C’est une première depuis 1984. Kamala Harris a fait savoir qu’elle ne participerait pas au dîner annuel Al Smith, organisé le 17 octobre à New York au profit de la Catholic Charities. Le dernier candidat en date à avoir décliné l’invitation était le démocrate Walter Mondale, adversaire de Ronald Reagan. A un mois du scrutin, l’équipe de la vice-présidente a indiqué que celle-ci préférait consacrer les dernières semaines de la course à la Maison-Blanche à faire campagne dans des États-clés tout en assurant qu’elle serait "ravie" de participer au gala caritatif si elle accédait à la présidence.
Ce choix n’a pas manqué de faire grincer des dents. Le cardinal Dolan, archevêque de New York et président du dîner Al Smith, a exprimé sa déception. "Nous étions impatients d’accueillir la vice-présidente pour ce qui est censé être une soirée de patriotisme, de joie, d'amitié et d'unité. Des valeurs dont elle a parlé…", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, le 23 septembre, avant de poursuivre : "Souvenez-vous, il y a quarante ans, Walter Mondale qui avait décliné l’invitation, a perdu 49 États sur 50." Pour Brian Browne, analyste politique à la St. John’s University interrogé par le media Angelus, la décision de la candidate démocrate est "déroutante". "C'est une occasion manquée de montrer un côté humain et de se rassembler pour une cause caritative. Si je devais la conseiller, je lui dirais de reconsidérer cela", commente-t-il.
Une étape incontournable de la fin de campagne
Les spéculations autour de cette renonciation vont bon train. D’aucuns estiment que l’événement pourrait jouer en défaveur de Kamala Harris, moins éloquente que Donald Trump, new-yorkais de surcroît. Pour d’autres, c’est la marque d’une défiance de la vice-présidente à l’égard des catholiques, déjà perceptible en 2018 lorsque Kamala Harris, alors sénatrice, avait âprement interpellé un candidat à la magistrature pour le tribunal de district des États-Unis dans le Nebraska, sur son affiliation au mouvement catholique des Chevaliers de Colomb.
La présence de Donald Trump en tant qu’orateur d’honneur du gala de charité ne fait pas pour autant consensus. "Nous sommes déçus, cardinal Dolan, qu'au nom de l'Église et de son témoignage (…), vous n'ayez pas invité une personne digne de la cause de l'événement", regrette le National Catholic Reporter dans un éditorial, rappelant les multiples poursuites judiciaires entamées contre l’ex-président. Le premier dîner a été organisé en 1945, en l’honneur de l’ancien gouverneur de New York et premier catholique à remporter l'investiture d'un grand parti pour l'élection présidentielle, Alfred Emmanuel Smith Jr. Devenu une étape incontournable de la fin de campagne à partir de 1960, le dîner caritatif donne l’occasion aux deux candidats d’échanger traits d’humour et discours décalés le temps d’une soirée. Viendra ? Viendra pas ? Le cardinal Dolan ne désespère pas de voir Kamala Harris "reconsidérer" son choix d’ici au 17 octobre.