Campagne de Carême 2025
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Alors que les accusations contre le fondateur d'Emmaüs, décédé en 2007, se multiplient depuis cet été, la Conférence des Évêques de France (CEF) a ouvert par anticipation toutes les archives concernant l’abbé Pierre, Henri Grouès à l’état civil. 216 courriers, notes et lettres manuscrites de plusieurs évêques et directeurs du secrétariat de l'épiscopat confirment que certains représentants de l'Église étaient au courant du "comportement grave" de l'abbé Pierre au moins depuis 1955.
Dans les archives notamment, une lettre datée de 1964 décrit le prêtre comme un "malade mental", ayant perdu "tout contrôle de soi" et que par ses actes des "jeunes filles ont été marquées pour la vie". Au fur et à mesure des correspondances, il apparaît surtout que les évêques redoutent de voir l’abbé Pierre disposer d’une forte aura médiatique et soulignent leur incapacité à contrôler cet homme “dont les entreprises échappent totalement au contrôle de la hiérarchie”. On y apprend que l'abbé Pierre a été envoyé en 1957 à Genève, en Suisse, pour y recevoir un “traitement de choc” mais qu'il “échappe à la discipline médicale” à partir de 1958.
Le Vatican au courant depuis 2007
Une question majeure subsiste malgré tout à la lecture de ces archives : en évoquant des “faits repréhensibles”, des “accidents” et de “misères morales”, impossible de savoir si les évêques de France ont connaissance d’accusations de viol et d'agressions sexuelles ou bien s’ils parlent uniquement de liaisons consenties que l’abbé Pierre avait lui-même reconnu de son vivant.
Dans le prolongement du tsunami créé par la révélation des agissements de l’abbé Pierre, le pape François a confirmé que la Vatican était au courant au moins depuis sa mort en 2007. L’épiscopat Français n’a pas hésité ces dernières semaines à encourager le Vatican à en dire plus à ce sujet et le diocèse de Grenoble, où était incardiné l’abbé Pierre, a lui aussi annoncé l'ouverture anticipée de ses archives. Du côté d’Emmaüs et la Fondation qui portait il y a encore quelques jours son nom, aucune autre information n'a filtré sur ce que ses dirigeants savaient ou pas de ses agissements, hormis ces deux rapports accablants publiés cette année, en 2024.