Brigitte Bardot à Aleteia : “Je porte la foi en moi et j’en suis fière” 

A l'occasion de son 90ème anniversaire, Brigitte Bardot a accordé à Aleteia une interview exclusive. Elle nous parle de son lien passionnel avec Marie, qu'elle appelle affectueusement "sa petite Vierge".

Aleteia : Quelle place occupe la foi dans votre vie ? 
Brigitte Bardot : La foi est en moi. Ni plus ni moins qu’avant. J’ai la foi.

Vous avez reçu une éducation catholique assez stricte. Quel rapport entretenez-vous aujourd’hui avec la religion ? 
La religion fait partie de moi mais je ne suis pas pratiquante. J’ai une passion pour celle que j’appelle "ma petite Vierge". Je n’aime pas l’idée de passer par un intermédiaire pour m’adresser à elle alors je lui parle directement. 

Vous avez fait construire une petite chapelle baptisée Notre-Dame de la Garrigue dans votre domaine de Saint-Tropez. A quoi ressemble-t-elle ? 
C’est un tout petit oratoire. 

Qu’est-ce que vous éprouvez lorsque vous vous trouvez dans votre chapelle ?
Une paix merveilleuse. Elle donne sur la mer et se trouve au milieu d’un fouillis d’arbres sauvages, au bout d’un sentier de chèvres. Pour y accéder, c’est comme un petit chemin de croix. 

Vous y rendez-vous fréquemment ?
Avant, tout le temps. Malheureusement, je souffre depuis quelques temps d’une double arthrose des hanches et je marche avec deux cannes anglaises donc je n’y vais plus aussi souvent. Le chemin qui mène à ma chapelle est très pentu et difficile avec des cailloux, des trous… Je peux m’y faire conduire en voiture mais cela enlève au charme et à la solitude dont j’ai besoin. 

Selon vous, pourquoi le respect et la protection des animaux doivent-ils faire partie de la vie d’un chrétien ?
Le bon Dieu a mis l’animal sur la Terre pour qu’il soit respecté et non mangé, chassé ou expérimenté. L’animal a été créé pour être aux côtés de l’homme, pas pour être son esclave ou sa proie. Quand je monte à ma chapelle, il arrive que mes animaux me suivent. Comme elle est très petite, seuls les chiens peuvent rentrer. Si elle était plus grande, cela ne me choquerait pas d’y faire entrer mon âne par exemple. Je trouve les bénédictions d’animaux très belles. 

Vous citez saint François d'Assise comme l'un de vos modèles spirituels. Pour quelles raisons ?
Il est le phare de la protection animale. J’ai des rapports un petit peu moins amicaux avec saint François qu’avec "ma petite Vierge" (rires). Mais j’ai un grand respect pour lui et il y a sa statue dans ma chapelle. J’aime aussi Padre Pio. Ce sont des êtres que je trouve particulièrement merveilleux, sensibles, généreux, bons. Comme on en voit plus. 

Témoigner de sa foi lorsqu'on est une personnalité publique est-il devenu trop rare à vos yeux ? 
Je porte ma foi en moi et j’en suis fière. Par ailleurs, je suis horrifiée de voir tous ces outrages que l’on fait subir aux églises. C’est un sacrilège !

Quelle est votre vision de la religion catholique ? 
Je trouve que la messe a perdu de son mystère, une certaine chaleur d’âme. Quand j’étais enfant, j’allais à l’église avec mes parents tous les dimanches. J’ai le souvenir d’un mystère qui sortait de cet endroit magnifique. Le prêtre célébrait dos à nous, en latin. C’est dommage que l’on ait modernisé cela. La célébration face aux fidèles me donne l’impression d’une représentation théâtrale. Je me définirais comme traditionnaliste. J’aimerais voir une reprise de la religion catholique avec plus de respect et d’importance. Il y a tellement de gens de bonne volonté et profondément croyants qui ne sont plus pratiquants. Tant d’églises sont fermées… On ne peut même plus rentrer faire une prière. C’est dramatique. Quand je pense que Notre-Dame a brûlé. C’est comme si on vivait une époque satanique, négative et destructrice. 

Que vous inspire ces mots du pape François : "Les chiens et les chats prennent la place des enfants. Cela fait sourire, mais c'est la réalité" ? 
Il n’y a pas de telles comparaisons à faire. Je n’ai aucune forme d’admiration pour ce que dit et fait le pape François. J’ai écrit deux fois au Pape, heureuse de savoir qu’il prenait le nom de François et persuadée qu’il ferait quelque chose pour les animaux. Je n’ai jamais eu de réponse. 

Qu'aimeriez-vous voir exaucé pour les animaux ? 
Tellement de choses ! On leur fait tant de mal. Quelquefois je pleure en priant tant je suis consternée de voir à quel point l’homme peut être violent et cruel. Ce sont plus des paroles de douleur que de vraies prières. 

Quel cadeau aimeriez-vous recevoir pour votre 90^ème anniversaire ? 
J’aimerais que le gouvernement français m’offre une des grandes victoires que je demande à corps et à cris depuis cinquante ans. Ce serait un miracle !