separateurCreated with Sketch.

Fin de vie : François Bayrou bousculé après sa proposition de scinder le texte en deux

FRANCOIS-BAYROU-CAPTURE-LCI

François Bayrou lors de son passage sur le plateau de LCI, le 27 janvier 2025.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Agnès Pinard Legry - publié le 28/01/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Confirmant lors de son passage sur LCI ce 27 janvier sa décision de scinder le texte sur la fin de vie en deux, les soins palliatifs et l’aide à mourir, François Bayrou essuie depuis de nombreuses critiques. Si les partisans de l’aide à mourir y voient "une erreur" et appellent à "ne pas tergiverser", le Premier ministre le maintient : "L’aide à mourir et soins palliatifs, ce n’est pas la même question."

François Bayrou a confirmé ce 27 janvier sur le plateau de LCI sa décision de scinder le texte sur la fin de vie en deux avec d’un côté les soins palliatifs et de l’autre l’aide à mourir. "Il faut pouvoir voter sur chacun de ces deux textes différemment si on en a envie", a-t-il souligné. Interrogé sur une telle décision, le Premier ministre a rappelé qu’il ne s’agissait absolument pas de la même question ni de la même logique. "Les soins palliatifs, ce n’est pas un droit mais un devoir. Toute notre société, tout notre système de santé a le devoir de proposer à tous ceux qui sont malades à ce point l’assistance qui se résume en une phrase que Jean Leonetti avait prononcée et que je trouve formidable : 'Les soins palliatifs ça veut dire ‘Je ne te laisserai pas tout seul et je ne te laisserai pas souffrir'. Et pour moi ça, c’est un devoir imprescriptible. On ne peut pas y échapper."

À la différence de l’aide à mourir "qui suscite des débats de conscience extrêmement forts". "Est-ce qu’il faut l’euthanasie ou le suicide assisté ? Est-ce que notre société doit l’organiser ? Sur ce sujet-là, un très grand nombre de personnes ont des convictions chevillées au corps. C’est un débat de contexte. Des gens considèrent que ce droit doit être favorisé, d’autres considèrent que la vie est imprescriptible, d’autres ne savent pas exactement où ils en sont", a-t-il rappelé. Et c’est pour permettre à chacun de réfléchir et débattre en conscience qu’il a pris cette décision.

Interrogé alors sur ses convictions religieuses et sur l’influence du christianisme dans sa décision, François Bayrou a rappelé : "C’est comme déraciner ce que l’on croit de ce que l’on est. C’est impossible." Avant de poursuivre : "Qu’est-ce qui influence le citoyen en moi c’est le père de famille que je suis et peut-être aussi le fils que j’ai été. On touche à quelque chose qui tient au sens de la vie. À la vie et au sens de la vie."

Il n’en fallait guère plus pour raviver la mobilisation des fervents défenseurs de l’aide à mourir. Scinder le projet de loi fin de vie en deux textes, sur les soins palliatifs et sur l'aide active à mourir, comme l'a confirmé le Premier ministre François Bayrou est "une erreur", a estimé ce mardi la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet sur BFMTV-RMC, appelant à ne pas "tergiverser" sur cette question. "Il ne faut pas distinguer" deux textes "parce que c'est bien souvent les mêmes personnes", a-t-elle expliqué. "On ne peut pas savoir lorsqu'on sera peut-être confronté à cette situation très douloureuse ce que l'on souhaitera à ce moment-là", a-t-elle repris avant de poursuivre : "C’est un débat qu'il faut appréhender dans sa globalité."

Reprise de l'offensive

Signataire lundi d'une tribune de plus de 200 socialistes et macronistes dont François de Rugy, Olivier Falorni, Agnès Firmin Le Bodo et Barbara Pompili exhortant le Premier ministre à ne pas scinder le texte, Yaël Braun-Pivet a rappelé que "les Français se disent à longueur d'études extrêmement favorables à ce que l'on ouvre ce nouveau droit". Scinder ce cadre revient à "diviser les gens et surtout les parcours", a-t-elle estimé, prônant "de la souplesse". "Dissocier les soins palliatifs de l’aide médicalisée active à mourir serait une erreur. Les études internationales les plus rigoureuses démontrent les liens étroits et complémentaires entre ces deux approches. L’aide médicalisée active à mourir est une forme ultime de soin palliatif, dans la continuité des soins déjà prodigués", peut-on lire dans cette tribune. "Nous demandons fermement au Premier ministre François Bayrou de ne pas balayer le long travail démocratique accompli et de maintenir un texte unique pour une approche globale de l'accompagnement en fin de vie", a quant à elle communiqué la militante association pour le droit à mourir dans la dignité. "Par manque de volonté politique et par manque de temps, il y a tout à craindre que le volet sur l’aide à mourir soit reporté aux calendes grecques."

Pour mémoire, un projet de loi porté par le gouvernement de Gabriel Attal avait été examiné en première lecture au printemps 2024 jusqu'à l'avant-veille des élections européennes. La dissolution de l'Assemblée nationale l'avait arrêté avant le vote solennel. Ce texte interrompu, particulièrement permissif, prévoyait entre autres de légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie. Une réalité masquée par les auteurs du texte qui privilégiaient l’expression d'"aide active à mourir". François Bayrou s’était d'ailleurs opposé frontalement à la loi sur la fin de vie en préparation, affirmant au Figaro : "Nous avons une loi pour accompagner ce passage vers la mort, mais ne faisons pas un service public pour donner la mort."

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)