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Parents, évitez ces erreurs avec votre aîné

Brother, Sister, Family

© Lopolo

Edifa - publié le 16/03/20

La personnalité de votre enfant va dépendre en partie de sa place dans la fratrie et, surtout, de ce comment vous allez l’éduquer. Une attention particulière doit être portée à l’aîné, qui peut trouver sa position parfois pesante.

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Naître le premier présente bien des avantages. De nombreux aînés en témoignent, fiers de l’être et très heureux de cette place. D’un point de vue matériel, l’aîné étrenne tout, les habits, le premier cartable, les jouets, la place à côté du conducteur dans la voiture, en attendant le permis de conduire. Sa taille et son âge lui donnent une autorité sur les autres, dont il sait user. C’est en général un enfant très attendu et sa naissance est une immense joie. Même quand l’aîné a quitté la maison, il reste souvent une référence pour les autres. Toutefois, si l’ordre de naissance ne détermine pas le tempérament, il implique une attitude des parents, un rôle attribué à l’enfant, qui finissent par modeler un profil de l’aîné.

Être l’aîné peut influer sur le caractère de l’enfant

Première caractéristique de l’aîné : l’anxiété. Elle s’explique très bien. C’est le premier-né qui fait passer le couple au statut de père et mère. Et cela ne se fait pas sans mal. Que d’anxiétés souvent au cours d’une première grossesse, de peur d’être de mauvais parents, d’angoisses d’un développement physique défectueux qui se transmettent à l’enfant ! Laure le confirme. Son fils aîné, Christophe, 6 ans, est d’une grande nervosité :  » Il a besoin d’être sécurisé affectivement. Avec lui, je suis différente d’avec les suivants parce que je suis culpabilisée. J’ai le souvenir d’avoir vécu l’attente de sa naissance à la fois dans l’émerveillement et dans l’angoisse. Je m’inquiétais pour le moindre symptôme, et j’avais le sentiment que je ne devais plus bouger pour le protéger. De mes quatre enfants, c’est celui qui a le plus pleuré ».




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L’aîné est aussi souvent raisonnable. Jean-Marie Plaud, directeur d’école à la retraite et père de famille, explique : « Les parents veulent tout donner à leur aîné, tout ce qu’ils ont vécu de positif dans leur enfance et tout ce dont ils ont été privés. On met donc sur l’aîné une pression très forte. Cela explique son sérieux, son côté introverti et cette attitude au garde-à-vous ». Le premier enfant a tendance à se conformer à l’image qu’ont projetée sur lui ses parents. « Avant même qu’il arrive, constate Jean-Marie Brossard, psychologue clinicien auprès d’enfants, l’enfant porte déjà un projet des parents. Souvent il est pris pour un autre afin de réparer ce que l’un des parents n’a pas réussi ».

Autre constante du caractère de l’aîné : une extrême sensibilité. Premier à tracer la route de la fratrie, il reçoit tout de plein fouet, et ressent les petits malheurs quotidiens avec plus de force. Clémence est une aînée, mariée à un aîné, petite-fille de deux aînés. Elle sait de quoi elle parle : « Les aînés ont tous une sensibilité très compliquée, due sans doute à l’extrême attention que les parents portent à leur premier enfant. Parce qu’ils découvrent tout avec lui, ils font beaucoup d’erreurs ». Cette sensibilité accrue éveille souvent chez la mère un grand désir de protection. Attention ! L’enfant sent cette inquiétude et en porte le poids. Clémence l’a remarqué avec son fils Romain. « Il se rend très bien compte que je veux le protéger, du coup, il ne me raconte plus ses difficultés, et quand je les apprends, il cherche à me rassurer ».

Des privilèges qui s’avèrent souvent pesants

Les parents ont envie d’être fiers de leur aîné et le veulent parfait. Ils ont tendance à lui faire faire trop d’activités, sans la liberté de découvrir par lui-même son désir profond. Avec un premier enfant, les parents en sont encore à l’étape théorique de l’éducation. Ils ont lu sur le sujet et ont élaboré leur pédagogie, ou bien, ils veulent réagir à la façon dont leurs parents les ont élevés : « Jamais comme eux » ou « Surtout comme eux ». L’enfant ressent ces tâtonnements d’autant plus que, pour calmer leurs propres inquiétudes éducatives, les parents cherchent souvent à s’expliquer. Pour Jean-Marie Brossard, les parents raisonnent beaucoup trop : « Les parents ont tendance à trop « psychologiser » l’éducation. Ils corrigent leur enfant et ensuite, ils s’expliquent pendant cinq minutes ». Une attitude paradoxale qui laisse l’enfant inquiet.

La pression est encore plus grande pour l’enfant quand il est aussi l’aîné des petits-enfants. Se concentre alors sur lui un poids de projets et de désirs qui lui rendent la tâche très lourde.

Quand le couple des parents est très jeune, les grands-parents veulent aider et se manifestent davantage. C’est à double tranchant. Jean-Marie Plaud conseille : « Dans ce cas de figure, les grands-parents se doivent d’être discrets pour ne pas étouffer l’enfant davantage. Ils évitent ainsi de s’imposer entre les parents et l’enfant ».

