Est-ce le signe d’un désaccord ? Initialement annoncé par le gouvernement pour le 27 janvier, l’examen du texte sur la fin de vie par l’Assemblée nationale devrait avoir lieu finalement les semaines des 3 et 10 février. La conférence des présidents qui en a décidé n'a pas précisé si les députés plancheront sur un "nouveau projet de loi" ou sur une proposition de loi d'Olivier Falorni (groupe MoDem), signée par quelque 220 députés, a expliqué une source gouvernementale à l’AFP.
Si les défenseurs de l’aide à mourir militent pour reprendre le texte du précédent gouvernement prévoyant de légaliser le suicide assisté et l’euthanasie en l’enrichissant des amendements déjà adoptés par l’Assemblée en mai 2024 avant la dissolution, les soignants et opposants au texte, multiplient les mises en garde quant à une telle mesure et partagent leurs inquiétudes profondes quant au manque de dialogue et d’écoute. "C’est l’incertitude complète. À nouveau nous ne savons rien", s’inquiétait il y a quelques semaines Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), dans les colonnes du JDNews. "Chaque jour, nous guettons la presse pour savoir s’il y a des changements. Nous sommes retombés dans cette inquiétude permanente qui pèse lourd pour nous." "Sous couvert de liberté individuelle, cette loi risque d’être très permissive, faisant pression sur les personnes fragiles et les rendant indésirables à leurs propres yeux. Ce serait une façon pernicieuse de leur faire croire qu'elles doivent tout simplement prévoir leur sortie", avait réagi de son côté Tugdual Derville, porte-parole d'Alliance Vita, il y a quelques semaines lors de l’annonce de la reprise des débats.
Des désaccords au sein du gouvernement
Dans une interview à Ouest-France, le Premier ministre Michel Barnier avait indiqué courant novembre être "plutôt dans l'idée d'utiliser le travail qui a été fait", tout en jugeant "contestables" certains des amendements adoptés précédemment par les députés. Pour être équilibré, le texte devra "particulièrement" prendre en compte le point de vue des soignants, avait-il insisté.
Du côté de la classe politique, le sujet est loin également de faire l’unanimité. Le Premier ministre Michel Barnier avait annoncé le 1er octobre dans sa déclaration de politique générale qu'il souhaitait "reprendre le dialogue" avec le Parlement début 2025 sur le sujet. Et la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, se réjouissait début novembre d’avoir obtenu du gouvernement l'inscription du texte sur la fin de vie à l'ordre du jour dès la fin du mois de janvier 2025. Au sein du gouvernement Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a indiqué le 17 novembre lors de son passage au Grand jury RTL-M6-Le Figaro-Public Sénat qu’il n’était pas favorable à une reprise de l’examen. "Je crains que ce ne soit pas un texte pour la fraternité", a-t-il commenté avant de poursuivre : "Ce que je crains, c’est qu’on suive l’exemple, malheureusement, des Pays-Bas, du Canada, de la Belgique où on entrebâille une porte et la porte, quelques années après, finit grande ouverte, où on n’a plus de garde-fous."