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À Rome, une émotion en sourdine après l’hospitalisation du Pape

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Camille Dalmas - publié le 26/02/25
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Alors que le pape François, hospitalisé au Gemelli pour une infection respiratoire depuis le 14 février, se trouve dans une condition "critique" même si son état s'est légèrement amélioré ce 26 février, l'émotion semble encore contenue dans son diocèse de Rome.

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Samedi dernier, le 22 février, les médecins du Gemelli avaient révélé en détails la situation difficile dans laquelle se trouvait le pape François, dont l’état de santé s’était dégradé. Dès le lendemain, son vicaire pour le diocèse de Rome, le cardinal Baldassare Reina, avait convié les Romains à un temps de prière dans la basilique Saint-Jean-de-Latran. Les chaises vides dans la nef de la cathédrale de l’évêque de Rome – aussi bien du côté des laïcs que dans les rangs réservés aux prêtres – ont pu surprendre.

Même constat, ces derniers jours, lors des prières du chapelet organisées sur la place Saint-Pierre tous les soirs pour la guérison du pontife argentin, alors que certains bulletins médicaux envoyaient des signaux parfois inquiétants sur son état de santé. Une véritable ferveur émanait de l'assemblée, emmenée par les cardinaux Pietro Parolin et Luis Antonio Tagle, mais la foule venue prier pour le Pape ne dépassait pas les trois mille personnes. Les principaux cardinaux étaient bien présents, tout comme de nombreuses religieuses, prêtres ou laïcs travaillant au sein des institutions du Saint-Siège, mais finalement peu de fidèles du diocèse de Rome, qui compte pourtant plus de 2,5 millions de catholiques selon l'annuaire pontifical de 2024.

"C'est un peu au ralenti", reconnaît un employé du Saint-Siège. En comparaison, il se souvient, comme beaucoup ici, de la grande émotion populaire apparue dans les mois précédant le 2 avril 2005, jour du décès de Jean Paul II, dernier pontife à être mort en exercice. La douleur du pape polonais, témoignent plusieurs employés du Vatican déjà en poste à l'époque, avait été beaucoup plus visible. Des centaines de milliers de pèlerins avaient notamment afflué de Pologne. Naturellement, l’éloignement de l’Argentine ne laisse pas la place à une telle affluence.

Une autre image du Pape

La comparaison entre les deux papes a ses limites. On peut aussi noter que les médias, dans les années 2000 avaient pu obtenir des photos du pape polonais à l'hôpital, ce à quoi se refuse son successeur argentin. "Ces derniers mois, on a pu apercevoir le pape François en fauteuil roulant, entendre ses difficultés respiratoires, mais on n'a jamais vu afficher sur son visage la même douleur extrême qu’assumait Jean Paul II dans ses derniers jours", souligne une employée du Vatican. "François affiche au contraire toujours un air un peu bravache, ou utilise le masque de l'humour pour éviter de montrer sa grande douleur", remarque-t-elle.

"C'était une autre époque !", relativise un prêtre du diocèse de Rome, qui note qu'à l'époque, le ressort émotionnel était moins exploité au quotidien. Il souligne en outre l'effort déployé par le pape François pour "désacraliser" la fonction papale dans son pontificat en se rendant plus proche, plus accessible, par exemple en répondant régulièrement à des demandes d'interviews dans tout type de médias.

Tensions avec le clergé romain

Un curé d'une paroisse du centre de Rome estime qu'il y a peut-être une forme de réserve aujourd'hui chez certains de ses frères prêtres dans son diocèse. "Beaucoup ont pu se sentir incompris, voire malmenés par le Pape, et il y a même chez certains une forme d'aigreur que je ne partage pas, mais que je peux comprendre", témoigne-t-il. La restructuration du diocèse, mais aussi certaines nominations au vicariat auraient aussi été vécues comme un "manque de sensibilité pastorale" de la part du Pape. 

Mais pour autant, il assure que les prêtres sont très majoritairement fidèles et inquiets par les difficultés que traverse le pontife. "Dans ma paroisse, nous prions pour lui deux fois par messe, lors des intentions et en nous tournant vers la Vierge Marie à la fin", assure-t-il, "et je suis certain de ne pas être le seul à soutenir ainsi le Pape."

"Le peuple sera présent"

Reste l'absence du peuple romain. Lundi soir, alors que le cardinal Parolin priait avec à peine plus de 2.000 fidèles devant la basilique Saint-Pierre, le Stade Olimpico, situé à moins de trois kilomètres, accueillait le dernier match de la journée de Serie A – AS Roma contre Monza - devant presque 57.000 spectateurs. "Il est certain que si Totti [joueur iconique de la Roma] était dans le coma et qu'on organisait un chapelet, il y en aurait dix fois plus", confie un supporter de la "Louve". Mais malgré cette ironie irrévérencieuse, souvent caractéristique des tribunes de football, ce trentenaire suit très attentivement l'évolution de la santé du Pape, comme beaucoup de Romains.À la caisse du supermarché, dans les taxis comme au comptoir des cafés, les discussions portent souvent sur les informations distillées dans le dernier direct depuis le Gemelli par la Rai. "En Italie, on s'émeut facilement, on a une crainte respectueuse vis-à-vis de la mort", analyse un prêtre français qui vit à Rome depuis plus de vingt ans. "Pour l'instant on n'entend pas beaucoup le peuple romain, il y a une certaine pudeur, mais à mon avis, si le Saint-Père venait à mourir, le peuple sera présent", assure-t-il.

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