separateurCreated with Sketch.

Nicaragua : un rapport épingle la longue dérive antichrétienne du pouvoir

NICARAGUA

Daniel Ortega et Rosario Murillo.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Cécile Séveirac - publié le 07/01/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Un rapport du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) souligne l'inexorable dérive antichrétienne du régime sandiniste du Nicaragua, qui s'acharne à effacer toute liberté de religion et de conscience dans cet État d'Amérique Latine.

Au Nicaragua, l’Église catholique est plongée dans l'enfer d'une lente asphyxie, mécaniquement orchestrée par le régime de Daniel Ortega. Cette répression, encore trop peu connue du monde entier, est épinglée par le dernier rapport du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), organisation internationale non gouvernementale dédiée à la protection des droits de l’homme en Europe et dans le monde. "C’est un cas de persécution à part. Les faits sont très graves en eux-mêmes, mais ils interviennent dans un contexte différent de celui que l'on connaît habituellement, à savoir un contexte islamiste", explique à Aleteia Grégor Puppinck, docteur en droit, directeur de l’ECLJ et co-auteur du rapport. "On entend beaucoup parler du Nigeria, du Pakistan, des pays du Moyen-Orient… Mais la persécution en Amérique centrale est très peu connue du grand public", relève-t-il. L'objectif : faire connaître cette persécution et mobiliser l'ensemble des mécanismes de sanction disponibles pour "réduire l'influence du Nicaragua et l'isoler". Car le rapport est formel : l'objectif du gouvernement est bien de "réduire au silence les critiques du régime" et d'"éradiquer l’influence spirituelle des Églises chrétiennes au profit d’une idéologie politique prônant le culte du régime sandiniste".

L’Église catholique est en effet considérée par le pouvoir comme le soutien majeur des opposants politiques au régime Ortega, notamment depuis l’année 2018 après les représailles sanglantes contre les manifestants qui réclamaient la démission aussi bien du président que de son épouse, la vice-présidente Rosario. Considérés comme un facteur de déstabilisation, les catholiques constituent, du point de vue du gouvernement, une menace de premier ordre. "Les protestants, les opposants politiques, les journalistes et de nombreuses associations sont aussi considérés comme des ennemis à abattre, mais l'Église catholique est significativement visée", constate Grégor Puppinck.

Arrestations et expulsions arbitraires

Depuis 2018, un florilège de persécutions s'abat sur les catholiques : en s'appuyant sur les chiffres de l'avocat et défenseur des droits de l'homme Patricia Molina, le rapport rappelle ainsi que 870 attaques contre la liberté de culte ont été commises entre 2018 et 2024. Agressions physiques, détentions arbitraires, fermetures forcées de lieux de culte, confiscations de biens, dissolutions et suppressions d’organisations religieuses, de médias chrétiens et d’œuvres caritatives, interdictions des manifestations religieuses (processions, chemins de croix, …) La liste n'est pas exhaustive. Sans compter les expulsions abusives. "Depuis 2018, une politique d'expulsions massives vise les religieux et membres du clergé qui sont contraints à l'exil. 245 membres du clergé (évêques, prêtres, congrégations…) ont dû quitter le pays", affirme Grégor Puppinck. Le cas le plus emblématique est celui de l'arrestation arbitraire et de la détention de Mgr Alvarez, évêque de Matagalpa. Âgé de 57 ans, il avait été arrêté en août 2022 et condamné en février 2023 à 26 ans de prison. Finalement libéré, il avait trouvé refuge à Rome en janvier 2024. Plus récemment, le président de la conférence épiscopale, Mgr Herrera, a été expulsé le 13 novembre après avoir accusé un maire de sacrilège.

La violence des actes commis a même poussé un organe des Nations Unies à en qualifier certains de "crimes contre l'humanité". Pourtant, le régime sandiniste poursuit sa répression en toute impunité, regrette Grégor Puppinck. "Des sanctions ciblées ont déjà été imposées par les États-Unis et l’Union européenne, mais leur impact n'est pas suffisant, surtout avec les alliances contractées par le Nicaragua avec de grandes puissances comme la Russie et la Chine", pointe l'auteur du rapport. "Elles doivent être renforcées, et être mises en œuvre de façon concertée pour agir efficacement sur le pouvoir en place", soutient-il. Parmi les recommandations formulées par le rapport, "durcir les conditions des prêts accordés au gouvernement du Nicaragua par les institutions financières internationales", ou encore "promouvoir les efforts visant à mener des enquêtes criminelles à l’encontre de hauts fonctionnaires du gouvernement nicaraguayen, reconnus coupables de crimes contre l’humanité par l’ONU." Pour attirer l’attention sur la persécution endurée par les chrétiens du Nicaragua, une manifestation est organisée ce mercredi 8 janvier devant l’Ambassade du Nicaragua à Paris.

Pratique

Rassemblement devant l'ambassade du Nicaragua à Paris, 34 Av. Bugeaud, 16e Arrondissement, le 8 janvier 2025 à 18h30.
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)