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Contrairement à 2020, il n’y aura pas de contestation possible. Donald Trump a très largement remporté la présidentielle américaine, s’arrogeant les swing states — États clefs —, comme la Pennsylvanie et la Géorgie, perdues en 2020. Et contrairement à 2016, où Donald Trump avait obtenu la majorité des grands électeurs, mais pas la majorité du vote populaire, il obtient cette fois-ci plus de 50% des suffrages. Beaucoup annonçaient une élection indécise et serrée, c’est au contraire un raz de marée pour les républicains qui obtiennent aussi la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, en reprenant des sièges aux démocrates. Si nous sommes très loin des victoires de Richard Nixon en 1972 et de Ronald Reagan en 1984, qui avaient raflé presque tous les États, cette victoire de Trump 2024 est beaucoup plus large que les deux victoires de George Bush en 2000 et 2004.
Un événement historique
Cette victoire est historique à bien des égards. Jamais un président battu n’avait pu revenir sur le devant de la scène et redevenir président. Après le chaos de 2020, puis la très petite victoire des républicains aux élections de mi-mandat en 2022, bien peu pensaient que Donald Trump pourrait revenir dans la course présidentielle. Lors des primaires, il a pourtant écrasé ses concurrents, notamment Ron DeSantis, alors présenté comme le candidat le plus dangereux pour Trump. Avec le maintien de Joe Biden, Donald Trump avait course gagnée. Sa substitution par Kamala Harris aurait pu changer la donne, mais il n’en fut rien. Alors que de nombreux commentateurs insistent sur la place cruciale du vote des femmes, c’est pourtant contre deux femmes que Donald Trump l’a emporté : Hillary Clinton puis Kamala Harris. Fait notable de cette élection : les Latinos et les femmes ont beaucoup plus voté Trump qu’en 2016. Le républicain est parvenu à élargir sa base électorale, sans renier son style et ses idées, ce qui demeure une prouesse.
Les partisans de Donald Trump exultent, ceux de Kamala Harris pleurent, comme c’est le cas pour chaque séquence électorale. Mais le scénario du pire, celui d’une victoire étriquée et contestée de l’un ou l’autre candidat n’a pas eu lieu, ce qui est la principale bonne nouvelle pour la stabilité et la renommée de la démocratie américaine. Rien n’aurait été pire que de repartir dans les contestations de 2020 ou les atermoiements de 2000, quand la Cour suprême avait dû faire arrêter les comptages en Floride. Donald Trump a deux ans devant lui, jusqu’aux prochaines élections de mi-mandat, pour pouvoir appliquer son programme.
Un nouvel âge d’or ?
Dans son discours de victoire, Donald Trump a promis de faire venir "un nouvel âge d’or" pour l’Amérique, promesse bien ambitieuse. Mais si tous les regards sont fixés vers le président nouvellement élu, c’est oublier que les États-Unis sont d’abord un pays fédéral. Le président y a moins de pouvoir qu’en France, le Congrès y est plus puissant que le Parlement français et les gouverneurs, c'est-à-dire ceux qui dirigent les États, disposent d’une grande marge de manœuvre. Donald Trump ne fera donc pas tout tout seul et les contre-pouvoirs sont nombreux aux États-Unis.
Il y avait ainsi plusieurs référendums organisés dans les États, simultanément à la présidentielle. Trois États proposaient de faciliter l’avortement. Le "oui" l’a emporté en Arizona et dans le Colorado, le "non" a gagné en Floride. Sur la légalisation du cannabis, le "non" l’a emporté dans les trois États où il y avait un référendum : Floride, Dakota du Nord et du Sud. Des compétences qui ne sont pas du ressort du président américain, mais des gouverneurs. La victoire de Donald Trump, aussi large soit-elle, ne lui donne donc pas toutes les clefs de l’Amérique.