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Le pape François va se rendre à Ajaccio, en Corse, le 15 décembre où il conclura un colloque sur la religion populaire en Méditerranée, annonce le Bureau de presse du Saint-Siège le 23 novembre 2024. Il s’agit de la première visite d’un pape dans l’île de Beauté, et de la troisième du pape François sur le territoire français, après Marseille en 2023 et Strasbourg en 2014.
Le pape François doit décoller de l’aéroport de Rome-Fiumicino à 7h45 pour gagner, après 1h15 de trajet, l’aéroport d’Ajaccio Napoléon Bonaparte à 9h, où aura lieu une cérémonie d’accueil. Il rejoindra ensuite le Palais des congrès d’Ajaccio à 10h15, où il conclura par un discours le colloque sur "La religiosité populaire en Méditerranée".
À 11h20, il se rendra dans la cathédrale d’Ajaccio, Santa Maria Assunta, pour réciter la prière de l’Angélus en présence du clergé et des religieux corses, devant lesquels il prononcera en outre un discours. Après un temps de pause pour le déjeuner, le pontife rejoindra à 15h30 la place d’Austerlitz (plus connue sous le nom "le Casone"), une grande esplanade surmontée de la statue de Napoléon Bonaparte, le plus célèbre des Ajacciens. Là, il présidera la messe et lira une homélie.
Une sixième rencontre avec Emmanuel Macron
Il rejoindra ensuite l’aéroport Napoléon Bonaparte, où, à 17h30, il rencontrera pendant une demi-heure le président de la République Emmanuel Macron, pour la sixième fois. Ils s’étaient déjà rencontrés en 2018, 2021 et 2022 à Rome, en 2023 à Marseille et le 14 juin dernier à Bari dans le cadre du sommet du G7.
Puis le Pape participera à une cérémonie de congé à 18h, suivi du départ à 18h15 à bord d’un avion de la compagnie locale Air Corsica. François est attendu à Rome-Fiumicino à 19h05. Le logo du voyage a été dévoilé : une représentation stylisée de l’île en bleu et jaune, surmontée d’une croix, au dessus de la silhouette de la Sainte-Vierge, patronne de la Corse. La devise du voyage est "Jésus passait en faisant le bien", et est tiré des Actes des Apôtres (Ac 10,38).
La religion populaire au cœur du voyage
La visite du pape François est une réponse à l’invitation transmise par le cardinal Bustillo à l’occasion d’un colloque consacré à la religion populaire qu’il conclura. Il accorde une grande importance à cette thématique, comme il l’a montré récemment dans son encyclique Dilexit nos, consacrée à la dévotion populaire du Sacré-Cœur de Jésus.
Cet événement, annoncé officiellement en octobre par le diocèse sans évoquer la présence du pape, est intitulé "La religiosité populaire en Méditerranée" et se tiendra les 14 et 15 décembre à Ajaccio. Sept spécialistes de la piété populaire doivent intervenir : deux universitaires corses, un membre d’une confrérie de Bastia, et quatre évêques du pourtour méditerranéen, venant de France (Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Nîmes), de Sicile, de Sardaigne et d’Espagne.
Un voyage insolite
À Rome, la rumeur de cette visite inédite du Pape remonte au début de l’été. Malgré la prudence de l’évêque d’Ajaccio et de son entourage le plus proche, elle a pris de l’ampleur ce dernier mois. I.Media a appris de plusieurs sources que l’annonce officielle a été régulièrement repoussée ces deux dernières semaines en raison de l’envoi tardif de la lettre d’invitation officielle au pape par l’Élysée. Cependant peu de doutes subsistaient, le pape François ayant lui-même confirmé informellement son déplacement auprès d’un journaliste français le 13 novembre.
Habituellement, les pontifes voyagent très peu en décembre. François est d’ailleurs le premier pape à sortir de Rome à cette période depuis Paul VI en 1966 – il s’était rendu à Florence le 24 décembre à la suite d’inondations meurtrières.
Sur les terres du cardinal Bustillo
Ces dernières années, deux personnalités vaticanes ont effectué des déplacements dans la cité impériale. C’est le cas notamment du cardinal Dominique Mamberti, habitué de ce genre de visites, car originaire de Vico, au nord d’Ajaccio. Plus inhabituelle était la visite de Mgr Edgar Peña Parra, substitut de la secrétairerie d’État, en mars dernier. Ce proche collaborateur du pape s’est rendu sur l’île à l’occasion de la fête de la Madunuccia, patronne d’Ajaccio.
Ce prélat vénézuélien a cosigné avec le cardinal Bustillo et l’éditeur parisien Nicolas Diat (qui a aussi édité le cardinal Robert Sarah) un livre, Le cœur ne se divise pas (Fayard, 2023), que le pape François a préfacé. Il aurait joué un rôle important dans ce projet de voyage en Corse.
D’origine basque espagnole, François Bustillo, évêque d’Ajaccio depuis 2021, est un proche du pape François. Il lui avait fait une forte impression lors du consistoire de 2023 lorsque près d’un millier de Corses venus l’accompagner s’étaient fait entendre sur la place Saint-Pierre. "J’ai entendu ton peuple", lui avait alors affirmé le Pape.
À Ajaccio, le pape François poursuivra son pèlerinage en Méditerranée. Depuis le début de son pontificat, il accorde une attention particulière à cet espace traversé par de nombreux défis, notamment migratoires. Sans compter l’Italie, il a effectué une quinzaine de visites dans des pays du bassin méditerranéen, se rendant notamment à Marseille en 2023, ou encore à Malte en 2022, en Grèce et à Chypre en 2021, et en Égypte en 2017.
En contrepoint de Notre-Dame de Paris
La venue du pape François à Ajaccio contraste avec son absence pour la réouverture de Notre-Dame de Paris les 7 et 8 décembre, où il a été pourtant formellement invité par le président de la République, Emmanuel Macron, et l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich. Selon les informations d’I.Media, la décision de François de venir à Ajaccio a été mal accueillie dans la capitale française, notamment parce que les autorités françaises ont été informées tardivement, et sans passer par les canaux habituels.
Les retards dans l’annonce officielle de ce voyage en Corse ont pu laisser entrevoir des tensions entre Rome et Paris. "Cela révèle que le pape François et le cardinal Bustillo ont mis tout le monde devant le fait accompli", glisse une source romaine. Emmanuel Macron aurait tenté de joindre le pape François pour lui exprimer son point de vue mais des contraintes d’agenda n’auraient pas rendu possible une discussion téléphonique. Si les deux hommes ont pu, par le passé, afficher une certaine proximité, leurs relations semblent s’être détériorées récemment, notamment depuis la constitutionnalisation de l’avortement et la présentation d’un projet de loi sur la fin de vie au printemps dernier en France.
De plus, le contexte politique est aussi délicat sur l’île de Beauté, où les autonomistes sont au pouvoir et font pression sur Paris, notamment avec l’adoption d’un projet constitutionnel pour l’autonomie par l’Assemblée de Corse en mars dernier. Des déclarations favorables au principe d’autonomie du cardinal Bustillo, ainsi que sa proximité avec certains milieux autonomistes, sont peu appréciées de certains politiques français, comme l’actuel ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Plus d’informations à venir.