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Après trois ans de procès, le tribunal d'Islamabad a rendu son verdict le 18 septembre dernier concernant Shagufta Kiran, une chrétienne âgée de 40 ans, ancienne infirmière, mariée et mère de quatre enfants, accusée d'avoir insulté le prophète Mahomet sur un groupe de discussion WhatsApp en septembre 2020. Arrêtée le 29 juillet 2021, détenue depuis à la prison pakistanaise Adyalaa de Rawalpindi, Shagufta Kiran a été condamnée à mort, en vertu de l'article 295-C du Code pénal. Elle a également été condamnée à une amende de 300.000 roupies pakistanaises (950 euros). La plainte contre Shagufta Kiran a été déposée par un musulman qui l'accuse d'avoir partagé des contenus irrespectueux envers le prophète Mahomet sur un groupe WhatsApp interconfessionnel, administré par le plaignant. L’ancienne infirmière se défend en affirmant qu’elle n’est pas l’auteur des contenus.
Selon son avocat, Rana Abdul Hameed, "Shagufta Kiran a été inculpée parce qu'elle est chrétienne : elle est une cible facile et vulnérable". Il entend faire appel devant la Haute Cour d'Islamabad, en deuxième instance. Pour lui, "ce verdict n'était pas une surprise car 99 % des personnes accusées en vertu de l'article 295-C sont condamnées par les tribunaux de première instance sous la pression des islamistes". "Si l'on examine tous les cas similaires, les tribunaux de première instance ont tendance à condamner les accusés même si les charges retenues contre eux sont très faibles", a encore déclaré Hameed.
Au Pakistan, ces accusations souvent mensongères sont largement utilisées comme une arme de persécution contre la population chrétienne. Passibles de la peine de mort, elles sont même souvent suivies de lynchages par des foules en colère, en dehors de tout contrôle des autorités. En 2018, la forte mobilisation internationale autour de l'affaire Asia Bibi avait permis la libération de cette mère de famille chrétienne condamnée à mort en 2010 après une fausse accusation de blasphème. Depuis 1987, près de 3.000 personnes ont été accusées de blasphème selon l’organisation Center for Social Justice (CSJ). Une centaine de personnes ont été accusées de blasphème entre janvier et juin 2024.