Après 44 ans au service de la cause animale, Brigitte Bardot se confie dans un dernier livre, “Larmes de Combat”, où elle y exprime une réflexion inédite sur son existence et le sens de sa lutte. Dans cet ouvrage “testament”, l’icône des années 1960 livre comme jamais des réflexions sur la nature, l’homme et la religion. Elle y partage notamment sa relation particulière avec la Vierge Marie et son attachement pour saint François d’Assise.Sauvage, instinctive, libre, à 83 ans Brigitte Bardot s’interroge sur la puissance de son action depuis près d’un demi-siècle. Pendant 44 ans elle a milité, avec acharnement, pour une éthique animale. Pour la première fois, cette ancienne icône du cinéma français, d’habitude si discrète, cachée au cœur de La Madrague, a décidé d’ouvrir les portes de sa maison et de son cœur. Dans un livre semblable à un testament, elle y exploite sa part sauvage, féroce, mais aussi douce, expliquant ses choix et ses inspirations. Au fil des pages, se dessine un portait inédit de la star, tout en finesse, qui la montre sous un nouveau jour. “Que gardez-vous de moi ? Une danse lascive au son d’un mambo endiablé ? Une petite Parisienne devenue star par hasard ? Une idéaliste qui a voulu un jour consacrer ce qui lui restait de temps sur terre à la cause animale ?”, déclare-t-elle. Si aujourd’hui elle accepte de parler d’elle, de manière particulièrement intime, c’est dans un désir de balayer toute ambiguïté concernant sa vie.
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La compassion
Les premières pages commencent avec une question qui la hante depuis toujours : “Qui suis-je, qui me demande-t-on d’être et qui je veux être ?”. Si elle semble avoir trouvé la réponse dans son combat pour la cause animale, elle est convaincue que son désir de protéger la nature a émergé grâce au sentiment de compassion qui l’a toujours habité. “Nous faisons partie d’un tout : ce fait ne me quitte jamais. La nature, la Terre, l’espace forment un ensemble homogène et cohérent”. “J’ai été considérée comme l’une des plus grandes stars du monde, et pourtant, je ne suis rien. Cette lucidité m’a toujours habitée […] j’ai appris que la vanité humaine ne servait à rien, lorsque j’ai veillé mon père pendant des jours et des nuits, en 1975. Quand la vie quittait le corps de mon pauvre Pilou qui était si vaillant, si poète, quelques mois plus tôt, j’ai su qu’il était inutile de s’accrocher à autre chose qu’à l’amour pur”.
“La Sainte Vierge me soutient depuis longtemps”
L’amour pur ferait-il référence à l’amour de Dieu ? Brigitte Bardot a reçu une éducation religieuse des plus classiques : catéchisme, communion et études chez les religieuses. Ses parents ont toujours été de fervents croyants pratiquants. Pourtant, elle s’est toujours tenue à distance de la religion et de la hiérarchie de l’Église, jugeant les “ministres de Dieu” trop souvent décevants à son goût. Elle avoue même n’avoir que très peu lu la Bible. Elle s’est donc construit une spiritualité propre. “Je ne me suis jamais sentie à l’aise avec l’idée de la religion. Je préfère une spiritualité libre, un rapport direct avec le Ciel”.
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Reste que la transcendance est présente chez elle dans son rapport personnel avec la Sainte Vierge. Cette foi est si nourrie, qu’elle entretient un lien très proche avec elle. Naturellement, elle lui parle, lui confie ses peines et ses joies, comme elle le ferait avec une amie ou une mère. Parfois elle ne lui prononce aucun mot, se contentant de lui parler avec le cœur. “Je dialogue avec elle comme dans la vraie vie, dans le cadre d’un échange, plus que dans celui d’une requête ou d’un supplice”.
Il y a plusieurs années, elle a même fait construire une petite chapelle à La Madrague, perchée sur la colline, inondée de thym et de pins. Le sentier rempli de cailloux s’apparente, pour elle, à un chemin de croix, surtout depuis qu’elle a des difficultés à se déplacer. “J’aime m’y rendre car je peux y délivrer une parole franche à la Vierge”, confie-t-elle. “La Sainte Vierge me soutient depuis longtemps. C’est une présence intime et bienveillante. Je suis soutenue par cette idée de douceur, de pureté, de luminosité qu’elle inspire, de générosité sans condition aussi et de protection maternelle. Elle a aussi souffert sur terre. La seule douleur qu’elle ait vraiment vécue est la perte et la crucifixion de son fils, c’est énorme, cela me touche. La douleur dans la chair, elle l’a connue, alors elle ne peut qu’être sensible à celle des autres […] Elle me protège, je sais qu’elle me protège. […] Si elle ne m’avait pas accompagnée de sa miséricorde au moment voulu, je serai morte depuis longtemps. J’en suis convaincue”.
“Saint François d’Assise est un modèle spirituel pour moi”
Finalement, si la religion trouve en partie grâce à ses yeux, c’est aussi grâce à ses figures charismatiques. Elle cite notamment saint François d’Assise, qui la touche particulièrement, pour son amour pour la nature et les animaux. C’est lors d’une lecture sur la vie du saint, qu’elle est frappée par le caractère de l’homme et sa décision radicale de tout quitter. Lui qui était issu d’une famille de riches marchands italiens a bénéficié d’une révélation et du jour au lendemain il a tout quitté. “Ce saint est un modèle spirituel pour moi, l’idée du dépouillement, de l’oubli de soi pour le don de l’autre consolide mon propre cheminement”. C’est ainsi, qu’à l’exemple de saint François d’Assisse, elle décide de se séparer des affaires chères à son cœur dans une vente aux enchères au profit de sa fondation. “L’abandon du matériel pour le spirituel : voilà le meilleur chemin vers la sagesse !”. Si François d’Assise reste son guide ultime en tant que patron de la cause animale, elle conclue ainsi, avec la franchise qui la caractérise si bien : “En revanche, je n’irais pas jusqu’à me balader en robe de bure sur le ponton de La Madagrue…!”.