Le "problème catholique" des démocrates
Premièrement, les politiques-clefs du Parti démocrate sont en conflit avec les principaux enseignements de la morale catholique depuis longtemps — depuis que les avortements "sûrs, légaux et rares" (“safe, legal and rare”) d'hier sont devenus "toujours, pour toujours et beaucoup" (“always, forever, and lots”). Non seulement ce sinistre consensus est ancien, mais il est également mis en œuvre. L'expression "démocrate pro-life", qui était autrefois une identité politique, est aujourd'hui un oxymore.
L'avortement n'est pas non plus la seule question qui oblige les croyants à choisir entre la foi et le parti. Qu'il s'agisse du dénigrement par Barack Obama des "armes et de la religion", du "panier de déplorables" (“basket of deplorables”) d'Hillary Clinton ou des attaques contre les candidats catholiques devant le Congrès parce qu'ils sont catholiques (dixit Dianne Feinstein, Kamala Harris), les dirigeants du parti l'ont prouvé à maintes reprises : le Parti démocrate a un problème catholique. Depuis cette semaine, la majorité des catholiques votants semble enfin l'avoir remarqué.
La liberté religieuse mise à mal
Le bilan de l'administration Biden-Harris a également contribué à pousser certains électeurs vers la droite. En 2020, le président Joe Biden a remporté les suffrages des catholiques avec 5% d’avance. Par la suite, Joe Biden et sa vice-présidente ont mis en œuvre des politiques qui ont contrarié bon nombre de ces mêmes électeurs. Qu'il s'agisse de soutenir des initiatives telles que la loi sur l'égalité, qui aurait vidé la liberté religieuse de sa substance, ou de qualifier le transgenrisme (transgenderism) de "question des droits civiques de notre temps", le deuxième président catholique des États-Unis a souvent ressemblé à un porte-parole de la très peu catholique Campagne des droits de l'homme (un-Catholic Human Rights Campaign). Autre faux-pas à l'encontre des croyants, l’audacieux ministère de la justice du duo Biden-Harris a alerté le FBI d'une nouvelle "menace" : les catholiques attachés aux traditions ; le mémorandum du FBI qui en a résulté a même recommandé que l'agence infiltre les églises.
De son côté, Mme Harris s'est encore plus aliéné les croyants. Il suffit de penser à son rejet d'une exemption des lois sur l'avortement pour les établissements religieux — une position qui aurait pu menacer les professionnels de santé catholiques d'amendes, de prison, ou des deux à la fois. Ses entretiens avec les candidats catholiques à la magistrature évoquent le maccarthysme ("Saviez-vous que les Chevaliers de Colomb s'opposaient au droit de choisir [“Right to Choose”] des femmes lorsque vous avez rejoint l'organisation", a-t-elle demandé à l'un d'entre eux). Même les occasions positives d'engagement n'ont pas réussi à l'intéresser, comme le catholique Al Smith Dinner, à New York, qui est l'un des derniers exercices sociaux bipartisans de bienfaisance du pays. Il permet également de récolter des fonds pour les pauvres. La candidate à la présidence Kamala Harris l'a snobé.
L’atout Vance
La troisième raison pour laquelle les catholiques et les autres chrétiens avaient de bonnes raisons de regarder ailleurs était à la fois inattendue et, pour beaucoup, encourageante : le choix du sénateur de l'Ohio J.D. Vance comme Vice-Président. Non seulement James David Vance est un converti qui parle avec éloquence de la vie, de la foi et de bien d'autres choses, mais il est le premier homme politique catholique sans complexe à ce niveau depuis très longtemps.
Pour les croyants qui s'agacent des nouveaux interdits, la présence de Vance sur le ticket ne pouvait que leur rapporter des voix. Et c'est là que l’histoire dépasse l'élection de 2024. Les catholiques américains s’étaient résignés aux Joe Biden, Nancy Pelosi et Mario Cuomos parmi eux — des politiciens qui s’assurent d’avoir leur chapelet à la porte de leur bureau et qui agitent des drapeaux laïques en public. J.D. Vance a quelque chose de nouveau : c’est un converti qui ne bredouille pas et ne s'excuse pas, et qui traduit l'enseignement de l'Église dans un langage simple et sans équivoque : le mariage est bon, les bébés sont formidables, la pornographie détruit l'amour, nous devons mieux prendre soin les uns des autres. Lors d'une réunion publique organisée fin octobre, il a fait remarquer : "Que vous votiez pour moi, pour Donald Trump ou pour Kamala Harris, ne mettez pas de côté les membres de votre famille et les amitiés de toute une vie. La politique n'en vaut pas la peine." Pour des chrétiens formés depuis leur enfance à distinguer Dieu et César, cela ne pouvait que résonner.
Des convictions renaissantes
Finalement, l'élection de 2024 pourrait marquer un tournant non seulement dans la politique nationale, mais aussi dans la dynamique et la compréhension d’eux-mêmes que les catholiques de demain porteront sur la place publique. Compte-tenu de l'opposition du Parti démocrate aux enseignements fondamentaux de l'Église, il n'est pas étonnant que davantage de catholiques américains se soient alignés sur le ticket Trump-Vance en 2024. Ce qui est étonnant, c'est qu'un si grand nombre d'entre eux aient toléré pendant si longtemps un panneau "Kick-Me" dans le dos (“Botte-moi les fesses”) qui n'aurait jamais dû être leur accroché.
Le vote confessionnel n’est pas monolithique, que ce soit dans l'isoloir ou ailleurs, mais dans la marge historiquement large accordée au ticket Trump-Vance, un renouveau de convictions catholiques américaines semble s'élever. Si c'est le cas, cela profitera aux rouges comme aux bleus, aux croyants comme aux incroyants.