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De la bronchite à la double pneumonie du Pape, les deux semaines qui ont bouleversé le Vatican

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I.Media - publié le 27/02/25
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Cela fait maintenant deux semaines que le pape François est hospitalisé à l'hôpital Gemelli de Rome, la plus longue hospitalisation de son pontificat. Retour sur ces journées particulières, où le Vatican est resté suspendu aux bulletins de santé.

"Ce matin, à l’issue des audiences, le pape François a été admis à la polyclinique Agostino Gemelli pour y subir des examens diagnostics nécessaires et poursuivre en milieu hospitalier son traitement contre la bronchite", indique le Bureau de presse du Saint-Siège le 14 février, date qui marque le début de l'hospitalisation du pontife toujours en cours. Quelques minutes avant, Vatican News publiait des photos du pontife échangeant avec ses hôtes à la Maison Sainte-Marthe. Encore quelques minutes après, le monde médiatique basculait dans une déferlante de directs sur l’état de santé du Pape. 

Le Pape traînait cette affection respiratoire depuis déjà une dizaine de jours. Le 5 février, lors de l’audience générale du mercredi matin, il s'était ainsi excusé de ne pas pouvoir lire son discours en raison d’un "gros rhume". Le lendemain, le Vatican annonçait qu'il transférait son activité à sa résidence Sainte-Marthe "à cause d’une bronchite". Pour beaucoup d'observateurs, c'est la messe en plein air du 9 février pour le Jubilé des forces armées qui a porté le coup de grâce : manifestement très affaibli, le Pape interrompait la lecture de son homélie, confiant éprouver des "difficultés respiratoires" dans le froid hivernal. Des difficultés dont il avait fait état à nouveau à l'audience générale du 12 février, deux jours avant d'être emmené au Gemelli.

Les premiers jours, une inquiétude mesurée

Les premiers jours d'hospitalisation soulèvent une préoccupation mesurée. Dès le premier soir, le Vatican publie un bulletin médical succinct indiquant que le Pape présente une fièvre "légère", qu’il est atteint d’une "infection des voies respiratoires", et que ses conditions cliniques sont "acceptables". 

Le lendemain, samedi 15 février, les équipes médicales assurent que des examens ont révélé "une amélioration de certaines valeurs". Le Pape n’a plus de fièvre. Il est aussi précisé que le traitement administré a été "légèrement modifié […] sur la base de résultats microbiologiques". Il s’agit du premier changement de thérapie du séjour. 

Le 16 février, le pontife ne célèbre pas l’angélus du dimanche en public et ne se montre pas à la fenêtre du Gemelli, malgré la petite foule qui attend un signe. Son état clinique "est stable", affirme le Saint-Siège dans un bulletin de santé le soir. Des télévisions du monde entier ont déjà commencé à envoyer des équipes à Rome et à braquer leurs caméras sur la façade de l’hôpital du nord-ouest de la capitale italienne.

Lundi 17 février, le diagnostic se précise : en fin de matinée, prenant de cours les journalistes habitués aux bulletins du soir, les médecins informent que le Pape souffre d’une "infection polymicrobienne des voies respiratoires" et qu’il présente un "tableau clinique complexe". Un deuxième changement de thérapie est annoncé. Une source vaticane affirme cependant que cette nouvelle ne signifie pas que la situation médicale du Pape s’est dégradée.

Les médecins recommandent au Pape un "repos absolu". L’on apprend au fil des communiqués qu’il poursuit toutefois une partie de son travail, notamment la lecture des journaux, son courrier ou encore la signature de documents. Le Pape reçoit seulement ses plus proches collaborateurs, assurent des sources vaticanes.

La complexité du cas se révèle 

Le 18 février, l'alerte monte d’un cran : le Pape souffre d’une "pneumonie" qui touche les deux poumons, apprend-on. Le Saint-Siège précise que l’infection polymicrobienne déclarée sur fond de "bronchectasie et de bronchite asthmatique", et qui a nécessité l’utilisation d’un antibiotique à base de cortisone, rend le traitement thérapeutique "plus complexe". C’est le troisième changement de médication en cinq jours. 

