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Le pape François envoie une délégation en Syrie

Syriens sur la route de la prison de Saydnaya le 9 décembre 2024, où des prisonniers ont été libérés de la prison de Saydnaya, tristement célèbres pour ses conditions de détention désastreuses.

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I.Media - publié le 22/01/25
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Le cardinal Claudio Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales effectue une visite au Liban et en Syrie jusqu’au 30 janvier. "Le pape François l’a chargé de se rendre en Syrie pour apporter son étreinte et sa bénédiction aux catholiques de ce pays", a indiqué le Vatican.

À la demande du pape François le cardinal Claudio Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales, effectue une visite au Liban et en Syrie du 23 au 30 janvier, a annoncé le Bureau de presse du Saint-Siège la veille de son départ. Aucun rendez-vous politique n’a pour le moment été annoncé dans son agenda officiel, son emploi du temps étant dédié exclusivement à la visite des communautés chrétiennes locales. Cette visite prend toutefois un relief particulier, six semaines après la chute du régime de Bachar El-Assad et l’arrivée d’un nouveau gouvernement de matrice islamiste mais qui a adressé de nombreux signaux d’ouverture aux chrétiens.

"Le Saint-Père a chargé le cardinal Claudio Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales, de se rendre en Syrie pour apporter son étreinte et sa bénédiction aux catholiques de ce pays", indique le dicastère dans ce communiqué.  Le Pape souhaite que "dans la situation actuelle en Syrie", les chrétiens locaux "ressentent l'affection et le soutien de toute l'Église catholique et, en particulier, de l'évêque de Rome, qui ne cesse de prier pour eux", est-il précisé.

Sans mentionner explicitement le récent changement de régime, François souhaite que "les contraintes qui ont conduit les Syriens à la misère et encouragé une émigration dramatique soient enfin levées", indique encore le dicastère. Le Pape appelle ainsi "à la reconstruction d'un pays pacifique dont la prospérité est assurée par toutes ses composantes, dans le respect de la liberté, de la dignité de la personne humaine et de la diversité, en commençant par l'élaboration de la nouvelle Constitution". Il souhaite que l'Église catholique mette tout en œuvre "pour aider, de toutes les manières possibles, à la renaissance de la noble Syrie", est-il encore indiqué. 

Le programme du cardinal Gugerottti

Outre des étapes à Beyrouth au début et à la fin de sa tournée, le cardinal Gugerotti, accompagné notamment par le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie, visitera du 24 au 29 janvier les différentes communautés catholiques du pays : grecque-melkite, maronite, chaldéenne, syriaque, arménienne et latine. Il rencontrera à Damas et à Alep les responsables des communautés locales et les organismes de promotion de la charité des Églises locales, et il prendra part, à Homs, à l’assemblée plénière des évêques catholiques.

Il devrait aussi rencontrer des responsables orthodoxes, parmi lesquels le primat de l’Église syriaque orthodoxe, Ignace Ephrem II Karim, et le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Jean X. Bien que les questions œcuméniques ne fassent pas directement partie de son périmètre de juridiction, le cardinal Gugerotti leur apportera le salut du pape François, en leur assurant dans la situation actuelle, que « l'unité des chrétiens est un impératif incontournable » et que « l'Église catholique est prête à toute coopération », indique encore le dicastère pour les Églises orientales. 

Le 25 janvier, en la fête de la conversion de saint Paul, le cardinal Gugerotti présidera l’eucharistie au Mémorial de saint Paul, édifié sur le lieu où l'apôtre reçut l’appel du Seigneur à la conversion, selon la tradition. Le cardinal italien vénèrera par ailleurs les reliques des saints martyrs de Damas dans l’église latine et dans la cathédrale maronite, à Bab Touma.

Signaux d’ouverture du nouveau régime à l’égard des chrétiens

L’agenda officiel du cardinal Gugerotti ne compte pour le moment aucun contact avec les nouveaux dirigeants du pays. Le Saint-Siège s’était montré prudent après la chute le 8 décembre dernier de Bachar Al-Assad et l’installation au pouvoir du groupe islamiste HTS (Hayat Tahrir Al Sham), qui avait déjà établi une administration dissidente dans la province d’Idleb depuis 2019, sous le nom de 'gouvernement de salut syrien'.

Dans les heures suivant le changement de régime à Damas, le Saint-Siège n’avait pas caché sa perplexité. "Je pense que nous sommes tous préoccupés par ce qui se passe en Syrie, également en raison de la rapidité avec laquelle ces événements se sont déroulés. Il est difficile de comprendre ce qui se passe", avait reconnu le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, en s’exprimant en marge d’une conférence à Milan, selon des propos repris le 10 décembre par les médias du Vatican. 

Le cardinal Parolin s’était dit « impressionné par le fait qu'un régime qui semblait si fort, si solide, ait été, en peu de temps, complètement anéanti ». Invitant à la prudence, il avait dit espérer « que ceux qui prendront le relais essaieront de créer un pouvoir ouvert à tous et respectueux de tous ».

Les premières décisions du nouveau régime ont semblé s’orienter en ce sens. Durant ses premières semaines au pouvoir, le nouveau dirigeant syrien Ahmed Al-Charaa a multiplié les signaux d’ouverture à l’égard des chrétiens. En recevant le 31 décembre 2024 le père Ibrahim Faltas, vicaire de la Custodie de Terre sainte, l’ancien chef djihadiste lui a confié considérer les chrétiens non pas comme "une minorité » mais comme « une partie importante et intégrante de l’histoire du peuple syrien", a raconté le franciscain dans L'Osservatore Romano

Le dirigeant syrien lui a aussi expliqué qu’il considérait le pape François comme "un véritable homme de paix", disant notamment apprécier ses appels "en faveur des peuples en difficulté". La guerre civile syrienne, qui a impliqué de nombreux acteurs et groupes rivaux depuis 2011, pourrait avoir fait près de 600.000 morts, parmi lesquels plus de 300.000 civils, selon une statistique des Nations unies. Les chrétiens, qui représentaient entre 8 et 10% de la population en 2011, n’en représenteraient aujourd’hui plus qu’entre 2 et 3%.

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