Cas de blasphème au Pakistan : après Asia Bibi, l’affaire Ehsan Shan

Six ans après la libération d’Asia Bibi, les chrétiens du Pakistan continuent à subir le joug des lois anti-blasphème du pays. Ehsan Shan, un jeune homme chrétien d’une vingtaine d’années, a été condamné à mort par le tribunal antiterroriste de Sahiwal, au nord-est du Pakistan, le 1er juillet. Accusé d’avoir partagé des images de pages abîmées du Coran sur les réseaux sociaux, Ehsan a été arrêté en août dernier, après que sa publication a suscité un déchaînement de violence par une foule en colère contre des églises et des maisons chrétiennes de la province du Pendjab. Le jugement prévoit que le jeune homme devra, avant l’exécution de la peine capitale, purger 22 ans de prison et payer une amende d’un million de roupies pakistanaises.

À l’annonce de la terrible sentence, le clergé catholique pakistanais a tenu à dire son indignation et appelle la communauté internationale à réagir. "Cette décision est très, très douloureuse pour nous. Beaucoup de gens sont déçus", a ainsi déclaré à l'AED Mgr Salomon Shukardin, évêque de d’Hyderabad et président de la Commission Nationale pour la Justice et la Paix (NCJP) de l’Église catholique. "Les grandes ONG internationales et les organisations de défense des droits de l’homme devraient sortir et dire quelque chose qui s’oppose à cette décision. Cela aura un impact important sur le gouvernement". 

Au Pakistan, ces accusations souvent mensongères sont largement utilisées comme une arme de persécution contre la population chrétienne. Passibles de la peine de mort, elles sont même souvent suivies de lynchages par des foules en colère, en dehors de tout contrôle des autorités. En 2018, la forte mobilisation internationale autour de l'affaire Asia Bibi avait permis la libération de cette mère de famille chrétienne condamnée à mort en 2010 après une fausse accusation de blasphème. Il a fallu huit années de bataille judiciaire pour qu'Asia Bibi puisse sortir de prison. Nul ne sait combien de temps Ehsan Shan devra y passer avant d'espérer une libération.