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Quel rôle pour les chrétiens dans la Syrie de demain ?

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Catholiques priant le Rosaire en Syrie.

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Agnès Pinard Legry - publié le 29/01/25
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Préfet du dicastère pour les Églises orientales, le cardinal Claudio Gugerotti achève ce 29 janvier sa visite en Syrie effectuée à la demande du pape François. "La nouvelle Syrie est encore en gestation mais quand elle naîtra, elle aura besoin d'une bonne sage-femme et c'est une tâche qui correspond aux chrétiens", a-t-il assuré lors de son voyage.

Un déplacement entre espoir et incertitude. Le cardinal Claudio Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales, est reparti de Syrie ce 29 janvier. Envoyé par le Pape afin "d’apporter l'étreinte et la bénédiction de François aux catholiques syriens", il a partagé son désir de voir les chrétiens devenir "les protagonistes" de l’avenir de la Syrie. "La nouvelle Syrie est encore en gestation mais quand elle naîtra, elle aura besoin d'une bonne sage-femme et c'est une tâche qui correspond aux chrétiens", a-t-il notamment assuré à Alep, où il a été reçu par les fidèles de l'Église de Saint-François.

Une tâche qui promet d'être ardue dans un contexte incertain. Le dirigeant de facto de la Syrie, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir le 8 décembre après la chute de Bachar al-Assad, a été nommé «président» pour la période de transition, ont annoncé mercredi soir les nouvelles autorités. Annonçant la dissolution de l'ancien Parlement, de tous les groupes armés, du parti Baas qui a gouverné la Syrie pendant plus de 60 ans ainsi que le gel de la Constitution de 2012, les nouvelles autorités ont précisé qu’Ahmad al-Chareh était chargé de former un «conseil législatif intérimaire» pour cette phase de transition dont la durée n'a pas été définie.

Avant la guerre, Alep était la troisième plus grande ville chrétienne du monde arabe. Depuis 2011, date du printemps arabe, leur nombre a drastiquement diminué : alors qu'ils étaient 150.000, ils ne sont plus que 25.000 à ce jour. 85% d’entre eux ont quitté le pays, confrontés à de graves difficultés économiques. Les chrétiens, qui représentaient entre 8 et 10% de la population en 2011 n’en représenteraient aujourd’hui plus qu’entre 2 et 3%. "Ceux qui sont là ont fait le choix de rester dans des conditions difficiles et là, on les pousse à disparaître. Ce qui est en train de se passer met en danger l'existence même des chrétiens d'Alep, présents depuis 2000 ans sur cette terre", alertait fin décembre 2024 Vincent Gelot, chargé de mission en Syrie pour l'Œuvre d'Orient.

Prudence et espérance

Le Saint-Siège s’était montré prudent après la chute le 8 décembre dernier de Bachar Al-Assad et l’installation au pouvoir du groupe islamiste HTS (Hayat Tahrir Al Sham), qui avait déjà établi une administration dissidente dans la province d’Idleb depuis 2019, sous le nom de 'gouvernement de salut syrien'. Dans les heures suivant le changement de régime à Damas, le Saint-Siège n’avait pas caché sa perplexité. "Je pense que nous sommes tous préoccupés par ce qui se passe en Syrie, également en raison de la rapidité avec laquelle ces événements se sont déroulés. Il est difficile de comprendre ce qui se passe", avait reconnu le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, en s’exprimant en marge d’une conférence à Milan, selon des propos repris le 10 décembre par les médias du Vatican. Invitant à la prudence, il avait dit espérer "que ceux qui prendront le relais essaieront de créer un pouvoir ouvert à tous et respectueux de tous".

Les premières décisions du nouveau régime ont semblé s’orienter en ce sens. Durant ses premières semaines au pouvoir, le nouveau dirigeant syrien Ahmed Al-Charaa a multiplié les signaux d’ouverture à l’égard des chrétiens. En recevant le 31 décembre 2024 le père Ibrahim Faltas, vicaire de la Custodie de Terre sainte, l’ancien chef djihadiste lui a confié considérer les chrétiens non pas comme "une minorité" mais comme « une partie importante et intégrante de l’histoire du peuple syrien", a raconté le franciscain dans L'Osservatore Romano. Le dirigeant syrien lui a aussi expliqué qu’il considérait le pape François comme "un véritable homme de paix", disant notamment apprécier ses appels "en faveur des peuples en difficulté". La guerre civile syrienne, qui a impliqué de nombreux acteurs et groupes rivaux depuis 2011, pourrait avoir fait près de 600.000 morts, parmi lesquels plus de 300.000 civils, selon une statistique des Nations unies.

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