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Un pas de plus vers la légalisation de l’euthanasie au Royaume-Uni

Campaigners protest assisted suicide bill in London

Manifestation à Londres contre le projet de loi sur la légalisation de l'aide à mourir, novembre 2024.

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Agnès Pinard Legry - publié le 02/12/24
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Les députés britanniques ont approuvé le 29 novembre en première lecture la légalisation d'une aide à mourir sous certaines conditions. Le texte doit encore franchir plusieurs étapes et ne sera pas présenté à nouveau aux députés avant avril. Mais la machine est lancée et suscite une vive inquiétude de la part de l’Église.

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Les députés britanniques ont approuvé vendredi 29 novembre en première lecture la légalisation d'une aide à mourir pour certains malades en phase terminale lors d'un vote qualifié d’"historique". Neuf ans après le rejet d'un précédent texte par la chambre des Communes, les députés se sont cette fois alignés à 330 voix pour (275 contre) sur le soutien croissant de la population britannique envers la légalisation du suicide assisté, après presque cinq heures de débat.

Si la députée travailliste Kim Leadbeater, qui portait la proposition de loi, s'est félicitée, affirmant sur la BBC que le Parlement s'était élevé "à son meilleur aujourd'hui", avec un débat "très respectueux". D’autres voix se sont élevées pour partager leur inquiétude. "Aujourd’hui, est un vendredi très noir pour les personnes vulnérables de ce pays", s’est désolée Andrea Williams, directrice générale de Right to Life UK, organisation de défense de la vie au Royaume-Uni. "Les mesures de protection proposées sont complètement dénuées de sens, et de plus en plus de députés se rendent compte de cette réalité."

Un débat intense dans la société

Durant l'examen du texte, Kim Leadbeater a assuré qu'il donnerait "le choix, l'autonomie et la dignité" aux adultes en phase terminale d'une maladie, n'ayant que six mois ou moins à vivre, tout en soulignant que ce droit serait encadré par des "critères très stricts". Les malades devront être capables d'exprimer un choix éclairé et de prendre eux-mêmes la substance provoquant leur décès. Deux médecins et un juge devront donner leur accord.

Depuis plusieurs semaines, la perspective du vote a soulevé un intense débat sur des fondements éthiques, religieux mais aussi financiers. Une trentaine de chefs spirituels avaient fait part de leur "profonde préoccupation", s'inquiétant que les personnes fragiles ressentent un "devoir de mourir" pour soulager leurs proches. "Comment peut-on garantir qu'une personne âgée dans une maison de retraite, à qui on a donné six mois à vivre, ne se dira pas: je suis un fardeau  [...] si je mets fin à mes jours maintenant, ma famille pourra économiser 25.000 à 55.000 livres?", s'est interrogé Richard Burgon, un député indépendant.

Un système public de santé en crise

Plutôt qu'une aide à mourir, de nombreux opposants ont réclamé un meilleur financement des soins palliatifs, alors que le système public de santé traverse une profonde crise. Kim Leadbeater a assuré que ce texte de loi contenait "les garanties et protections les plus solides au monde", et n'avait "rien à voir" avec ceux du Canada ou de la Belgique, aux critères beaucoup plus larges.

Le texte doit désormais être examiné en commission, avant d'être à nouveau soumis à l'approbation des deux chambres du Parlement britannique. Une échéance qui n’interviendra pas avant avril. Durant ces étapes "nous devons répondre à toutes les questions qui ont été soulevées aujourd'hui", citant les soins palliatifs, les droits des personnes handicapées et l'état du système de santé, a reconnu Kim Leadbeater sur la BBC.

"Améliorer la qualité et la disponibilité des soins palliatifs est la meilleure façon de réduire les souffrances en fin de vie", a rappelé avec force Mgr John Sherrington, évêque en charge des questions sur la fin de vie au sein de la Conférence des évêques d’Angleterre et du Pays de Galles, à l’issue du vote. "Ce projet de loi est erroné dans son principe et contient également des clauses préoccupantes. Nous demandons aux fidèles de prier pour que les membres du Parlement aient la sagesse de rejeter ce projet de loi à un stade ultérieur de son élaboration."

"La véritable compassion"

"En plus de nous opposer au principe du suicide assisté, nous sommes particulièrement préoccupés par les clauses du projet de loi qui empêchent les médecins d’user correctement de leur clause de conscience, qui offrent une protection inadéquate aux Ehpad et aux maisons de retraite qui ne souhaitent pas participer au suicide assisté et qui permettent aux médecins d’engager des discussions sur le suicide assisté", poursuit l'évêque. Il a ensuite réitéré le point de vue des évêques selon lequel "la véritable compassion implique de marcher aux côtés de ceux qui ont besoin de soins, en particulier en cas de maladie, d’invalidité et de vieillesse. La vocation à prendre soin des autres est au cœur de la vie de tant de personnes qui s’occupent de leurs proches et est le signe d’une société véritablement compatissante. Il est essentiel que nous nourrissions et renouvelions l’appel inné de nombreuses personnes à prendre soin des autres avec compassion."

Pour mémoire l’Écosse, qui dispose de pouvoirs délégués en matière de santé, doit voter sur son propre projet de loi en 2025. L'Ile de Man examine également un texte, tandis que l'île anglo-normande de Jersey a validé la préparation d'une loi d'ici à 2027. En France, le débat doit revenir à l’Assemblée début février 2025.

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