"La situation est de plus en plus préoccupante ", assure Mgr Maksym Ryabukha en évoquant son diocèse pris au milieu de la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Nouvel évêque de l'exarchat gréco-catholique de Donetsk, Mgr Ryabukha s'est confié fin octobre au journal italien Avvenire sur son rôle d'évêque dans un pays en guerre, alors qu'une partie de cet oblast situé à l'est de l'Ukraine est désormais sous occupation russe. "Nous avons déjà perdu plus de la moitié des paroisses. Et avec l’avancée de l’armée russe, des dizaines d’églises supplémentaires ont été évacuées", assure ainsi l'évêque.
Âgé de 44 ans, ce salésien est devenu l'évêque de Donetsk en décembre 2022, moins d'un an après l'invasion russe de février 2022. Depuis cette date, les paroisses de ce diocèse se vident peu à peu de leurs fidèles, contraints de fuir face à l'avancée des troupes du Kremlin. "Nos prêtres restent proches de la population et visitent les réfugiés qui ont quitté leurs foyers", poursuit l'évêque qui regrette une " époque de douleur, de drame, d'injustice, d'impuissance". Pour Mgr Ryabukha, rester au plus proche de ses ouailles est essentiel, alors que se profile selon son témoignage un climat de persécution contre les catholiques : "Ceux qui se déclarent ouvertement catholiques disparaissent : certains sont fusillés ; d’autres ont été incarcérés", affirme-t-il ainsi. "Vous n’avez pas le droit de professer librement votre foi."
Des écoles souterraines
Le père Bohdan Geleta et le père Ivan Levitskyi, tous deux prêtres de ce diocèse dans la région de Zaporizhzhia, ont ainsi été emprisonnés plus d'un an par les autorités russes après avoir choisi de rester dans leur paroisse. Sur le terrain, Mgr Ryabukha rend régulièrement visite aux soldats en première ligne. Il réside actuellement à Zaporizhzhia où vient d'ouvrir une école catholique dans les sous-sols de la paroisse, afin de garantir le plus possible la sécurité des enfants en cas d'attaque. "Nous savons que la guerre va prendre fin", confie l'évêque. "Mais nous voulons tous que cela se produise le plus tôt possible et dans la paix, au nom de la justice."