La dictature de Daniel Ortega vient de franchir un nouveau cap dans l’escalade des persécutions contre l’Église au Nicaragua. Le régime a annoncé le 20 août une série de réformes adoptées par l'Assemblée nationale, dont l’une vise à supprimer toutes les exonérations fiscales des églises, catholiques comme évangéliques. Jusque-là, la loi de coordination fiscale de 2012 prévoyait que "les églises, confessions et fondations religieuses dotées de la personnalité juridique, en ce qui concerne leurs revenus provenant d’activités et de biens exclusivement destinés à des fins religieuses", étaient exonérées de l’impôt sur le revenu. Mais la loi adoptée le 20 août par les députés, à l’initiative de Daniel Ortega, prévoit maintenant que les institutions religieuses, tout comme les écoles confessionnelles, relèvent du régime fiscal général.
1.500 ONG supprimées
En grande partie issus des dons et des offrandes des fidèles, les revenus des églises pourraient à présent être prélevés à hauteur de 10 à 20% par l’État, assure un expert anonyme au quotidien nicaraguayen La Prensa. Alors que ces institutions religieuses ont un rôle essentiel dans la vie de la communauté à de nombreux égards, la suppression de la protection fiscale pourrait bien porter le coup de grâce pour nombre d’entre elles. "L'enfer fiscal approche pour l'Église", prévoit encore le spécialiste. Cette réforme pourrait bien "noyer financièrement l’Église jusqu’à ce qu’elle croule sous son propre poids", a quant à elle dénoncé sur X la chercheuse nicaraguayenne Martha Patricia Molina, auteur d’un rapport sur les persécutions religieuses au Nicaragua.
La nouvelle inquiète aussi la communauté internationale, d'autant que la réforme fiscale du 20 août intervient le lendemain de la suppression de plus de 1.500 ONG par la dictature sandiniste, dont la plupart sont religieuses. Du jamais vu depuis les grandes manifestations contre le régime, en 2018. Pour Liz Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, cette décision est "profondément alarmante, d’autant plus dans un pays où l’espace civique a été fondamentalement érodé ces dernières années et où la liberté religieuse a été soumise à des restrictions injustifiées." Depuis le début de la dictature sandiniste, on estime que plus de 5.000 organisations privées ont été supprimées et leurs actifs confisqués.