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La confession qui a bouleversé le pape François

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Cyprien Viet - publié le 07/03/24
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Saviez-vous que c’est une confession vécue en septembre 1953, à l’approche de son 17e anniversaire, qui est à l’origine de la vocation de Jorge Mario Bergoglio, l’actuel pape François ?

Le pape François doit présider ce vendredi 8 mars une célébration pénitentielle en la paroisse saint Pie V, à l’ouest de Rome, durant laquelle il recevra plusieurs fidèles en confession. Le pape argentin avait créé la surprise au début de son pontificat en allant lui-même se confesser à l’occasion de cette célébration organisée chaque année durant le Carême. Probablement parce que c’est précisément ce sacrement qui est à l’origine de sa vocation. "Le jour de la fête de saint Matthieu, en 1953, le jeune Jorge Bergoglio a fait l'expérience, à l'âge de 17 ans, d'une manière très particulière, de la présence aimante de Dieu dans sa vie. À la suite d'une confession, il a senti son cœur touché et la descente de la miséricorde de Dieu qui, avec un regard de tendre amour, l'a appelé à la vie religieuse, à l'instar de saint Ignace de Loyola", indique le site du Vatican.

Je ne sais pas ce qui s’est passé, ni combien de temps a duré cette confession. Mais je me suis relevé, je suis rentré chez moi et je me suis progressivement rendu compte que Dieu m’appelait

Et de fait, le pape François s’est souvent confié sur ce tournant dans sa vie, survenu le 21 septembre 1953, jour de la fête de l’évangéliste qui était aussi la ‘Journée de l'étudiant’ en Argentine. "Je m’apprêtais à partir en pique-nique avec mes camarades. Je suis passé devant l’église de San José de Flores et j’y suis entré (...) et, là, j’ai senti comme une impulsion à me confesser. Je ne sais pas ce qui s’est passé, ni combien de temps a duré cette confession. Mais je me suis relevé, je suis rentré chez moi et je me suis progressivement rendu compte que Dieu m’appelait", a-t-il raconté dans le livre Des pauvres au Pape, du Pape au monde, publié par les éditions du Seuil en avril 2022.

Les larmes de Bergoglio

Le jeune Jorge Mario Bergoglio ne connaissait pas ce prêtre, qui, détail étonnant, était un ancien acteur de théâtre. Venu de la province de Corrientes, il séjournait dans la capitale argentine pour soigner une leucémie. Son service de confesseur à l’église San José, située sur l’immense avenue Rivadavia qui s’étale sur 35 kilomètres et qui traverse toute l’agglomération de Buenos Aires, était donc purement occasionnel et fortuit.

"Dix mois après notre rencontre, il est mort. C’est lui qui m’avait guidé, c’est lui qui m’avait aidé. J’avais en effet continué à le voir", se souvient le pape François. "Après son enterrement, je suis rentré chez moi et j’ai pleuré, pleuré. Je me sentais dans un état d’angoisse, dans un sentiment d’abandon. Je me rappellerai toujours de ces larmes. Ensuite, les choses sont allées lentement. Mais la certitude est née ce jour du 21 septembre 1953. La certitude d’un cadeau", confie le pape François dans ce livre, avec une sincérité désarmante.

Le jeune Jorge Mario Bergoglio poursuivra néanmoins ses études de chimie jusqu’à son entrée au séminaire diocésain en 1956, avant de traverser de graves ennuis de santé après lesquels il rejoindra les jésuites. Du fait de la très longue période de formation en vigueur au sein de la Compagnie de Jésus, Jorge Mario Bergoglio ne sera ordonné prêtre qu’en 1969, près de 16 ans après cet appel, non sans avoir traversé quelques périodes de doutes. Il reconnaîtra avoir douté de sa vocation après avoir été ému par "la beauté et l’éclat intellectuel" d’une jeune fille rencontrée lors d’un mariage, alors qu'il était séminariste. Mais il restera finalement arrimé au souvenir de cette confession qui marqua la sortie de son adolescence. 

Un moment à la fois ordinaire et extraordinaire

Depuis le début de son pontificat, il aime évoquer ce moment à la fois ordinaire et extraordinaire pour inviter tous les prêtres et les consacrés à se souvenir eux aussi du moment du "premier appel" qui donna sens et consistance à leur vocation. La vie sacerdotale ou religieuse ne peut pas répondre à un "plan de carrière" ou à une ambition planifiée par d’autres, ne cesse-t-il de marteler, mais elle répond d’abord à une rencontre personnelle avec le Seigneur.

Ce souvenir est aussi à l’origine de sa devise épiscopale, Miserando atque eligendo, qui se rapporte à l’épisode évangélique de la vocation de saint Matthieu, présenté dans le célèbre tableau du Caravage que le futur pape François aimait contempler à l’église Saint-Louis des Français quand il séjournait à Rome en tant que cardinal. La citation complète se retrouve dans une homélie en latin de saint Bède le Vénérable, Docteur de l’Église décédé en 735 : Vidit ergo Iesus publicanum et quia miserando atque eligendo vidi, ait illi Sequere me - "Jésus vit un publicain et comme il le regarda avec un sentiment d’amour et le choisit, il lui dit, ‘Suis-moi’".  

Les trois mots miserando atque eligendo sont riches d’interprétations, et ils peuvent aussi être traduits par "il le choisit en le 'miséricordant'", c’est-à-dire "en l’enveloppant de sa miséricorde". Une image qui rejoint celle du prêtre comme médiateur de la miséricorde de Dieu et comme simple "pécheur pardonné". Cette manifestation de l’amour de Dieu peut arriver à n’importe quel moment de la vie, même le plus inattendu. La vocation et le magistère du pape François découlent ainsi de la simple confession d’un adolescent argentin en promenade avec ses amis, il  y a plus de 70 ans. Une expérience de la miséricorde de Dieu qu’il ne cesse, depuis, de vouloir partager.

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