“Heureux ceux qui vieillissent”

"Tu seras enseveli au terme d’une heureuse vieillesse" (Gn 15, 15). Cette belle promesse est adressée par le Seigneur à Abraham, pour qu’il rejoigne ses pères dans la paix, et ses fils Isaac et Ismaël, réconciliés pour cela, s’évertueront à lui faire une digne sépulture aux côtés de son épouse Sarah. « Abraham mourut dans une vieillesse heureuse, âgé et rassasié de jours » (Gn 25, 8). Le bonheur des personnes âgées tient à ce regard qu’elles peuvent porter sur leur descendance, leur labeur, leurs œuvres, leurs biens. S’agit-il d’une nostalgie ou d’un narcissisme pas très glorieux ? Cela peut l’être, mais plus profondément cela ressemble au regard de Dieu sur son œuvre après sa création. « Et il se reposa après tout l’ouvrage qu’il avait fait » (Gn 2, 2). On sait que la retraite est désirée avec une vie remplie de travail. La vieillesse peut être un moment de triste fin dans le dénuement ou s’accompagner de la sagesse et de la paix enfin acquise au prix de louables efforts et de bien recherché. « S’ils écoutent le Seigneur, leurs jours s’achèvent dans le bonheur » (Jb 36, 5).

Regardons-nous aujourd’hui le capital de sagesse qui vient de l’expérience de la vie, à l’heure du jeunisme et de la déconstruction du passé ? Le bonheur des personnes âgées est de revenir à l’essentiel, même en retombant en enfance ! Voie de l’enfance de Thérèse de Lisieux, qui est de dépendre, de se laisser soigner. Lire son passé en action de grâces, retenir les bonnes choses et transmettre aux générations suivantes l’essentiel de la vie, et de la foi. Voilà la mission des grands-parents, souvent redite par le pape François, pour tenir cette société sur trois générations et non deux. Belle mission à soutenir par une descendance qui attend beaucoup de ces générations en termes de tendresse, de conseils, de relecture du passé pour comprendre le présent et penser l’avenir. Les grands-parents ne sont pas tous heureux, parce que porteurs des difficultés de leurs enfants et petits-enfants, mais ils ont les clés de l’espérance, vertu du temps qui passe, pour redonner de l’élan à des jeunes qui n’ont pas reçu les repères nécessaires. Quelle joie d’être au milieu de sa descendance dans une vieillesse heureuse. Il faut en témoigner.