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Face au grand froid, la mobilisation sans faille des catholiques

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Une maraude de l'Ordre de Malte France à Colmar, le 9 janvier 2024.

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Cécile Séveirac - publié le 10/01/24
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Le froid s'est abattu sur la France dès dimanche 7 janvier, avec des températures allant parfois jusqu'à moins dix degrés selon les régions. Une situation d'urgence face à laquelle les catholiques se mobilisent largement afin d'assurer à un maximum de personnes démunies assistance et prise en charge.

Face à l'épisode de grand froid qui s'est installé sur une bonne partie de la France, notamment dans la moitié nord, depuis le 7 janvier, le gouvernement a annoncé le déblocage lundi d'une enveloppe supplémentaire de 120 millions d'euros pour l'hébergement d'urgence. Deux personnes sans-abri, un homme âgé d'une soixantaine d'années à Boulogne-Billancourt et une femme du même âge dans le Vaucluse, ont déjà trouvé la mort. L'un a été retrouvé sans vie dans une cave où il avait cherché abri, quant l'autre est décédée sous sa couverture de survie, en pleine rue. Les organisations et associations catholiques, déjà actives toute l'année, redoublent d'efforts pour apporter le minimum vital aux sans-domicile fixe.

"L'hypothermie est un vrai sujet, il y a un véritable risque de mourir de froid pour les personnes sans-abri", confirme à Aleteia Tanguy de Percevaux, délégué du XVe arrondissement de Paris pour l'Ordre de Malte France, qui invite chacun à aller au devant des plus isolés. L'Ordre de Malte France, qui organise déjà des maraudes à Paris tous les soirs, a ainsi décidé de doubler ses tournées : au lieu d'un seul véhicule, ce sont deux équipes qui partiront à la rencontre des sans-abri dans les rues de la capitale, jusqu'à dimanche 14 janvier minimum.

S'adapter à la baisse des températures

"Les bénévoles sont très réactifs et répondent présents dès qu'on les sollicite. On a donc pu lever cette opération rapidement. Cela montre que les mots “engagement” et “charité” ne sont pas vains", déclare Tanguy de Percevaux. Et le délégué de reprendre : "Les gens ne doivent pas hésiter à s'inquiéter et à demander si la personne va bien, à proposer quelque chose de chaud par exemple. Si elle se sent mal, il faut appeler directement le 115", conseille-t-il.

"Il est important de s'adapter à ces circonstances difficiles", estime quant à lui Serge Castillon, président de la Société Saint Vincent de Paul (SSVP). Partout en France, la SSVP augmente donc aussi bien la fréquence des maraudes qu'elle élargit l'accueil dans ses centres. "Nos partenariats avec des associations et des centres municipaux permettent de récupérer des duvets, des couvertures... Nous essayons également de trouver plus d'hébergements." Face aux températures qui contrastent avec la douceur de la première partie de l'hiver, plusieurs préfectures ont pris la décision de déclencher le plan "Grand froid", à l'image de l'Île de France, du Loir-et-Cher ou encore du Haut-Rhin. Il permet d'ouvrir en urgence des centres d'accueil au niveau local. Dans le Haut-Rhin justement, l'épicerie itinérante de l'Ordre de Malte a elle aussi doublé son dispositif, le grand Est étant particulièrement touché par le froid.

L'Église ne peut pas remplacer l'État, mais elle prend sa juste part.

À Paris, le diocèse se tient prêt à répondre à la sollicitation du préfet pour compléter son action d'hébergement. "Si l'État nous le demande, nous pouvons inviter les curés et prêtres de Paris à ouvrir les salles paroissiales aux personnes dans le besoin. Les diocèses et paroisses se tiennent prêts", déclare ainsi à Aleteia Thibault Leblond, délégué épiscopal pour la solidarité. Avec l'opération Hiver Solidaire, lancée en 2007, des équipes de bénévoles tournent déjà tous les soirs dans les paroisses participantes pour accueillir entre trois et huit personnes sans domicile, du 1er décembre au 31 mars. Cette année, environ 200 personnes sont prises en charge grâce à cette initiative. En parallèle, le diocèse de Paris propose un dispositif hospitalité pour les familles. "C'est une démarche de mise à l'abri pour les familles avec des enfants souvent en bas âge, que des paroisses accueillent pour une nuit", précise Thibault Leblond. "L'Église ne peut pas remplacer l'État, mais elle prend sa juste part."

Pour Thierry des Lauriers, président de l'association Aux captifs la Libération, le grand froid ne doit pas faire oublier une réalité que vivent les sans-abri quelle que soit la saison : celle de la solitude et de l'exclusion. "La dureté de la rue existe autant l'hiver que l'été. Elle est là en permanence, quelle que soit la période de l'année. Ce qu'il faut, c'est rester endurants et s'engager toute l'année." Pour mémoire, en 2022, au moins 624 personnes sans-abri sont mortes dans la rue, principalement d'une mort violente ou des suites d'une maladie. Dans son rapport annuel publié en février 2023, la fondation Abbé Pierre estimait à 330.000 le nombre de sans domicile fixe dans tout le pays, soit 30.000 de plus que l'année précédente. Ce chiffre a également doublé en dix ans.

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