Alors qu'un second miracle vient d'être attribué à l'intercession du "geek de Dieu", bienheureux Carlo Acutis, ouvrant la voie à sa canonisation, le dicastère pour les Causes des saints a annoncé dans son décret du 23 mai 2024 douze autres futurs saints, trois futurs bienheureux et trois vénérables. Mais qui sont-ils ?
1Giuseppe Allamano
Parmi les futurs saints se trouve le père Giuseppe Allamano (1851-1926), fondateur de l’ordre des Missionnaires de la Consolata. Le pape François a en effet signé un décret reconnaissant un second miracle attribué à l’intercession de celui qui avait été béatifié par Jean Paul II en 1990. Élevé dans une famille très pieuse dans le Piémont sur les terres de Don Bosco, ce prêtre est nommé recteur du sanctuaire turinois de la Consolata, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort. En 1901, il fonde un ordre missionnaire masculin rattaché à son sanctuaire, et une branche féminine en 1910. Il est à l’origine de la Journée mondiale missionnaire, instituée par Pie XI en 1926. Son ordre religieux, spécialisé dans les "jeunes Églises", compte environ 2.000 membres aujourd’hui et semble avoir pris une nouvelle dimension sous le pontificat de François, qui est originaire de la même région que son fondateur. La date de sa canonisation et celle de Carlo Acutis, de la religieuse canadienne Marie-Léonie Paradis et de la religieuse italienne Elena Guerra sera déterminée lors d’un prochain consistoire.
2Onze martyrs de Syrie
Lors de sa rencontre avec le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des saints, le pape François a aussi accepté le vote du dicastère pour la Cause des saints en faveur de la canonisation des Onze martyrs de Syrie, béatifiés en 1926 par Pie XI. Ces huit frères franciscains espagnols et autrichien et trois laïcs maronites ont été tués les 9 et 10 juillet 1860 à Damas lors de la révolte des milices druzes contre les populations chrétiennes du Liban et de Syrie. Ils ont été assassinés parce qu’ils avaient refusé de renier leur foi et de se convertir à l’islam comme leur demandaient leurs agresseurs.
L’un des martyrs, le père Emmanuel Ruiz, comprenant que la mort était inévitable et craignant que le tabernacle ne soit profané, se rendit à l’église pour consommer les Saintes Espèces quand il fut interrompu par les assaillants. Il plaça alors sa tête sur l’autel où il fut décapité. Ses compagnons furent passés au fil de l’épée, battus avec une masse ou massacrés à la hache. Les laïcs, trois frères, furent pour leur part précipités du haut d’une tour.
3 Stanislas Kostka Streich
Ce prêtre polonais (1902-1938) est mort en martyr, victime du communisme. Ardent curé de la paroisse Saint-Jean-Bosco à Luboń, il est mal perçu par les partisans du communisme de sa ville, qui tentent d’entraver son travail, le menacent de mort et profanent son église. Il entreprend la construction d'une nouvelle église, et se dévoue tout particulièrement à la pastorale des jeunes avec des groupes de catéchèse et de prière. Il a fait tout son possible pour aider les travailleurs, les chômeurs et les familles nécessiteuses, quelle que soit leur origine sociale et politique. Durant une messe, le 27 février 1938, il est assassiné par un communiste qui l’abat de plusieurs coups de feu. Il aurait tenté de protéger les enfants de chœur avant de mourir. Le père Stanislas va être béatifié après la reconnaissance d'un premier miracle par son intercession.
4 Mária Magdolna Bódi
Mária Magdolna Bódi (1921 – 1945) est la deuxième martyre du communisme qui s'apprête à être béatifiée. Cette laïque hongroise est née d'une union illégitime, dont le père était violent et alcoolique. Elle se tourne vers une paroisse latine de sa ville, s’engageant avec ardeur et projette de devenir religieuse. Mais aucune congrégation ne voulait d’elle en raison de son statut social. Travaillant à l’usine, elle décide de consacrer sa chasteté à Dieu et rejoint un groupe de soutien aux pauvres et aux malades, rassemblant autour d’elle de nombreuses autres femmes et provoquant plusieurs conversions. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle soigne les blessés et aide les mères de famille. Elle est assassinée par un soldat soviétique en 1945 qui tente de la violer. Se débattant, elle lui tire un coup de pistolet et le blesse puis tente de fuir, mais l’homme l’atteint de plusieurs balles. Recevant la première dans le dos, elle ouvre les bras vers le ciel et s'écrie : "Mon Seigneur, mon Roi !" Sur les six balles tirées par le soldat soviétique, l'une d'elles atteint directement le cœur. S'écroulant face contre terre, elle meurt en serrant son chapelet dans la main.
