La Conférence des évêques du Pakistan a salué lundi 22 juillet le vote de l'Assemblée nationale pakistanaise ayant relevé l'âge légal minimum pour les mariages chrétiens à 18 ans. Approuvée à l'unanimité le 9 juillet, cette nouvelle loi a pour objectif d'empêcher les mariages forcés, véritable fléau au Pakistan surtout pour les jeunes filles qui sont régulièrement enlevées pour être converties et mariées de force. Intitulé "Christian Marriage Amendment Act 2024", ce projet de loi avait été présenté en 2023 par un membre chrétien de l'Assemblée nationale, Naveed Amir Jeeva, en vue d'amender la loi sur le mariage chrétien de 1872, qui fixait jusqu'ici l'âge du mariage à 16 ans pour les garçons et à 13 ans pour les filles.
"Nous adressons nos sincères remerciements à l'ensemble du Parlement pour avoir adopté ce projet de loi à l'unanimité", ont ainsi déclaré les évêques pakistanais conjointement à la Commission nationale justice et paix. "Cette législation jouera un rôle crucial dans la protection de nos jeunes filles mineures contre les conversions forcées et les mariages d'enfants", poursuivent-ils, tout en espérant que "le gouvernement prendra d'autres mesures pour criminaliser les conversions religieuses forcées." En effet, cette nouvelle loi ne s'applique qu'au territoire fédéral d'Islamabad, qui englobe la capitale pakistanaise, au nord du pays. Un long chemin reste donc encore à parcourir pour abolir définitivement les mariages précoces et protéger véritablement les enfants des abus qui leur sont infligés.
18% de filles mariées avant 18 ans
Environ 18 % des filles au Pakistan sont mariées avant l'âge de 18 ans et 4% le sont avant 15 ans, selon un rapport de l'UNICEF de 2021, derrière le Bangladesh, le Nepal, l'Afghanistan ou encore l'Inde, qui affichent des chiffres effarants (51% de jeunes filles sont mariées avant 18 ans au Bengladesh, ndlr). Dernier exemple en date : le mariage forcé de Laiba, jeune chrétienne âgée de 10 ans, avec un musulman âgé de 35 ans. Ce phénomène concerne particulièrement les jeunes filles des minorités religieuses, qui sont généralement enlevées avant d'être converties et épousées contre leur gré. L'année 2021 avait ainsi vu une hausse de 80% des mariages forcés par rapport à l'année précédente, et de 50% par rapport à 2019, d'après le Lahore Center for Social Justice (CJS). En janvier 2023, des experts de l'ONU avaient exprimé leur inquiétude face à l'augmentation significative de ces mariages forcés, et appelé le Pakistan à "prendre des mesures immédiates pour prévenir ces actes et mener des enquêtes approfondies".
Au Pakistan, 97 % des 207 millions d'habitants sont musulmans et seuls 2% sont chrétiens. Outre les conversions forcées subies par les femmes, cette minorité subit de plein fouet discriminations de toutes sortes, agressions physiques et lois "anti-blasphème".