La mort de Jean Paul Ier, le 28 septembre 1978, au bout de 33 jours de pontificat a fait couler beaucoup d'encre et laisser libre cours aux plus folles supputations, dont celles d'un complot voir d'un meurtre. Et pourtant, "il n’y a pas de doute possible" assure dans un livre la journaliste italienne Stefania Falasca, vice-postulatrice de sa cause en béatification. D'après des documents cliniques, Jean Paul Ier est bel et bien mort d’un infarctus, conséquence d’une maladie coronarienne, révèle-t-elle dans Papa Luciani. Cronaca di una morte (le pape Jean Paul Ier, chronique d’une mort), publié ce 7 novembre en Italie.
Dans la préface de l'ouvrage, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État près le Saint-Siège, salue la "rigueur" du travail de recherche entrepris "sur la base d’une documentation d’exception, inédite à ce jour". Après des décennies de "théories, soupçons et suppositions", il se réjouit de voir enfin éclaircis tant de points "restés dans les limbes, amplifiés et travestis par de noires reconstructions". Il espère que cette "reconnaissance que l'on doit à la mémoire de Jean Paul Ier" et à "sa valeur historique" ouvrira de nouvelles perspectives d’études sur l’œuvre de celui que l’on appelait "le Pape au sourire".
Et de fait dans l'ouvrage, Stefania Falasca s'attache à démonter toutes les rumeurs qui entourent la mort soudaine de Jean Paul Ier. Comment ? En procédant comme cela se fait toujours dans le cadre d’un procès en béatification et canonisation, en fouillant dans les documents et évaluant chaque source, chaque texte, chaque témoignage de manière rigoureuse et critique. Elle a effectué une confrontation précise et circonstanciée des preuves, y compris bien entendu concernant les derniers instants de la vie du Pape et le moment où il a été retrouvé mort dans son lit. Interrogée sur Radio Vatican, la journaliste a expliqué : "Nous avons aussi passé en revue sa dernière heure, l’heure extrême, pendant laquelle il eut de brefs échanges avec la religieuse qui l’a découvert le lendemain".
"Ces documents sont des sources orales pour un procès et ils sont confrontés avec les données médicales et cliniques, qui ne laisse pas de place aux doutes et suppositions (…) a-telle souligné. "La mort du pape Luciani est établie à partir de la fiche technique et du diagnostic fait au moment de la mort par le médecin, Renato Buzzonetti, qui correspondent à d’autres documents, toujours médicaux, que l’on a retrouvés. Le Pape est mort pour un problème ischémique qui a provoqué un infarctus. C’est la vérité pure et simple".
Un Pape déjà bien malade
Les nombreuses théories de complot nées après la mort de Jean Paul Ier sont dues au fait qu’aucune autopsie ne fut pratiquée sur son corps, le Vatican l'ayant refusé. Néanmoins, on sait que le Pape, âgé alors de 65 ans, était malade. Après huit séjours à l’hôpital pour y subir quatre opérations pour des problèmes d’embolie notamment, il devait absolument être suivi. L'absence de suivi médical entre son élection et sa mort, associée au surmenage pourraient être finalement à l’origine d’une mauvaise prise de médicament pour le cœur.