L’arrivée de l’aîné confronte également les parents à leur propre enfance, et réveille une foule de souvenirs. Il n’est pas rare qu’à la naissance de l’aîné, l’un des deux parents revive des expériences d’enfance. Il peut se produire une forme de jalousie, comme si l’on avait du mal à faire miséricorde à son enfant là où on ne nous a pas fait miséricorde. À la naissance de l’aîné, beaucoup de guérisons intérieures s’opèrent. Autant de tensions qui rejaillissent sur l’enfant.

Une responsabilisation excessive

Avec un aîné, certains pièges sont à éviter. Pour les parents, la première tentation serait la responsabilisation excessive. Quand l’aînée est une fille dans une famille nombreuse, elle joue, la plupart du temps, le rôle de seconde maman. Si le premier est agressif avec les cadets, c’est qu’on est trop exigeant avec lui. Souvent, ne pouvant pas affronter ses parents, il le fait par le biais du suivant. Le second se trouve alors pris en sandwich entre un aîné qui lui fait de l’ombre et un troisième qui pousse tout seul. Un refrain bien connu des aînés et un peu écrasant :  » Donne le bon exemple ! »


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Première question à se poser : est-ce que nous, les parents, nous le donnons ? « L’exemple des parents devrait suffire, estime Jean-Marie Plaud. Il faut faire confiance à l’aîné, lui donner des responsabilités où il soit valorisé, sans toujours invoquer l’exemple. » Au lieu d’exiger un bon exemple, il serait profitable de le présenter de façon positive, ne pas donner un ordre, mais plutôt s’appuyer sur les qualités de l’enfant : « Tu es joyeux, tu peux apprendre cela à tes frères. C’est une qualité à partager ».

Attention à ne pas mettre la barre trop haut, en voulant trop modeler son enfant. Souvent, les parents croyants ont une image mythique de la bonne famille chrétienne et serrent la vis, davantage pour correspondre à cette image au milieu des amis que pour le bien de l’enfant. D’autant qu’il est l’aîné, et qu’on espère que les autres l’imiteront. On risque d’en faire un enfant sage mais inhibé et qu’on empêche de devenir lui-même. C’est le danger de l’idéalisation. L’enfant risque de s’y casser les reins et de se décourager.

L’aîné a le droit d’être différent

Il est nécessaire que l’aîné sache qu’il est aimé de ses parents, même s’il a des goûts différents. Très tôt, il doit prendre conscience qu’il a le droit d’être différent, d’être lui-même. « C’est libérateur pour l’aîné, remarque Olivia, mère de trois enfants. Si on lui fait prendre conscience qu’il peut être créatif et aller plus loin que ses parents dans les domaines qui lui sont chers. Mais toujours dans le respect de ceux qui l’ont précédé ».

Pour faire plaisir à ses parents, Michel s’est toujours conformé à leurs désirs. « Seulement, quand j’atteignais un objectif, on m’en fixait un autre immédiatement, se souvient-il. J’avais l’impression que la vie était une course d’obstacles, et que ce ne serait jamais assez bien ». Cette attitude s’est transférée dans sa relation avec Dieu. Il multiplie les efforts et les ascèses pour faire plaisir à Dieu tout en ayant l’impression que ce Dieu exigeant n’est jamais content. Si l’on attend trop d’un enfant, il se conforme à ce qu’on lui demande, mais on risque aussi de l’empêcher de savoir-faire ses choix.

Faire de cette position d’aîné un avantage

Il arrive souvent que le père ou la mère prennent leur aîné pour confident. Il a davantage de maturité, il est sérieux, et l’on a vite tendance à s’épancher sur lui parce qu’on a besoin de parler à quelqu’un. « Quand l’enfant est le confident, explique Jean-Marie Brossard, il est pris pour un autre, pour l’adulte avec qui l’on aimerait partager ses soucis. On lui demande d’ouvrir ses oreilles à des choses qu’il n’a pas la capacité d’élaborer. C’est une façon de lui voler son enfance ».  Et de plaider pour l’insouciance : « Il faut parfois laisser les enfants être déraisonnables. Ils n’ont pas des capacités de raisonnement d’adultes ».


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Valoriser son aîné, c’est le reconnaître dans sa position de premier-né : « Il serait sûrement meilleur, estime Olivia, de contrebalancer les charges que l’on confie à l’aîné, en lui donnant plus d’occasions de s’affirmer. Quand l’aîné prend conscience qu’on le regarde avec respect, il se sent plus libre pour être lui-même ». Cela passe par certaines permissions : « On peut l’autoriser à se coucher un quart d’heure plus tard, conseille Jean-Marie Plaud, et prendre ainsi du temps pour discuter avec lui ». Cela passe aussi par un regard positif porté sur lui : « Ne négligez jamais de dire à votre aîné ses qualités. Vous exigez beaucoup de lui, pour en faire un homme ou une femme debout, sachez lui montrer votre admiration pour le meilleur de lui-même ».

Florence Brière-Loth

Tags:
ÉducationEnfantsFamille
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