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Diplomatie : que pèsent les règles morales quand elles ne sont pas suivies par tous ?

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Man shouts in front of bombed Gaza building

MOHAMMED ABED | AFP

À l’offensive sanglante du Hamas le 7 octobre, Israël a répondu avec des raids aériens meurtriers sur la bande de Gaza. Octbre 2023

Jean-Baptiste Noé - publié le 16/11/23

Soucieuse d’infuser les principes évangéliques dans la vie des nations, l’Église a, depuis l’Antiquité, produit un corpus de réflexions sur la guerre et sa conduite, que rappelle le géopoliticien Jean-Baptiste Noé. Mais comment imposer des règles morales en cas de conflit si elles ne sont pas suivies par l’ensemble des belligérants ?

Le pape François a régulièrement fait part de son opposition à l’usage de l’arme nucléaire, appelant à plusieurs reprises, notamment lors de son voyage au Japon, à un démantèlement de l’arsenal mondial. Si beaucoup de stratèges et de militaires soutiennent ces propos sur le principe, ils soulignent aussi les limites de son application unilatérale : impossible de désarmer quand l’adversaire, lui, ne le fait pas, au risque sinon de se trouver affaibli et vulnérable. Si l’Ukraine n’avait pas renoncé à ses armes atomiques en 1991, il est peu probable que la Russie ait lancé son attaque en 2022. Et si la Russie n’était pas la puissance nucléaire que l’on connaît, il y a fort à parier que l’OTAN n’aurait pas hésité à mener une réponse directe. Si l’arme nucléaire est inutile à Israël dans sa guerre à Gaza, elle lui permet en revanche de tenir l’Iran en respect. 

La guerre et la morale

C’est tout le problème de la morale, qui opère une véritable guerre asymétrique. L’asymétrie de la guerre ne réside pas dans le différentiel d’armement, qui peut être rétabli ou contourné par d’autres moyens, mais dans le différentiel de respect des normes morales. Celui qui respecte des règles morales qui peuvent entraver son efficacité militaire doit s’assurer que son adversaire en fasse autant, au risque d’être menacé de défaite. L’Église a notamment abordé ce problème lors du concile de Latran II (1139), quand elle a condamné l’usage de l’arbalète (canon 29) :

Interdiction de l’arbalète, mais uniquement « contre des chrétiens et des catholiques ». Cette précision a son importance. L’Europe féodale, alors en pleine croisade en Terre sainte, ne peut pas prendre le risque d’être démunie face à ses adversaires sarrasins. L’interdiction n’est valable que si tout le monde la respecte, sinon les soldats chrétiens sont défavorisés durant les combats en s’interdisant l’usage d’armes modernes. Face à des peuples qui n’ont pas les mêmes scrupules moraux, l’Église autorise l’usage d’armes pourtant prohibées au sein de la chrétienté afin de ne pas défavoriser les soldats chrétiens. Dans le respect des normes morales et des règles juridiques, la réciprocité et l’égalité de traitement sont des choses essentielles. 

Face à l’immoral

Que faire alors face à des pratiques immorales en usage chez l’adversaire ? La torture, l’enrôlement des enfants, l’élimination des prisonniers, l’installation de rampes de lancement de roquettes au sein des hôpitaux, l’utilisation d’ambulance pour transporter des armes et des combattants, autant d’éléments qui contreviennent aux lois morales et aux lois de la guerre. Faut-il pour autant se résoudre à faire usage de la torture, à bombarder des hôpitaux, à tirer sur des femmes et des enfants devenus soldats ? Autant de sujets que les armées occidentales en général et l’armée française en particulier ont eu à affronter.

Si les ennemis ne veulent pas se soumettre au droit et à la morale, c’est que ces derniers ne peuvent s’imposer que par la force.

Peut-on bombarder une ville pour en chasser les djihadistes, au risque de tuer des civils innocents et de raser un patrimoine historique parfois inestimable (Mossoul, Alep…) ? Et si cela n’est pas fait, faut-il renoncer à vaincre et laisser l’adversaire prospérer ? Les réponses ne sont ni simples ni évidentes, surtout en temps de guerre où l’urgence est de vaincre l’adversaire afin de rétablir la paix. Pie XII a ainsi participé activement à plusieurs tentatives d’assassinats d’Hitler en évoquant le principe du tyrannicide.  

Imposer le droit

Si les ennemis ne veulent pas se soumettre au droit et à la morale, c’est que ces derniers ne peuvent s’imposer que par la force. L’ONU a beau voter de nombreuses résolutions, bien peu sont suivis d’effets. Le Pape peut condamner les guerres et appeler au cessez-le-feu, cela aboutit rarement à mettre un terme aux combats. Face aux armes, la parole et la bonne volonté ne pèsent guère. C’est lorsqu’un État ou une coalition sont capables d’imposer leur force par les armes, qu’ils peuvent ensuite imposer le droit. Cela impose un équilibre des forces qui permet le respect du droit et des principes humains. 

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