Inspirés par Aleteia, Martin et Marion sont en mission au bout du monde

L’amour des voyages et de la randonnée animait déjà les discussions de Marion et Martin, dès le début de leur rencontre "En juillet 2022, nous avons tous les deux aidé à accueillir des pèlerins de Saint-Jacques, sur les plateaux de l’Aubrac. Nous n’avons passé que 24 heures ensemble car je devais rentrer à Lyon et Martin venait d’arriver, mais nous avons discuté toute la soirée de ce qui nous animait", se souvient Marion. Les deux jeunes sont restés en contact. Leur amitié, vécue à distance, car Martin habitait à l’époque à Paris et Marion à Lyon, s’est petit à petit transformée en quelque chose de plus fort.

Un jour, le couple découvre le livre de Mathilde et Édouard Cortès, partis vers Jérusalem à pied et en mendiant après leur mariage. L’idée de partir aussi en itinérance a germé dans leur esprit. "On se disait que si un jour on se mariait, ça nous plairait de commencer notre mariage en vivant un projet à deux", explique Martin. Ce désir est devenu plus pressant lors de leur préparation du mariage. "Nous sommes tombés sur l’article d’Aleteia relatant le projet de Quitterie et Maximilien, partis à l’aventure pour construire leur couple entre itinérance et service, accompagnés par Mariés sans frontières. Ça a été un élément déclencheur et ça collait avec ce que nous cherchions", ajoute Martin, précisant qu’ils ont pris contact avec l’association en janvier 2024, tout en gardant à l’esprit que la priorité était leur préparation du mariage. Inspirés par l’exemple de Quitterie et Maximilien, les deux amoureux ne voulaient pas précipiter les choses. "Nous voulions aussi vivre une vie de couple normale après le mariage, comme tout le monde. Nous avons donc décidé que notre voyage aurait lieu six mois après", note Marion.

Ce n’est qu’une fois mariés, le 11 mai 2024, que Martin et Marion ont commencé à préparer leur grand voyage. "On ne voulait pas faire 100% de l’humanitaire, Marion travaillant dans le médical et moi, sortant d’un an de colocation avec des anciens sans-abri", raconte Martin. Si au début, les deux jeunes avaient du mal à se mettre d’accord sur la durée du voyage, ils ont fini par opter pour six mois, alternant deux mois de volontariat et un mois d'itinérance. Quant au choix de la destination, il était évident : "Nous voulions aller en Patagonie". Soutenus par leurs proches, Marion et Martin se sont envolés pour l’Amérique latine le 30 octobre 2024, heureux de vivre enfin leur rêve.

"Le projet était de remonter l’Amérique latine, du sud au nord, en visitant notamment l’Argentine, le Chili, la Bolivie… Nous avons voyagé pendant un mois, et nous sommes arrivés le 6 décembre au Pérou, à Huancané, où nous avons rejoint une prélature, un diocèse en devenir, qui reçoit des financements de l'AED (Aide à l’Église en Détresse). L’AED vient de nouer un partenariat avec Mariés sans Frontières et nous sommes le premier couple à partir dans ce cadre". En deux mois et demi, ils ont effectué des missions ponctuelles, vivant en communauté, entourés de religieuses et de prêtres.

Visites des hameaux, échanges avec la population, découverte de nouvelles coutumes, expérience de la pauvreté, rythment leur quotidien… "Un de nos meilleurs souvenirs restera notre séjour à Cuyocuyo, un village situé sur la prélature entre l'altiplano et la forêt amazonienne. Nous y avons passé cinq jours, accueillis par le curé et le séminariste. Nous avons rendu visite aux personnes âgées (de culture et langue Quechua) pour leur apporter des vivres. Elles vivent très souvent dans des conditions de grande misère, seules, parfois abandonnées par leurs enfants partis vivre en ville… Une abuelita (grand-mère) dort à même le sol, une autre ne peut plus se lever sans aide et rampe dans sa maison et son jardin, un abuelito (grand-père) ne voit plus et a mal partout depuis des années… Ici, il n'y a pas ou peu d'accès aux soins… Nous avons été touchés par leur manière de nous accueillir dans leur maison et par leur générosité : nous repartions les bras pleins de patates et de maïs du jardin !", raconte Marion.

Le couple a même donné des cours de français aux enfants des villages, et Marion a fait du catéchisme. "Le contexte religieux est différent de celui de la France. Les traditions locales et les superstitions influencent encore beaucoup la foi des habitants. Il y a eu un choc culturel pour nous. Mais nous avons aussi découvert une foi simple des gens de la région. Cette différence culturelle a parfois été complexe à gérer, mais elle a enrichi notre vie spirituelle", confie Martin. Mais il fallait aussi s’adapter aux conditions climatiques. "La prélature couvre un immense territoire, à la frontière de la forêt amazonienne. Huancané, où nous vivions, est située et à quelques kilomètres du lac Titicaca, à 3.800 mètres d’altitude", précise Marion, ajoutant que, comme son mari, elle a été touchée par la beauté des paysages, préservés du tourisme.

Cette expérience a également rapproché les deux conjoints qui, du jour au lendemain, ont dû vivre et travailler ensemble 24 heures sur 24. Si les jeunes mariés ne cachent pas que cette proximité a parfois provoqué quelques disputes, ils affirment qu’elle les a surtout rapprochés : "Nous avons fêté notre premier Noël loin de notre famille d'origine, mais avec notre nouvelle famille puisque nous étions tous les deux". La prière du couple devant leur petite icône de la Sainte Famille, cadeau de mariage, les aide également beaucoup.

Il leur reste encore trois mois de voyage. "Nous quittons le Pérou pour la Colombie. Mi-mars, nous irons au Guatemala, où l’association Comunidad Esperanza nous accueillera pour aider la population sur place", explique Martin. Si les jeunes mariés ne savent pas ce qui les attend et préfèrent vivre au jour le jour, ils sont ravis d’être des petites mains qui viennent en aide là où on a besoin d’eux.