Les jours suivants, l’état clinique du Pape est annoncé comme "stationnaire" et montre même quelques légères améliorations. Le 19 février, à la surprise générale, un communiqué du gouvernement italien annonce que la Première ministre Giorgia Meloni a rendu visite au pontife pour lui apporter ses vœux de prompt rétablissement. Durant cette audience d’une vingtaine de minutes, la femme politique assure l’avoir trouvé "alerte et réceptif" et avoir "plaisanté" avec lui. Son cœur supporte bien la thérapie, informe le Vatican le soir.

De jour en jour, le Bureau de presse du Saint-Siège se remplit et les pieds de caméras envahissent la place Saint-Pierre. Face aux communiqués avares de mots du Vatican, des rumeurs se propagent, évoquant une agonie du pontife, ou encore la préparation active de ses funérailles par la Garde suisse pontificale – ce que le corps armé démentira. 

Dégradation de l'état clinique du Pape 

Le vendredi 21 février, lors d’une conférence de presse au Gemelli, le corps médical dresse un tableau mitigé : le Pape "n’est pas hors de danger" mais n’est pas non plus "en danger de mort" imminente. Ses médecins référents expliquent que le pontife de 88 ans est un patient fragile, affaibli par une "pathologie chronique" des voies respiratoires et par un manque d’exercice physique – du fait de ses problèmes de genou. 

Le lendemain, 22 février, les nouvelles du soir provoquent une onde de choc : son état est présenté comme "critique". Le pontife a eu une "crise respiratoire asthmatique prolongée" qui a nécessité le recours à l’oxygène à haut débit. Ses analyses de sang révèlent une carence de plaquettes et une anémie, pour lesquelles il a dû bénéficier de "transfusions sanguines". Dans cette note plus longue que d’ordinaire, il est fait mention pour la première fois de la souffrance du Pape et son pronostic est qualifié de "réservé", mot qui soulève de grandes inquiétudes. 

Le jour suivant, dans son texte préparé pour l’angélus et publié à la mi-journée, le Pape exprime sa "confiance" dans la suite de la thérapie. Le monde médiatique retient son souffle quand arrive le bulletin médical du soir : les conditions de François "demeurent critiques", il est toujours sous oxygène, mais n’a pas subi de nouvelle crise. Une "légère insuffisance rénale" est détectée. L’attente se poursuit. 

Le Pape remonte-t-il doucement la pente ? 

En réaction à ces nouvelles sombres, le Vatican lance un chapelet tous les soirs sur la place Saint-Pierre, les cardinaux se relayant pour l'animer. À partir du lundi 24 février, l’état du Pape s’améliore "légèrement" et les communiqués revêtent une tonalité moins dramatique. Le Pape ne présente plus de crise respiratoire et ses examens sanguins sont encourageants. 

Les nouvelles des jours suivants confirment que la situation est "stationnaire" et que François a pu reprendre une partie de ses activités. On apprend d’ailleurs que lundi, le chef de l’Église catholique a reçu pour la première fois le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin et le substitut, et qu’il a convoqué un consistoire de cardinaux pour statuer sur des dossiers de canonisation – sans pour autant fixer de date. Pour certains observateurs, c'est le signe que le Pape entend toujours mener les affaires de l'Église. 

"L’état clinique du Saint-Père s’est encore légèrement amélioré au cours des dernières 24 heures", indique le Saint-Siège le mercredi 26 février. Cette fois, le bulletin médical ne parle plus d’un état "critique" mais son pronostic reste "réservé", laissant entendre que le rétablissement est peut-être en bonne voie mais n'est pas assuré.

Au 14e jour d’hospitalisation ce jeudi, la situation reste incertaine. Si le pontife argentin n’a plus subi de crise respiratoire, il est cependant toujours sous oxygène. Des résultats de nouveaux examens sont encore attendus pour ce soir. L'issue de la plus longue hospitalisation du Pape est encore incertaine. Elle a suscité de nombreuses rumeurs et ouvert la voie à de nombreuses spéculations quant à une possible renonciation du pontife argentin. Très tôt, le cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin a voulu couper court aux commentaires. Dans un entretien au Corriere della Sera, le 'numéro 2' du Saint-Siège a invité à penser "à la santé du Saint-Père, à son rétablissement, à son retour au Vatican : ce sont les seules choses qui comptent".

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