5Giovanni Merlini
Le pape François a aussi signé un décret qui reconnaît un premier miracle attribué au vénérable père Giovanni Merlini (1795-1873). Ce natif d’Ombrie devenu prêtre en 1818 intègre les missionnaires du Précieux-Sang après sa rencontre avec son fondateur, saint Gaspard del Bufalo. Il est à l’origine de la fondation d’une branche féminine de son ordre, les adoratrices du Sang du Christ, par sainte Marie de Mattias – dont il était le directeur spirituel. Ardent apôtre auprès des "missions populaires" en Italie, il est proche de Pie IX, qu’il accompagne dans son exil à Gaète en 1848. Giovanni Merlini devient modérateur général de son ordre et meurt dans un accident de la route en 1873. Il a été reconnu vénérable un siècle plus tard par Paul VI.
6Guglielmo Gattiani
Le Pape a enfin accepté la publication de décrets reconnaissant les vertus héroïques de trois serviteurs de Dieu. Parmi eux, le frère capucin italien Guglielmo Gattiani (1914-1999) de la région de Bologne, qui vécut une existence simple, pauvre, et tournée vers la contemplation et le secours à son prochain. Ce proche de Padre Pio était particulièrement dévot de saint Joseph. Comme Padre Pio, il était particulièrement recherché pour ses conseils, considéré comme un véritable père spirituel par de nombreux fidèles. Il se consacre particulièrement à la confession à la fin de sa vie, donnant ce sacrement des journées entières sans répit. Il meurt de problèmes cardiaques le 15 décembre 1999. On le surnomme le "Padre Pio de Faenza", sanctuaire italien où il a achevé sa vie.
7 Ismael de Tomelloso
Le second vénérable est Ismael de Tomelloso (1917-1938). Ce jeune homme de Castille très pieux est issu d'une famille de onze frères et sœurs. Il devient membre de l’Action catholique à 17 ans, et se dévoue tout particulièrement à la jeunesse et aux personnes âgées. Pendant la Guerre d’Espagne, il est emprisonné puis enrôlé de force dans l’armée républicaine. L’armée républicaine à laquelle il appartient est vaincue en 1938, mais il refuse de révéler son identité pour partager le sort de ses camarades, bien que ceux-ci l’aient malmené à cause de sa foi. Il attrape alors la tuberculose et meurt à Saragosse, après avoir formulé le désir de devenir prêtre. Il avait 21 ans.
8Enrico Medi
Le troisième vénérable est un autre laïc, en l’occurrence l’homme politique et scientifique italien Enrico Medi (1911-1974). Ce fervent catholique étudie la physique et a pour professeur le Prix Nobel Enrico Fermi. Il se marie ensuite avec Enrica Zanini, avec laquelle il aura six filles.
S’investissant dans l’action du pape Pie XII en faveur des pauvres dans l’après-guerre, il rejoint le Parti chrétien démocrate pour lequel il est élu en 1946 au sein de l’Assemblée constituante puis en 1948 comme député. Puis il reprend sa carrière scientifique, enseignant à l’université de Rome puis devenant vice-président d’Euratom, l’organisation européenne pour le nucléaire. Sur tous les fronts, il participe à une émission de vulgarisation scientifique pendant de nombreuses années, participe au gouvernement de la Cité du Vatican à la demande de Paul VI puis redevient député, s’engageant avec force contre la loi autorisant le divorce. Jean Paul II le donnera souvent comme modèle d’homme politique et de scientifique chrétien.