet émérite de la Congrégation pour le clergé, la cause a finalement abouti en 2017 à la reconnaissance, par le pape François, des vertus héroïques de son prédécesseur.
Le 28 avril 2020, le pape François a créé la Fondation vaticane Jean Paul Ier dans le but d’encourager la recherche et la diffusion des œuvres de l’ancien patriarche de Venise. Le président de la fondation, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin avait estimé – paraphrasant Jean Paul II – que « l’importance de Jean Paul Ier est inversement proportionnelle à la durée brève de son pontificat ».
Le "pape au sourire"
Né en 1912 en Vénétie dans une famille très modeste, Albino Luciani embrasse très jeune sa vocation sacerdotale et s’illustre par sa grande vivacité d’esprit. Ordonné en 1935, il devient enseignant dans un premier temps avant d’être nommé évêque d’un petit diocèse de sa région, Vittorio Veneto en 1958 par Jean XXIII. Là, il se distingue par sa justesse de gouvernement.
À la surprise générale, il est choisi pour devenir patriarche de Venise en 1969 par Paul VI. Ce dernier le crée enfin cardinal en 1973, ce qu’il lui permet de participer au premier conclave de 1978 qui se tient au milieu du mois d’août.
Élu pape, il choisit – en hommage à ses prédécesseurs – le nom composé "Jean Paul", une première dans l’histoire de l’Église. Son court pontificat est l’occasion de plusieurs évolutions notoires : l’abandon du "nous" de majesté jusqu’alors employé ; ou encore celui de la tiare pontificale, qu’il refuse lors de son intronisation. Le détail le plus marquant est son sourire qui lui vaudra par la suite son surnom.
Un décès célèbre
Il demande aussi à son Secrétaire d’État de l’époque, le cardinal Jean-Marie Villot, d’enquêter sur des irrégularités au sein de la Banque du Vatican. Ce point alimentera par la suite les théories du complot nombreuses à son sujet qui prétendent qu’il a été assassiné pour cette raison.
Dans un ouvrage récent, la journaliste Stefania Falasca a écarté ces versions parfois très imaginatives rappelant que le décès résultait d’une crise cardiaque survenue dans la nuit du 28 septembre 1978.